Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Ursulines de l'Union canadienne
Classé sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Forme d'apprentissage (9233).
Le Vieux récit
© Archives du Monastère des Ursulines de Québec (007_Annales_1639-1822_p6). soumis à co
Depuis leur établissement à Québec en 1639, les Ursulines ont toujours tenu un journal qui recense les événements qui concernent la communauté: c’est ce qu’on appelle les « annales ». L’annaliste est une sœur désignée pour la tenue et la mise à jour de ces registres. Depuis 1642, les Ursulines ont constitué une mémoire écrite et l’ont transmise, générant une tradition de pérennité et véhiculant l’idée qu’il ne fallait pas rompre cette tradition. Chaque sœur devient un maillon d’une longue chaîne et il est de leur devoir d’en assurer la continuité. Il faut respecter et maintenir l’héritage des sœurs devancières et assurer la transmission aux jeunes novices.
Cependant, en 1686, le second incendie du Monastère fit disparaître le premier registre des annales. En 1689, on décide donc de réunir les religieuses qui ont connu la fondation du Monastère et qui en ont des souvenirs. On constitue ainsi, grâce à ces témoignages oraux, le « Vieux récit ». Le but de l'exercice était de combler le maillon manquant des débuts du Monastère et de retracer les faits de la façon la plus exacte possible.
Aujourd’hui, le Vieux récit constitue toujours une source importante d’informations concernant les débuts du Monastère, bien que tous les détails ne soient pas parfaitement exacts. On peut par ailleurs consulter les travaux de l’abbé Thomas Maguire, aumônier de la communauté, qui, des années 1830 aux années 1850, a colligé de nombreuses informations concernant le Monastère.
L’abbé Maguire possédait un intérêt particulier pour l’histoire du Monastère. À chaque fois qu’on effectuait des travaux, il tentait de retrouver l’information concernant les bâtiments et essayait d’en comprendre leur histoire. Il a rédigé un livret dans lequel il retrace l’histoire de chacun des bâtiments. Motivé aussi par un certain besoin d’affirmation identitaire face aux Britanniques, il a permis aux Ursulines d’obtenir une reconnaissance quant à la valeur historique de leur Monastère. L’esprit de conservation actuel des Ursulines est directement, et souvent inconsciemment, relié aux travaux de l’abbé Maguire. Celui-ci a donc eu une influence primordiale sur le développement architectural du Monastère et sur l’attitude des Ursulines concernant leur patrimoine. Leur façon de gérer les constructions, les rénovations, les voûtes et les archives, montre un remarquable effort pour entretenir et conserver les héritages du passé.
La salle communautaire
© Archives du Monastère des Ursulines de Québec (1_P_3_16_109), soumis à copyright
Dès les premières pages du Vieux récit, l’idée de transmission du patrimoine est présente. Les Ursulines veulent s’inscrire dans le temps, transmettre leur charisme, leur mémoire, tout ce qui les caractérise, de la façon la plus exacte possible. Les Ursulines sont fortement imprégnées de l'esprit de conservation de l’héritage de leurs devancières, qu’elles appellent les « anciennes mères ». La communauté est une grande famille, formée de sœurs et de mères (les supérieures) qui forme un esprit de corps.
Outre les nombreux écrits qui témoignent de l’esprit de conservation des Ursulines, plusieurs lieux précis au Monastère, assurent la transmission du patrimoine. Il y a d’abord le musée fondé en 1936, qui permet avant tout de conserver leur histoire, protéger l’héritage des anciennes mères et assurer une certaine permanence. Les Ursulines prennent d’ailleurs très à cœur le maintien de leur musée.
Elles sont tout aussi dévouées au maintien de leur école, et s’engagent très activement au niveau des décisions qui sont prises à ce sujet. L’École des Ursulines de Québec constitue, après tout, leur premier lieu de transmission. Par ailleurs, l’Oratoire de Marie de l’Incarnation est un lieu de transmission central, puisqu’il s’agit de l’endroit où est enterrée la fondatrice. On le considère comme le cœur du Monastère, un lieu historique dont les Ursulines sont très fières. On y transmet l’histoire et les valeurs de la fondatrice, ainsi que les origines du Monastère.
La chapelle, quant à elle, est un moyen de montrer l’importance du Monastère, tant au niveau spirituel que social. On peut y admirer la richesse du décor, la somptuosité des lieux et comprendre la spiritualité de la communauté. Il s’agit aussi du lieu qui montre le mieux l’intégration des Ursulines à la population locale. En tant que lieu de transmission, c’est l’endroit où avait lieu la profession des jeunes filles.
La salle du patrimoine
© IPIR 2012, soumis à copyright
Plusieurs pratiques coutumières favorisent le partage de cette mémoire communautaire. Autrefois, les jeunes novices étaient invitées à effectuer différentes lectures, à participer à des formations et à respecter un certain nombre de règles. En côtoyant les religieuses, elles apprenaient la grande et la petite histoire de la communauté. Cette transmission de l’histoire et de la mémoire favorisait le sentiment d’appartenance à leur nouvelle famille (la communauté) et les préparait à assumer leur rôle dans la grande chaîne de la communauté, chacune étant depuis les anciennes mères, un maillon de la chaine de transmission.
Puisque la relève dans la communauté des Ursulines n’est pas suffisante pour en assurer la continuité, la transmission du patrimoine se fait aujourd’hui autrement: ce que l’on léguait jadis aux novices, on tente maintenant de le léguer à la société. Les religieuses sont conscientes que pour conserver ce patrimoine, il faut protéger l’héritage matériel mais également spirituel des anciennes mères. Le musée, ainsi que la reconnaissance de la valeur patrimoniale du Monastère, font, entre autres, partie de cette stratégie de permanence.
Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu:
Monastère des Ursulines de Québec, 18, rue Donnacona, Québec, G1R 4M5
Site Web: http://www.museedesursulines.com
Ressources:
Soeur Jacqueline Fortier
Titre, rôle et fonction : Conservatrice du monastère
Lien avec la pratique : Soeur Jacqueline Fortier a prononcé ses voeux il y a 75 ans. Elle a occupé, chez les Ursulines de Québec et de Loretteville, des fonctions d'enseignante, de directrice d'école (en tant que supérieure provinciale) et d'administratice (en tant qu'économe).
Enquêteurs : Louise St-Pierre, Élisa Lachance
Date d'entrevue : 12 octobre 2011, 19 octobre 2011
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: