Récit de lieu
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Ursulines de l'Union canadienne
Classé sous Organisation religieuse (9200), Espace religieux (9270), Édifice religieux (9272).
Le Monastère des Ursulines au milieu du 19e siècle
© Archives du Monastère des Ursulines de Québec, [1850 à 1873] PDQ,0,MQ,1/P,003,0
Installé à Québec depuis 1639, le premier Monastère des Ursulines était relativement sobre, bien qu’il s’agissait du plus grand de la colonie. Le premier bâtisseur est inconnu. À l’époque, à l'étage il y avait un dortoir, une chapelle assez modeste et des parloirs où les religieuses éduquaient et recevaient les Amérindiens lorsqu’ils étaient de passage à Québec. Les granges ont été les premiers bâtiments à apparaître autour du Monastère.
Un premier incendie s’est déclaré en 1650 et a ravagé la totalité du Monastère, ne laissant debout que les murs et les granges. Pendant la nuit, un feu de cuisine s'est propagé à tout le Monastère. Marie de l’Incarnation a relaté les événements de façon émouvante dans l’une de ses lettres. La communauté décida de rebâtir le Monastère à partir des fondations de l’ancien, en l’agrandissant un peu pour mieux répondre aux nouveaux besoins. Sur la rue du Parloir, fut ajouté progressivement le chœur des religieuses, une église publique. En 1686, débute la construction de l’Aile Sainte-Famille.
C’est durant cette année qu’a eu lieu le second incendie qui détruisit l’église, le chœur des religieuses, l’Aile Saint-Augustin et quelques autres bâtiments. Les granges, la maison de madame de la Peltrie et le premier étage de l’Aile Sainte-Famille (qui était en construction) furent épargnés. Plusieurs plans de reconstruction seront suggérés. On fera intervenir les Jésuites, ainsi que le père Louis de Soumande, un expert en construction du Séminaire de Québec. Le projet, cinq à six fois plus ambitieux que l’ancien, visait la reconstruction complète du Monastère. Cette volonté de développer un projet d’envergure était caractéristique des années 1680-1690. Cependant, avec le décès de Mère Marie Lemaire des Anges, l’une des principales instigatrices de la construction de l’aile des Parloirs, la construction de plusieurs bâtiments est abandonnée. En 1717, le Monastère comprenait l’Aile Sainte-Famille, l’Aile Saint-Augustin, le chœur des religieuses, l’église de madame de la Peltrie (plus tard transformée en salles de classes, maintenant connue sous le nom de l’Aile Sainte-Ursule), le parloir et les classes des externes.
Le chantier s'est échelonné sur une dizaine d’années afin de compléter la cour, les parloirs, l’église, le chœur et l’agrandissement de l’Aile Sainte-Famille. Il était question de relier ces deux derniers, mais le projet n’a jamais été finalisé. Jusqu’à l’époque de l’abbé Thomas Maguire (1832-1854), les pierres d’attentes entre le chœur et l’Aile Sainte-Famille étaient toujours visibles.
Des années 1730 jusqu’en 1834, il y a peu de travaux de construction au Monastère. À l’arrivée de l’abbé Maguire, un nouveau projet éducatif voit le jour et la communauté loue des maisons, afin de financer les futurs agrandissements et pour rétablir les finances, qui étaient à leur niveau le plus bas. C’est l’Aile Saint-Augustin qui a été la plus modifiée durant cette époque. On y ajoute un étage en 1832. En 1833, une écurie est transformée en «boutique aux bonbons», où les religieuses vendaient des friandises confectionnées au Monastère. Cette entreprise sera délaissée trois ans plus tard, à cause de son trop grand succès auprès des enfants. Le premier bâtiment construit grâce au nouveau financement sera l’Aile Sainte-Angèle. L’Aile Notre-Dame-de-Grâce et l’Aile Saint-Joseph, bâtiments scolaires qui permettront de relancer l’école seront bientôt ajoutés à l'ensemble conventuel.
Vers 1860, quelques années après le décès de l’abbé Thomas Maguire, une nouvelle aile, appelée Saint-Thomas en son honneur, sera construite. Environ dix ans plus tard, l’Aile Marie-de-l’Incarnation vient compléter le Monastère. Jusqu’en 1900, plusieurs bâtiments furents rénovés puisqu’il était déjà anciens.
À partir des années 1900, le Monastère n’a pas subi de modifications majeures. Des bâtiments ont été agrandis ou reconstruits à neuf par exemple le chœur des religieuses et la chapelle, le chœur des religieuses représentant maintenant environ trois fois le volume de ce qu’il était auparavant.
La salle intercommunautaire
© IPIR 2012, soumis à copyright
Marie de l’Incarnation, avant même son arrivée en Nouvelle-France, avait l’intention de construire une chapelle et de fonder un monastère dans le Nouveau monde. À leur arrivée à Québec, les Ursulines n’avaient pas de monastère. Le Monastère fut construit selon leurs désirs et leurs besoins.
Les Ursulines de Québec ont aujourd’hui comme hier la mission d'éduquer les jeunes filles (primaire et secondaire), grâce à l’École des Ursulines de Québec. L’École annonçait, en août 2010, l’ouverture d’un secteur d’enseignement pour les garçons.
En 2012, une cinquantaine de religieuses vivent toujours au cloître. Celui-ci est réservé aux sœurs et aux quelques employés qui y travaillent; les personnes de l'extérieur ne peuvent y circuler librement et on fera même des détours afin d’éviter de faire traverser le cloître par des laïques.
Les différentes ailes du Monastère possèdent chacune un certain degré de perméabilité face à l'espace public: certaines sont réservées aux soeurs, d'autres sont accessibles aux visiteurs. Pour ce qui est des ailes publiques, on retrouve l'Aile des Parloirs, lieu d'accueil des visiteurs et l'Aile Sainte-Ursule, réservée à l'École. L'Aile Saint-Augustin peut être considérée comme semi-publique; il s'agit d'une aile réservée à l'administration de l'École et du Monastère. Enfin, on retrouve des ailes privées, réservées aux soeurs: l'Aile Sainte-Anne, qui abrite la cuisine, l'Aile Sainte-Famille, une aile d'habitation qui est également un lieu communautaire ainsi que les ailes Saint-Thomas et Marie-de-l'Incarnation qui constituent des extensions de l'Aile Sainte-Famille.
Le Monastère des Ursulines de Québec est reconnu pour sa magnifique chapelle construite en 1723, dont le décor intérieur a subi peu de transformations depuis sa reconstruction en 1901-1902. On reconnaît aussi le travail de conservation qu’ont effectué les Ursulines depuis la toute première construction du Monastère. En effet, l’esprit de conservation est une des caractéristiques les plus marquantes des Ursulines. Le Monastère en est le témoignage.
L'escalier Saint-Joseph
© IPIR 2012, soumis à copyright
Le récit de l'édification du Monastère se transmet dans la communauté depuis ses débuts. En vivant dans ce lieu chargé d'histoire et en côtoyant les anciennes mères, chaque religieuse considère que c'est un devoir de transmettre la grande et la petite histoire de ce lieu patrimonial.
Aujourd'hui, grâce au musée, les religieuses ont pris des mesures pour que ce récit ne soit pas oublié et que leur mémoire perdure dans le temps.
Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu:
Monastère des Ursulines de Québec, 18, rue Donnacona, Québec, G1R 4M5
Site Web: http://www.museedesursulines.com
Soeur Jacqueline Fortier et Matthieu Lachance, M. Arch.
Titre, rôle et fonction : Conservatrice du Monastère et responsable des relevés architecturaux et historiques
Lien avec la pratique : Soeur Jacqueline Fortier a prononcé ses voeux il y a 75 ans. Elle a occupé, chez les Ursulines de Québec et de Loretteville, des fonctions d'enseignante, de directrice d'école (en tant que supérieure provinciale) et d'administratrice (en tant qu'économe). Matthieu Lachance fait des recherches depuis 8 ans sur les monastères des Augustines et des Ursulines.
Enquêteurs : Louise St-Pierre, Élisa Lachance
Date d'entrevue : 8 décembre 2011
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: