Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle

Le culte de l'eucharistie dans la Congrégation du Très-Saint-Sacrement

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Congrégation du Très-Saint-Sacrement

Classé sous Pratique religieuse (9300), Cérémonie (9310), Sacrifice / Offrande (9312).

Historique général


Religieux en adoration
© Archives des Pères du Très-Saint-Sacrement, soumis à copyright

La piété chrétienne a toujours vu dans le sacrement de l’eucharistie le sommet de sa propre vie religieuse. Elle a créé autour de l’eucharistie de nombreux exercices. Quelques-uns sont devenus de véritables célébrations liturgiques, comme les processions, la bénédiction du Saint-Sacrement, les Quarante-Heures, les adorations solennelles. D’autres sont restés dans le domaine de la piété personnelle (heures d’adoration, visite au Saint-Sacrement, etc.). Chacune de ces piétés eucharistiques a son histoire et est le résultat d’un long développement historique. Il n’est pas possible d’établir exactement à quel moment la vénération explicite du pain eucharistique conservé a commencé à se manifester dans la dévotion de l’Église.
Plusieurs facteurs (culturel, théologique, dévotionnel) ont contribué au développement de la dévotion au Saint-Sacrement. Le fait central qui donnera une impulsion au développement des différentes dévotions est l’institution de la Fête-Dieu par le pape Urbain IV en 1264 et confirmé par le pape Clément V en 1311-1312. On voulait commémorer et fêter l’institution de l’eucharistie et remercier Dieu de ce don. Petit à petit l’attention des fidèles se concentrera sur la présence du Christ dans le pain eucharistique.
Dans le contexte de la Fête-Dieu, une place centrale revint à l’institution de la procession du Saint-Sacrement le jour de la fête. On vivait de plus en plus la présence eucharistique comme la présence de la personne du Christ qui passait en bénissant. Les processions s’étendirent finalement au-delà du temps de la Fête-Dieu. Au XVIe siècle, suite à la réforme protestante, la controverse mettra l’accent principal sur la présence réelle et la conséquence fut de légitimer l’adoration et le culte du Christ, présent sous l’apparence du pain. L’exposition du Saint-Sacrement deviendra de plus en plus fréquente. Elle deviendra une profession de foi en la présence réelle. Les formes de ce culte deviendront grandioses et théâtrales. La forme des ostensoirs, auparavant des reliquaires, changea pour devenir en forme de soleil dont l’hostie est le centre radieux. L’autel devient un trône royal avec tout l’éclat qui lui est propre. La dévotion eucharistique connut son apogée au XIXe siècle en France particulièrement, suite à la Révolution.
Plusieurs instituts religieux, dont la Congrégation du Très-Saint-Sacrement, furent fondés, ayant l’adoration eucharistique parmi ses principaux exercices. La fin du XIXe siècle verra naître les congrès eucharistiques qui furent organisés comme un hommage suprême au Christ eucharistique.

Description


L'ostensoir exposé sur le reposoir
© Archives des Pères du Très-Saint-Sacrement, soumis à copyright

L’adoration du Saint-Sacrement est une dévotion inspirée du rite très ancien de l’élévation de l’hostie qui suit immédiatement la consécration du pain et du vin durant la messe. On montrait les saintes espèces aux fidèles comme pour les inviter à un acte de foi et d’adoration dans la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin. L’adoration du Saint-Sacrement est comme le prolongement de cette élévation. Dans un sens général, l’adoration du Saint-Sacrement signifie rester en prière devant la réserve eucharistique, exposé solennellement ou non, avec une orientation explicite vers ce pain sous lequel la personne du Christ est réellement présente.
Le Père Eymard, fondateur de la Congrégation du Très-Saint-Sacrement, donne à l’adoration eucharistique la première place. L’adoration est ici définie comme l’acte du culte par lequel l’Église rend à Dieu l’hommage qui lui est dû par le Christ dans l’Esprit Saint. L’adoration eucharistique est ainsi un hommage d’amour envers le Père à partir du don que le Christ fait de lui-même en instituant l’eucharistie. Le Père Eymard a fondé une congrégation pour marquer l’importance du culte à rendre à l’eucharistie, pour célébrer et prêcher l’eucharistie. Il définit ainsi les objectifs de sa Congrégation: 1. Rendre avant tout et par tous ses enfants un culte solennel et perpétuel d’adoration à notre Seigneur Jésus-Christ demeurant perpétuellement au très saint sacrement de l’autel pour l’amour des hommes; 2. Se dévouer à l’amour et à la gloire de ce très auguste Sacrement par l’apostolat de chacun de ses membres qui, sous les auspices et la conduite de l’Immaculée Vierge Marie, doivent s’y appliquer dans la mesure de leur grâce et de leur force.
Dans les paroisses confiées à la Congrégation du Très-Saint-Sacrement, on pratiquait l’adoration perpétuelle. Toutes les heures du jour et de la nuit sont organisées de sorte qu’il y ait toujours au moins une personne devant le Seigneur au Saint-Sacrement. A Québec, dans l’église du Saint Sacrement, il y avait toujours au moins un religieux devant le Saint-Sacrement. À chaque heure, les religieux se relayaient devant le Saint-Sacrement exposé dans un ostensoir. L’animation des Congrès Eucharistiques a constitué un service apostolique très important pour les religieux du Très-Saint-Sacrement, pendant près d’une vingtaine d’années, à partir du Congrès de Québec en 1938 jusqu’au congrès de Cabano qui fut interrompu en raison de l’incendie qui détruisit un large secteur de la ville empêchant par la même occasion la tenue du congrès de Rimouski qui devait suivre. Les Congrès Eucharistiques étaient répartis selon un schéma bien ordonné : première année, congrès dans les paroisses; seconde année, congrès diocésain; troisième année, congrès national et quatrième année, congrès international. Cette structure de travail apostolique fut adoptée avec enthousiasme par les religieux. Ils se consacrèrent tout d’abord aux congrès paroissiaux : exposition du Saint-Sacrement pendant trois jours, Heures-Saintes animées et prêchées, ministère de la réconciliation, comités de toute nature (malades, enfants, mouvements paroissiaux, confréries, Action Catholique), chacun ayant sa mission propre, de la prière pour le beau temps jusqu’à la conversion des pécheurs. Les religieux sacramentins se dévouèrent sans compter à l’animation de ces congrès. On n’a pas encore oublié l’enthousiasme des Pères A. Grondin, Ls-Ph Audet, R. Godard (qui composa même un grand jeu scénique selon la mode du temps pour rassembler les jeunes). Aux jours proprement consacrés à la célébration du congrès, des confrères, libérés de leur tâche professorale, venaient se joindre à l’équipe sur place. Les religieux qui assumaient le ministère des Congrès éprouvèrent le besoin, devant la multiplication des congrès, de se doter d’un secrétariat permanent dans la maison de Montréal où étaient gérés les contacts avec le clergé, les évêques, la planification des thèmes, textes de prédication, horaires, et répartition des tâches, contacts avec les organisations paroissiales locales. Une petite équipe permanente y travaillait avec beaucoup d’enthousiasme. L’abandon du congrès de Rimouski marqua probablement la fin du ministère de l’animation des congrès. La création de nouveaux secteurs apostoliques (paroisses, missions lointaines, séminaires) réclamèrent de plus en plus de religieux, les orientant vers de nouvelles charges apostoliques, pendant que les évêques commençaient à favoriser de nouvelles approches pastorales.

Localisation

Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
MRC: Communauté métropolitaine de Québec
Lieu: Maison des pères du Très-Saint-Sacrement de Québec, 1330, chemin Sainte-Foy, Québec, G1S 2N5
Téléphone: 418 527-2555
Télécopieur: 418 527-4282

Source

Père Conrad Bélanger et frère Bernard Desrosiers
Titre, rôle et fonction : Père et frère de la Congrégation du Très-Saint-Sacrement

Enquêteurs : Marc-André Complaisance, Joseph Ronald Dautruche
Date d'entrevue : 7 mai 2009

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