Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Capucins (Ordre des Frères mineurs)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Prosélytisme (9263).
Frère Alain Picard
© IPIR 2010, soumis à copyright
L'idéal missionnaire capucin s'est développé vers 1890, alors que le processus de laïcisation en France était en marche, et que les capucins français étaient chassés et persécutés. Ils sont alors venus s'installer au Canada pour recruter des nouvelles vocations. Dès 1929, les capucins de l'est du Canada se joignent aux capucins français de Toulouse dans l'effort missionnaire en Éthiopie. En 1939, à la suite de l'invasion italienne du pays, ils devront se retirer. Ce n'est qu'en 1942, durant la Deuxième Guerre mondiale, alors que les capucins italiens en Inde étaient sous restrictions imposées par le gouvernement britannique en Inde à l'époque, que Rome a demandé aux capucins canadiens, sujets britanniques, de prendre place auprès du clergé local dans les missions où oeuvraient les capucins italiens confinés à résidence.
La guerre terminée, les capucins italiens ont pu reprendre leurs missions. À ce moment le diocèse italien a été divisé en trois. Une partie a été confiée à un évêque indien, celui d'Allahabad, une autre est demeurée confiée aux capucins italiens, celui de Lucknow, et une troisième partie a été confiée à l'équipe des capucins canadiens, la Préfecture de Gorakhpur au nord, dans la région de Bénarès.
Avec le groupe sur le Samaria
© Archives de la Réparation
Un groupe de cinq capucins partait de Québec pour l'Inde en août 1955, à bord du Samaria. En arrivant à Bénarès, les missionnaires étaient déchargés de toute fonction pendant un an afin d'apprendre la langue officielle, l'hindi. Cela leur permettait de s'immerger dans la culture du pays. Certains frères tentaient également d,apprendre le dialecte régional, le bhodjpouri.
Certains missionnaires partaient vivre en brousse et passaient de villages en villages pour dire la messe et donner la catéchèse aux familles déjà converties. La présence missionnaire se faisait essentiellement auprès des familles issues de basses castes. Selon la tradition hindouiste, ces familles étaient exclues et rejetées, car elles provenaient de la «mauvaise renaissance». Ces gens étaient sensibles au message chrétien car ils étaient exclus de la pratique religieuse hindouiste. Les Capucins avaient pour objectif, selon la voie donnée par l'évêque Malenfant, de se fondre dans la culture indienne et de l'introduire dans la liturgie chrétienne. Ainsi, les fidèles suivaient la messe assis au sol. Les chants et les prières ainsi que la prédication se faisaient en hindi. La liturgie était accompagnée des instruments indiens, tels que le tabla et l'harmonium.
Les familles se rendaient le dimanche à la mission pour la messe et un pensionnat accueillait les enfants pendant la semaine. Il y étaient nourris et instruits gratuitement. La mission, avec l'aide des religieuses, offrait des services d'éducation et de soins sanitaires. Les missionnaires étaient même parfois appelés à apporter de l'aide au dispensaire et la plupart d'entre eux avaient reçu une formation de base auprès des soeurs à l'Hôpital Général d'Ottawa.
Trois capucins, ayant oeuvré en Inde, ont été recrutés à leur retour au Canada pour servir aux Îles Fidji. Ces îles étaient un autrefois un protectorat anglais et la main-d'oeuvre d'origine indienne s'y installait. Ces Indiens parlaient l'hindi, et c'est pour cette raison que l'évêque de Fidji a invité trois frères capucins qui ont travaillé en Inde pour servir dans les paroisses au côté des Pères Maristes. Vers 1969, alors que le nombre de jeunes prêtres indiens oeuvrant avec les Pères capucins canadiens était déjà assez important et allait en augmentant, il fut décidé à l'unanimité de leur confier progressivement la responsabilité des postes missionnaires, et que les capucins canadiens devaient envisager leur retour au Canada.
Au début, l'accueil des missionnaires catholiques était difficile, car les missionnaires protestants oeuvraient depuis longtemps sur l'île. Cependant, le travail d'approche de la population était plus facile qu'en Inde, car la séparation entre les castes y était absente.
Avec les soeurs de la Reine des Apôtres
© Archives de la Réparation
Aujourd'hui, il n'y a plus de Canadiens en Inde et aux îles Fidji. Les derniers Canadiens sont partis de l'Inde en 1987. Depuis 1970, les deux diocèses de la région sont dirigés par des évêques indiens et ce sont des prêtres indiens qui prennent en charge les stations missionnaires fondées par les Canadiens. Aujourd'hui, l'effort missionnaire est récompensé, car les frères Capucins de l'Inde et du Brésil viennent à leur tour aider les Capucins vieillissants et en manque d'effectifs au Canada. Un partenariat a été mis en place avec la province du Kerala en Inde et au Brésil. Ceci afin de permettre, durant dix ans, chaque année, que deux pères viennent les aider à maintenir leur apostolat. À leur arrivée, les frères passent par une année d'apprentissage de la langue française.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Lieu:
Sanctuaire du Sacré-Coeur et de Saint Padre Pio, 3650, De La Rousselière, Montréal, H1A 2X9
Téléphone: (514) 642-5391
Télécopieur: (514) 642-5033
Site Web: http://www.sanctuairescpp.org
Ressources:
Extraits de musique liturgique chrétienne interprétée avec des instruments indiens et en langue hindie.
Les frères Alain Picard et Rodrigue Dion
Titre, rôle et fonction : Frère Alain Picard est prêtre au sanctuaire de la Réparation. Le frère Rodrigue Dion est bras droit du prêtre de la paroisse Saint-François d'Assise à Ottawa.
Lien avec la pratique : Frère Alain Picard a exprimé son désir d'être missionnaire dès son entrée dans la communauté des Capucins. Une fois ordonné prêtre en 1955, il est parti en Inde, à Bénarès, et a terminé sa quatrième année de théologie au séminaire d'Allahabad. Il est resté en Inde jusqu'en 1987. Frère Rodrigue Dion est né en 1927 à Loretteville. Il est entré en 1940 au collège séraphique à Ottawa et au noviciat en 1945. Il a étudié la philosophie à Montréal et la théologie à Ottawa. Il est parti pour la mission en Inde en 1955 et revint au Canada en 1970.
Enquêteurs : Marie Renier, Maude Redmond
Date d'entrevue : 1 décembre 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: