Récit de pratique culturelle

Les missions des Sœurs grises dans le Grand nord

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Soeurs de la Charité, Soeurs Grises, de Montréal

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).

Historique général


Religieuses dans le Grand Nord
© Archives Soeurs Grises, soumis à copyright

Sous l’impulsion de Monseigneur Ignace Bourget, les missions des communautés religieuses dans l’Ouest et au Nord du Canada connaissent un essor important à partir des années 1840. Les Oblats de Marie Immaculée entreprendront par exemple la conquête de l’Arctique alors que les Sœurs de Sainte-Anne s’établissent en Colombie-Britannique, au Yukon et en Alaska. En 1844, les Sœurs grises entreprennent un difficile voyage jusqu’à Saint-Boniface, au Manitoba, où elles dispensent des services médicaux, religieux et éducatifs. De 1891 à 1916, elles s’établissent successivement dans les territoires actuels de la Saskatchewan, de l'Alberta et des Territoires du Nord-Ouest . Les Sœurs grises ont été les premières religieuses à travailler dans la région relevant du diocèse de Saint-Albert et du vicariat de l’Athabasca-Mackenzie .

La conquête des Territoires du Nord-Ouest par les Sœurs grises, en 1866, apparaît comme une véritable entreprise : « de Montréal à Saint-Paul au Minnesota en chemin de fer; 700 kilomètres jusqu'à Saint-Boniface, puis un périple en charrette de 1500 kilomètres le long de la rivière Rouge, des prairies, des lacs et des fleuves pour rejoindre Notre-Dame-de-la-Providence, 60 kilomètres au sud du Grand lac des Esclaves ». (Radio-Canada, Des missions au pays d’abord, 1986, http://archives.radio-canada.ca/societe/religion_spiritualite/clips/6268/) Dès lors, les Sœurs grises travaillent dans des localités où d’autres communautés religieuses sont établies, particulièrement autour du Grand lac des Esclaves. La congrégation se fixe à Fort Providence en 1867, à Fort Resolution en 1902 et à Fort Smith en 1915.

L’œuvre des Sœurs grises, dans le Grand nord comme ailleurs, rappelle la mission léguée par Marguerite d'Youville. Bien que l’élan missionnaire de la congrégation soit lancé au siècle XXe siècle, il relève de  l'héritage de la fondatrice et s’attache à la transmission des valeurs d’ouverture, de partage, de foi et d’amour.

Description


Mission dans le Grand Nord
© Archives Soeurs Grises, soumis à copyright

Entrée en communauté le 5 août 1947, sœur Cécile Montpetit est, dès l’adolescence, déterminée à devenir missionnaire. « Missionnaire au froid », précise-t-elle, car elle ne peut supporter la chaleur à cause de problèmes de santé. À 17 ans, elle rejoint les Sœurs grises afin de répondre à ses aspirations. Six mois avant ses vœux perpétuels, elle doit refuser l’offre de la Supérieure générale, ne pouvant partir en mission dans le Nord puisque ne parlant pas anglais. Déterminée et consciente de l’importance de la communication en mission, elle se consacre alors à l’apprentissage de la langue et de cinq dialectes.  En 1955, Sœur Cécile Montpetit entreprend le voyage vers les Territoires du Nord-Ouest et travaille quelques mois à Fort McMurray comme infirmière. Elle s’établit  à Fort Smith, où elle travaille, de 1955 à 1962, comme infirmière graduée à l’hôpital de médecine générale avant de répondre aux besoins de Fort Resolution, de 1962 à 1967. Après un retour à Montréal, puis la complétion d’un baccalauréat en hygiène sociale à l’Université d’Ottawa, elle retourne au Nord, embauchée cette fois par le gouvernement fédéral. Sœur Cécile Montpetit travaillera une quarantaine d’années dans le Nord canadien, autour du Grand lac des Esclaves, à Fort Smith, Fort Simpson, Fort Providence, Fort Resolution, Cambridge Bay, notamment.

Travaillant comme infirmière jusqu’en 1967, sœur Cécile Montpetit a répondu à plusieurs demandes. En l’absence de médecins, elle devait prendre en charge des grossesses et des accouchements, soigner des blessures et effectuer les traitements prescrits. Après la complétion de son baccalauréat, sœur Cécile Montpetit devient la première hygiéniste sociale de la communauté à travailler dans le Nord. Son travail implique alors la prévention des maladies, notamment la tuberculose, l’immunisation des nouveaux-nés, l’administration des vaccins, le suivi auprès des femmes enceintes et les cours pré-nataux.  En l’absence de personnel médical, elle veille également aux traitements et aux soins. Responsable d’un centre de santé à Fort Smith, sœur Cécile Montpetit a eu à son service six ou sept infirmières et jusqu’à vingt-deux employés. Compte tenu des dialectes parlés sur le territoire, un autochtone était jumelé à une infirmière, au besoin. Les missions dans le Nord des Sœurs grises visaient à éduquer les différentes populations et à prévenir les maladies et les problèmes de santé. Sœur Cécile Montpetit a d’ailleurs démontré l’importance de la prévention grâce à l’immunisation, l’activité physique, une saine alimentation et de bonnes habitudes de vie.
 
Les Sœurs grises poursuivaient de plus l’objectif de rendre plus autonomes les populations à qui elles offraient leur aide. Sœur Cécile Montpetit a par exemple formé des ambulanciers, en plus d’assurer la mise sur pied d’un service d’ambulances après la construction des routes. Elle a également participé à la formation des femmes en radiographie et en prévention.  Aussi, des infirmières laïques et religieuses présentes sur le terrain offraient une formation aux résidents afin qu’ils puissent eux-mêmes occuper des fonctions et des postes en santé.

Les religieuses en service étaient disponibles 24 heures par jour. Considérant qu’elles demeuraient pour une longue durée dans le Nord, elles savaient gagner la confiance et la reconnaissance des gens en établissant avec eux de bonnes relations. Sœur Cécile Montpetit retient particulièrement de son expérience le respect des gens rencontrés et les amitiés créées. Le passage de sœur Cécile Montpetit a d’ailleurs été grandement apprécié par les populations locales. En témoignent les quatre médailles de reconnaissance reçues pour son engagement et son dévouement. Sœur Cécile Montpetit est ainsi décorée de l’Ordre du Canada, plus haute récompense du régime canadien de distinctions honorifiques, et de l’Ordre très vénérable de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem.

Bien que sœur Cécile Montpetit garde de bons souvenirs de son expérience dans le Grand nord, les missions impliquaient une grande capacité d’adaptation. Les communications avec le sud étaient périlleuses et restreintes, le transport étant assuré par avion, par bateau, en traîneaux à chien, en canot, parfois en motoneige. Les hôpitaux étaient souvent éloignés et les religieuses devaient composer avec les limites médicales et le peu de personnel. L’apprentissage de la langue —plusieurs dialectes étant parlés dans les différentes communautés—, l’éloignement, l’isolement et la rigueur du climat apparaissaient également comme des difficultés, toutefois surmontables.

Apprentissage et transmission


Carte de Fort Providence
© Archives Soeurs Grises, soumis à copyright

La préparation des Sœurs grises partant en mission dans le Grand nord impliquait d’abord une formation universitaire adaptée aux besoins et demandes des populations locales, par exemple en sciences infirmières ou en hygiénisme social. Le travail missionnaire nécessitait une capacité d’analyse et beaucoup d’imagination afin de trouver des solutions aux problèmes à résoudre.

Là où elles vivent, les Sœurs grises s’assurent de transmettre leurs valeurs et le charisme de mère Marguerite d’Youville. Elles s’attachent aussi à partager leurs savoirs et savoir-faire en offrant une formation au personnel local. Le travail des Sœurs grises aura sans doute contribué à l’institution, en 1995,  d’un programme de formation en soins infirmiers dans les Territoires du Nord-Ouest .

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Hors MRC
Lieu: Maison mère des Soeurs Grises de Montréal, 1190, rue Guy, Montréal, H3H 2L4
Téléphone: 514 937-9501
Site Web: http://www.sgm.qc.ca/sgm/francais/frameset.htm

Source

Sœur Cécile Montpetit
Titre, rôle et fonction : Depuis sa retraite comme missionnaire dans le Grand nord canadien, Sœur Cécile Montpetit travaille auprès des malades.
Lien avec la pratique : Sœur Montpetit a travaillé comme missionnaire une quarantaine d’années dans le Grand nord, principalement à Fort Smith. Elle a offert des soins de santé, comme infirmière, mais a aussi participé à la mise sur pied de plusieurs projets de prévention suite à sa formation en hygiénisme social. Son engagement, son dévouement et son travail ont d’ailleurs été soulignés, en témoignent ses quatre médailles de reconnaissance.

Enquêteurs : Stéphanie Teasdale, Maude Redmond
Date d'entrevue : 11 juin 2009

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