Récit de pratique culturelle

Une oeuvre éducative des Frères du Sacré-Coeur : Le Camp Le Manoir

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Frères du Sacré-Coeur

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).

Historique général


Le manoir d'Edmond de Sales Laterrière en 1927
© Archives des Frères du Sacré-Coeur

Le territoire de Cap-aux-Oies à la rivière du Gouffre, dans la région de Charlevoix, est concédé en seigneurie des Éboulements en 1683. En 1710, Pierre Tremblay en fait l’acquisition. Il demeure la propriété de la famille Tremblay pendant trois générations. Le manoir et le moulin seigneuriaux étaient situés, près du fleuve, dans le secteur de ce qui correspond en 2011 à la paroisse de Saint-Joseph-de-la-Rive. En 1810, Pierre de Sales Laterrière acquiert le territoire de la seigneurie de Jean-François Tremblay, petit-fils de Pierre Tremblay. Ce dernier conserve le manoir et le moulin. Il lui vend un autre moulin construit sur le territoire en 1790, à proximité de l’actuel rang Saint-Joseph de la municipalité des Éboulements. Pierre de Sales Laterrière est le quatrième seigneur. Il construit son manoir près de ce moulin banal. Son fils, Marc-Pascal de Sales Laterrière en est le dernier seigneur en 1854, à la fin du régime seigneurial. À son décès, il est légué à Charles-Edmond de Sales Laterrière. Ce dernier décède quelques années plus tard. Edmond de Sales Laterrière hérite alors de ce bien immobilier. Puisqu’il n’a pas l’âge de la majorité, les biens sont administrés par son tuteur et oncle, l'avocat Charles-Alphonse-Pantaléon Pelletier, occupant la fonction de lieutenant-gouverneur du Québec de 1908 à 1911. Ce lieu accueille donc l’élite politique du Québec. Des panneaux d’interprétation, situés en bordure des sentiers sur le terrain du manoir, relatent l’histoire de la seigneurie.


Edmond de Sales Laterrière vend ce qu’on a convenu d’appeler le moulin banal en 1906. Jusqu’en 1951, la paroisse des Éboulements a fait partie du diocèse de Chicoutimi et l’évêque Mgr Geoges-Arthur Melançon (1940-1941) souhaitait depuis quelques années que les Frères du Sacré-Cœur établissent un juvénat dans le milieu. C’est ce qu’ils firent en 1947 en achetant d’Edmond de Sales Laterrière une partie du domaine et des bâtiments, dont le manoir près du rang Saint-Joseph. Au manoir, devenu juvénat, les jeunes aspirants se préparent à leur vocation de futurs éducateurs religieux. Dus à des réaménagements, l’institution devient une colonie de vacances pour enfants en 1965 et chose à noter, les activités au programme gardent un lien bien privilégié avec l’histoire des lieux.


Dans l'esprit du charisme de la communauté, l’éducation, le Camp Le Manoir transmet des valeurs humaines chères aux Frères en organisant des activités récréatives pour les jeunes.  La colonie de vacances propose aussi un camp de jour pour les jeunes de la région et accueille des groupes scolaires. Par le passé, ce site a également servi de centre d’animation de pastorale pour les adultes et les familles.

Description


Le seigneur sacre un chevalier
© IPIR 2011, soumis à copyright

Le Camp Le Manoir s'adresse aux jeunes garçons âgés entre 8 et 14 ans. Les séjours d’une durée de deux semaines proposent des activités telles que le tir à l’arc, la natation, l’hébertisme, le vélo, le tir à plomb, du camping et des excursions. En 2011, le Camp Le Manoir est animé et administré par des Frères du Sacré-Cœur et des laïcs. L’animation pastorale est une partie importante des activités éducatives. Elle prend la forme de réflexions en début et en fin de journée, de la récitation du bénédicité lors des repas, d’une messe dominicale et d’une célébration de la Parole. Les jeunes discutent de leurs expériences vécues durant le camp et des valeurs qu'ils pratiquent lors de leur séjour. La foi catholique y est abordée de manière non contraignante. La colonie de vacances met en application un système d’émulation inspiré du régime seigneurial pour favoriser le développement personnel des jeunes. Les jeunes deviennent ainsi des apprentis-pages et des pages, des censitaires
et des chevaliers, des écuyers et des barons
.


La journée des campeurs débute par une réflexion lors de la levée du drapeau. Elle est animée par l’une des équipes, sous forme de sketchs, de chants ou autres formes d'activités. Par la suite, les campeurs déjeunent, puis participent à l’entretien ménager du chalet avec les autres membres de leur équipe. Ensuite, différentes activités récréatives sont proposées, entrecoupées de moments de détente et de repas. Lors des temps libres, les enfants jouent à deux jeux très populaires, au ballon, nommé le « ballon carré » et la toupie. Après le souper, il y a  présentation d’une pièce de théâtre participatif. Cette activité, favorisant notamment la créativité des jeunes, a été intégrée à la programmation en 1970. La soirée se termine par un grand jeu où les jeunes doivent résoudre une énigme. Le coucher est précédé d’une réflexion sur la journée.


Lors des deux semaines de camp, une kermesse est organisée. Une monnaie fictive, le «Louis d’or», permet d’acheter des objets lors de cette fête. Par la même occasion, les jeunes apprennent la valeur de l’argent et l’importance de le gérer. Des toupies et des sculptures en carton recyclé de boîtes de céréales, confectionnées par des frères de la communauté, sont vendues cette journée-là.  


Le camp se conclut par une journée seigneuriale. Une haie d’honneur accueille un jeune, incarnant le seigneur. Par la suite, il y a une célébration de la Parole pour laquelle les barons présentent des objets marquants de leur séjour. Les participants pique-niquent à l’extérieur.  En après-midi, il y a des épreuves destinées aux chevaliers et aux barons, ainsi qu’un tournoi chevaleresque. Ensuite, muni d’une reproduction d’épée, le seigneur sacre les chevaliers et les barons. La veille, il a sacré les pages, les censitaires, etc. Un banquet d’honneur est organisé. Un sketch résumant le séjour au camp est présenté par chacune des équipes. À la fin de la soirée, un seigneur est élu parmi les chevaliers, par un tirage au sort. Il présidera les sacres, les fêtes et les rassemblements du camp de l’année suivante. D’anciens campeurs prennent part à cette journée pour aider le personnel du camp. 


Le drapeau est composé de plusieurs symboles qui font référence aux valeurs et à la pédagogie des Frères. La lanterne représente la volonté du camp d’être une lumière dans la vie des jeunes. La fleur de lys réfère au régime seigneurial français, en lien avec la thématique de la colonie de vacances. Des lignes perpendiculaires forment un triangle qui représentent à la fois une tente, en raison des activités du camp, et d’un chemin. Leur expérience au manoir est une étape dans l’accomplissement sur le chemin de la vie des jeunes. Les étoiles évoquent le système d’émulation par l’acquisition de grades. On y retrouve également la croix symbolisant la communauté des Frères du Sacré-Cœur. Le drapeau représente la philosophie du camp, favoriser l'accomplissement personnel et la confiance en soi des jeunes.

Apprentissage et transmission


Le service des repas par les Frères du Sacré-Coeur
© IPIR 2011, soumis à copyright

Le Camp Le Manoir réinterprète l’univers seigneurial et l’adapte à l’imaginaire des jeunes. Comme le souligne l'un des frères: « La lignée des seigneurs de la seigneurie des Éboulements ne s’est pas arrêtée en 1854 avec Marc-Pascal de Sales Laterrière. Elle se poursuit jusqu’à nos jours. En 2011, un 99e seigneur a été nommé sur ce territoire.»  La colonie de vacances transmet également des savoir-faire tels que la fabrication de la farine, du pain et du beurre au moulin banal.  Le Camp Le Manoir transmet des valeurs humaines telles que la solidarité, l’entraide, l’esprit d’équipe, l’accomplissement de soi et le leadership. La pédagogie pratiquée à la colonie de vacances est en harmonie avec la spiritualité des Frères du Sacré-Cœur, « Croire en l’amour de Dieu, en vivre et le répandre ».

Localisation

Municipalité: Les Éboulements
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu: Le Camp Le Manoir, 159, rang Saint-Joseph, Les Éboulements , G0A 2M0
Téléphone: (418) 635-2666
Télécopieur: (418) 635-1074
Site Web: http://www.camplemanoir.qc.ca/

Source

Les frères Dominic Savard, Serge Toupin et René Beaudoin
Titre, rôle et fonction : Ils travaillent pendant la saison estivale au camp.
Lien avec la pratique : Le frère Dominic Savard est directeur du camp depuis 2003. Le frère Serge Toupin a exercé des fonctions d'assistant-moniteur, moniteur, responsable de la programmation et responsable des moniteurs. Il a travaillé au camp de 1969 à 1988. René Beaudoin, ancien campeur du Camp Le Manoir, est historien et enseignant au Collège Laflèche de Trois-Riivères.

Enquêteurs : Francesca Désilets, Maxime Paquet
Date d'entrevue : 15 juillet 2011, 15 juillet 2011


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: