Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle

La fête de la Transfiguration chez les orthodoxes

Tradition: Christianisme
Appartenance: Orthodoxie (chalcédonienne)
Groupe: Église Orthodoxe d'Amérique / Orthodox Church in America
Diocèse, association ou regroupement: Archevêché du Canada / Archdiocese of Canada
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saints Peter & St. Paul Sobor / Cathédrale des Saints Pierre et Paul (Montréal)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Temps religieux (9280), Temps liturgique (9282).

Historique général


Icône de la Transfiguration de Novgorod
© IPIR 2011, soumis à copyright

La fête de la Transfiguration est mentionnée dans les documents ecclésiastiques de la première moitié du Ve siècle, dans le calendrier liturgique local de Jérusalem datant du VIIe siècle et dans des manuscrits grecs. Après, elle s’est généralisée grâce aux hymnes d’adoration composés par saint Jean Damascène et Cosme de Maiuma. La fête se diffuse en Occident surtout à partir du IX e siècle. En 1457, Callixte III l’inscrit au calendrier, à l’occasion de la victoire sur les Turcs près de Belgrade, le 6 août 1456.

La majorité des Églises chrétiennes fête la Transfiguration de Jésus-Christ le 6 août. Dans les Églises orthodoxes qui utilisent le calendrier julien (l’Église russe et serbe, une partie de l’Église orthodoxe ukrainienne et moldave), elle est fêtée le 19 août du calendrier grégorien.

Description


Bénédiction des fruits devant la chapelle orthodoxe de la Transfiguration, à Rawdon
© IPIR 2011, soumis à copyright

La fête de la Transfiguration fait référence à un épisode de la vie de Jésus-Christ évoqué par les Évangiles synoptiques. Sur la mont Thabor, Jésus change d’apparence corporelle pour révéler sa nature divine à trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean. L'aspect de son visage se métamorphose et ses vêtements deviennent d'une blancheur éclatante. Selon certains théologues, cette description rappelle celle de la descente de Moïse du mont Sinaï et celle, dans les textes apocalyptiques, des anges envoyés du Seigneur : « Il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Une nuée lumineuse les enveloppa dans son ombre, et une voix sortit de la nuée disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé  qui a toute ma faveur, écoutez-le » (Matthieu 17, 2, 5). Aux côtés de Jésus se tiennent deux grandes figures bibliques, Élie et Moïse.

Selon les interprétation théologiques, en changeant d’apparence, Jésus révèle à ses disciples Sa nature divine. Aussi, selon la foi chrétienne, ce moment est une préfiguration de la transfiguration de l'homme, rendue possible grâce à l'incarnation du Verbe de Dieu en la personne de Jésus, le Christ de Dieu. Selon Thomas d’Aquin, la Transfiguration représente le plus grand miracle que Jésus-Christ ait jamais fait. Il complète le miracle du baptême afin de nous montrer la vraie nature de Jésus, celle de Fils de Dieu, de même que la perfection de la vie d’au-delà. Aussi, le moment renvoie-t-il à la Résurrection. Selon le Métropolite Stephanos de Tallinn, la transfiguration de Jésus-Christ sur la mont Thabor dégage trois moments importants pour l’édification spirituelle : d’abord la montée, c’est-à-dire l’ascèse, la purification du cœur, la lutte contre les passions ; ensuite le repos, la joie, la contemplation de la présence de Dieu, la communion à Dieu ; et enfin, la redescente dans la plaine, dans le quotidien. Cette succession constitue la trame de notre existence.

Dans l’Église orthodoxe russe, la Transfiguration est aussi le jour des morts. Les fidèles vont au cimetière et apportent des offrandes. Dans la tradition populaire, la fête de la Transfiguration annonce le changement des saisons, le passage de l’été à l’automne. Le nom slavon de la fête, obrejenie, signifie changement, métamorphose. À cette occasion, les fidèles apportent à l’église des raisins, des pommes, des poires et des prunes pour les faire bénir. Si l’église porte le nom de la Transfiguration, les prêtres célèbrent la fête de la paroisse et du lieu dans la même journée.

Après la liturgie dédiée à la Transfiguration, les prêtres et les fidèles font la tour de l’église trois fois, en chantant et priant. Le cortège est ouvert par une personne qui porte l’icône de la Transfiguration. Lors des trois tours, les prêtres arrêtent à l’est et à l’ouest de l’église, bénissent l’icône et l’assistance. Le cortège arrête devant la table couverte de fruits. Le prêtre asperge les paniers et les fidèles de l’eau bénite. Par la suite, les fidèles vont à la maison où ils partagent les fruits, rituel de purification et de protection de maladies et malheurs.  


Localisation

Municipalité: Rawdon
Région administrative: 14 Lanaudière
Lieu: La chapelle de la Transfiguration, 3494, 15e avenue, Rawdon, J0K 1S0
Téléphone: 450-834-5843

Source

Père Irénée (Rochon)
Lien avec la pratique : Il est évêque de Québec et auxiliaire de l'archevêque Séraphim (Storheim) d'Ottawa et du Canada de l’Église orthodoxe russe en Amérique. En 1992, il est élevé au rang d’higoumène (Hegumen) par l’évêque Seraphim pour superviser les communautés monacales de langue française du Québec. En 1996, Monseigneur Irénée devient administrateur de la paroisse Saint-Séraphim-de-Sarov et du cimetière orthodoxe à Rawdon, fonction qu'il occupe jusqu’en 2007. En 2009, le Synode de l’Église orthodoxe russe en Amérique (OCA) le nomme archimandrite et auxiliaire de l’archevêque Séraphim avec le titre d’évêque de la ville de Québec. Sa consécration a eu lieu le 1er octobre 2009, à la Cathédrale de l’Annonciation.

Enquêteur : Daniela Moisa
Date d'entrevue : 19 août 2011

Fiches associées

  • La chapelle de la Transfiguration-de-Jésus-Christ de Rawdon

    Juridiquement, la chapelle de la Transfiguration fait partie du complexe orthodoxe de Rawdon composé d'une église plus grande dédiée à saint Séraphim de Sarov (1966), d'un skite (1977) et d'un cimetière (1962). Tous les bâtiments appartiennent à la paroisse des Saints-Pierre-et-Paul de Montréal depuis le legs d'Oleg Boldireff [...]

Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: