Récit d'objet
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Congrégation de Sainte-Croix
Classé sous Système de croyance (9100), Être spirituel (9120), Puissance supérieure (9121)
et sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Objet (9293).
Les vitraux dans la basilique de l'Oratoire Saint-Joseph
© IPIR 2011, soumis à copyright
La dévotion à saint Joseph se développe à partir du XIIIe siècle en Europe. En 1481, le pape Sixte IV inscrit dans le Missel Romain la fête de saint Joseph au 19 mars. C’est le début officiel de la dévotion à saint Joseph dans la chrétienté. En 1870, il sera déclaré patron de l’Église universelle par le pape Pie IX et au 20e siècle, il est nommé patron des travailleurs. La fête de Saint-joseph travailleur du 1er mai sera officialisée en 1955 par Pie XII. En Nouvelle-France, cette dévotion envers l’époux de Marie est présente dès le début de la colonie. Il est même déclaré patron du Canada en 1624 par le Récollet Joseph Leclerc.
En 1904 a été construit l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, plus grand sanctuaire dédié à saint Joseph dans le monde. Des images, des sculptures, des vitraux représentant saint Joseph ornent le décor. Dans la chapelle votive, par exemple, des sculptures représentant les diverses fonctions de saint Joseph dans l’Église sont installées à différentes stations devant lesquelles sont allumés des lampions. De plus, les vitraux de la crypte représentent des épisodes de la vie de saint Joseph relatées dans la Bible.
En 1955 a eu lieu à l’Oratoire Saint-Joseph, un congrès international en josephologie, c’est-à-dire de spécialistes de saint Joseph. Pour cette occasion, la pièce située en dessous de la basilique a été utilisée pour y présenter une exposition. L'exposition portait sur la dévotion à saint Joseph dans communautés religieuses, ainsi que sur saint Joseph dans l’histoire du Canada du début de la Nouvelle-France au XXe siècle. Ces épisodes représentant l’intercession de saint Joseph dans divers évènements furent présentés sous forme de scènes. Celles-ci ont été résumées dans le catalogue de l’exposition.
Deux ans plus tard, la direction de l’Oratoire souhaitant terminer la décoration intérieure de la basilique, confia à l’artiste québécois Marius Plamondon, le contrat d’orner de vitraux ce lieu. Artiste local, Marius Plamondon a fait des études au Québec, en Italie et en France. Il faisait aussi partie d’un groupe d’artistes québécois qui prônait le renouvellement de l’art religieux.
Inspiré par l’exposition de 1955, douzes des scènes ont été imposées à l’artisan verrier. En 1961, le père Brassard expliqua son programme dans la revue l’Oratoire. Il fallait « créer des scènes qui vont illustrer des pages de l’histoire canadienne où l’intervention de notre patron, saint Joseph, s’est montrée particulièrement merveilleuse ».
Entre 1958 et 1978, Marius Plamondon réalisa dix vitraux pour les bas-côtés de la basilique illustrant les actions extraordinaires de saint Joseph dans des épisodes de la vie des habitants du Canada. Il réalisa aussi quatorze vitraux pour la claire-voie représentant les vertus et les attributs de saint Joseph. Plamondon réalisa égalament deux hémicycles, ainsi qu’une rosace. Tout en ayant une fonction pédagogique, les vitraux de Marius Plamondon créent une atmosphère favorable à la prière et au recueillement.
La fuite des Bostonnais-1776
© IPIR 2011, soumis à copyright
Dix scènes de l'exposition de 1955 furent choisies et Marius Plamondon s'inspira du résumé de ces scènes pour créer les vitraux. Les dix vitraux des bas-côtés de la basilique de l'Oratoire représentent :
* La délivrance du Fort de Sainte-Marie-1630
* Le miracle du « Saint-Joseph »-1639
* La victoire de Frontenac sur Phipps-1690
* La congrégation des hommes de Ville-Marie-1694
* La vision de Sœur Marie-Catherine-Joseph de Saint-Augustin-1657
* La vision de Marie de l'Incarnation-1633-1634
* Le pèlerinage à Saint-Joseph de la Pointe-Lévis-1697
* Le naufrage de Walker-1711
* La fuite des Bostonnais-1776
* Le typhus de Bytown, Ottawa-1847
Pour chacun de ces épisodes historiques, Marius Plamondon a utilisé le résumé du livret de l'exposition. En 1955, les Sœurs de l'Espérance présentaient lors de l'exposition, la scène représentant la fuite des Bostonnais de 1776. Marius Plamondon, quelques années plus tard, s'inspira de leur résumé. Citant l'abbé Verreau dans l'ouvrage Invasion au Canada publié à Montréal en 1873, les Sœurs de l'Espérance écrivirent :
Montréal était sous la domination des Bostonnais qui s'en allaient à l'assaut de Québec. On eut recours à saint Joseph. « ...Grand saint Joseph, vous à qui Dieu a confié le soin de cette province (le Canada) en vous établissant le patron, faites par votre intercession qu'elle soit délivrée des ennemis qui l'environnent... Nous vous en prions, et nous vous en conjurons par l'amour que vous avez eu pour Jésus et Marie et que Jésus et Marie ont eût pour vous... »
Quatre jours plus tard, les batteries ennemies étaient culbutées par les canons de la ville de Québec. Si Québec avait été pris, le pays tout entier tombait sous la domination de Bostonnais.
Cette scène est illustrée dans la section gauche par la croix du Mont-Royal, ainsi que les canons pointés vers la ville (?). Au centre, des personnages invoquent saint Joseph et la Sainte Famille. La section droite représente la fuite des Bostonnais et l'inscription « La Nouvelle-France libérée ».
Dans la partie supérieure au-dessus des vitraux, une rosace illustre un attribut de saint Joseph. Par exemple, au-dessus du vitrail de la vision de Marie-Catherine-Joseph de Saint-Augustin, un serpent symbolise Joseph très prudent. Ces qualités que l'on retrouve dans la litanie à saint Joseph donnent un sens théologique aux vitraux qui va bien au-delà de l'histoire.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Lieu:
Oratoire Saint-Joseph, 3800, chemin Queen Mary, Montréal (Qc), H3V 1H6
Téléphone: 514 733-8211
Site Web: http://www.saint-joseph.org/fr_1102_index.php
Chantal Turbide
Titre, rôle et fonction : Conservatrice du musée et du patrimoine artistique de l’Oratoire Saint-Joseph.
Lien avec la pratique : Chantal Turbide a fait des études au Québec et en France. Elle détient un doctorat en histoire de l’art et enseigne au Cégep. Elle a été guide à l’Oratoire avant d’obtenir le poste de conservatrice du musée et du patrimoine artistique de l’Oratoire Saint-Joseph.
Enquêteurs : Marjolaine Boutin, Francesca Désilet
Date d'entrevue : 14 septembre 2011
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: