Récit de pratique liée à un savoir-faire
Tradition: Judaïsme
Appartenance: Judaïsme (reconstructionniste)
Paroisse, congrégation ou équivalent: Congregation Dorshei Emet - The Reconstructionist Synagogue of Montreal (Montréal, Hampstead)
Classé sous Pratique religieuse (9300), Enseignement religieux (9360), Texte religieux (9363)
et sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Objet (9293).
La nouvelle Torah est installée
© Copyright PBL Photography 2010
La profession de scribe dans le judaïsme a évolué depuis les temps anciens. D’abord la Torah fut transmise oralement. Lors de la transmission par écrit, une série de règles a été élaborée afin d’assurer l’exactitude dans la reproduction du texte sacré. Ces règles ont été réunies dans le Talmud, dans la section Soferim. Sont détaillés dans ces textes des spécifications concernant la manière d’écrire les lettres, l’espacement, des cas particuliers, etc..
Aujourd’hui les scribes sont connus sous le nom sofer setam, setam étant composé des initiales en hébreu du Sefer Torah (rouleau de la Torah), Téfilines (phylactères) et Mezouzot (rouleaux de parchemin comportant des versets de la Torah, emboîtés et fixés au linteau des portes). Alors qu’un scribe peut écrire toutes sortes de textes, Torah, Téfilines et Mezouzot doivent être écrits par un scribe avec une plume d'oie à l'encre indélébile, sur des lignes droites, et sur un parchemin spécialement préparé. Le scribe est aussi chargé de la rédaction des gittin ou lettres de divorce, qui doivent être préparées avec une grande exactitude.
Lors de l’invention de l’imprimerie, il y a eu de grand débats pour régler la question, à savoir s’il serait dorénavant permis de se servir d’une Torah imprimée pour la lecture en public à la synagogue. À la longue, la décision fut prise de n’admettre pour la lecture rituelle de la Torah que des rouleaux écrits à la main par un scribe. Les décideurs ont vu comme essentiel le processus d’écriture à la main, avec intention, par une personne en état de pureté rituelle.
Traditionnellement, la profession de sofer ou scribe, est réservée aux hommes. Jen Taylor Friedman a donc du faire face à de nombreux obstacles afin d’acquérir une connaissance adéquate de la loi juive ainsi que les habiletés pratiques nécessaires pour exercer sa profession. En 2004, elle complète pour la première fois un rouleau sur parchemin, le megillat Esther, ou livre d’Esther, lu à la synagogue lors de la fête de Pourim. Elle commence l’écriture de sa première Torah en 2006, travail qu’elle complète en 2007. La Torah qu’elle a écrit sur commande pour la congrégation Dorshei Emet, pour marquer la cinquantième de cette congrégation, est son troisième rouleau de Torah. C’est la première Torah écrite par une femme au Canada.
Des outils clés, plume et encre
© IPIR 2010, soumis à copyright
Pour écrire une Torah, le scribe doit être présent et conscient de l’ampleur de la tâche. Il est responsable de la transmission de la loi divine, qui va passer par son être et sa main lors de l’acte de l’écriture. Il doit aussi connaître les différentes lois prescrites. Chacune des lettres a un certain nombre de lois relatives à sa forme. Le scribe doit aussi savoir comment corriger, s’il fait une erreur. La correction d’une erreur commise dans l’écriture du nom de Dieu sera différente, par exemple, de celle pour un autre mot. En plus de toutes les lois à respecter, le scribe doit posséder une grande habilité en calligraphie requise pour pouvoir produire des lettres égales. Il faut être patient, ne pas se fatiguer en prenant des pauses.
Quand le scribe va compléter l’écriture d’un rouleau de Torah, il doit passer à l’étape de vérification. Pour qu’une Torah soit casher, elle doit être vérifiée trois fois. De nos jours, il existe des méthodes de vérification qui se servent de programmes informatisés sophistiqués.
Torah écrite par Jen Taylor Friedman
© IPIR 2010 soumis à copyright
Pour exercer la profession de scribe il faut maitriser les volets savoir et savoir-faire. Le respect pour sa communauté qui est essentiel, si le scribe veut se voir confier l’écriture des textes sacrés. La transmission des habilités requises se fait traditionnellement par apprentissage. L’on va chercher un maître qui va non seulement transmettre la lettre de la loi mais aussi les fruits de toute son expertise et savoir-faire.
Jen Taylor Friedman a dû surmonter plusieurs obstacles. Il est spécifié dans le Talmud qu’une Torah écrite par une femme est pasul, ou rituellement impropre à la lecture dans une synagogue. Même si la loi juive peut évoluer en fonction de l'époque, il n’existe pratiquement pas d’ouvertures dans le judaïsme orthodoxe quant à l’idée qu’une femme peut devenir scribe setam. Jen Taylor Friedman a donc du faire face à de nombreux obstacles dans son apprentissage et surtout dans sa recherche de maîtres. Elle a néanmoins réussi à maîtriser le savoir et développer ce savoir-faire traditionnel. Maintenant elle enseigne, pour assurer la transmission surtout à la nouvelle génération de femmes qui désirent devenir scribe.
Municipalité: Hampstead
Région administrative: 06 Montréal
Lieu:
Congregation Dorshei Emet, 18, rue Cleve, Hampstead, H3X 1A6
Téléphone: 514-486-9400
Télécopieur: 514-486-5442
Site Web: http://dorsheiemet.com/
Ressources:
Pour consulter le site de la scribe: http://hasoferet.com/
La première photographie de la Torah est une courtoisie de PBL Photography
Jen Taylor Friedman
Titre, rôle et fonction : Scribe
Lien avec la pratique : Jen Taylor Friedman exerce la profession de scribe depuis 2004.
Enquêteurs : Sharon Gubbay Helfer, corrigé et réédité par Louise Saint-Pierre
Date d'entrevue : 16 mai 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: