Récit de pratique culturelle

Le procès en canonisation du frère André

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Congrégation de Sainte-Croix

Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique rituelle (9320), Rite de sacralisation (9326).

Description


L'affiche officielle de la canonisation du frère André
© IPIR 2011, soumis à copyright

La canonisation est un rituel pratiqué par l'Église catholique afin d'élever une personne exemplaire au rang de saint. Le processus de canonisation est long et complexe. Pour être déclarée saint, il faut que le candidat réponde à certaines exigences: une vie chrétienne exemplaire, avoir accompli un miracle reconnu par Rome ou avoir été martyr au nom de sa foi.

Quatre étapes doivent être franchies pour être déclaré saint.  La première étape est d’évaluer s’il y a matière à enquête. Le serviteur de Dieu doit, lors de sa mort, avoir une réputation de sainteté et donc d’avoir vécu une vie chrétienne héroïque. C’est à cette étape, au début du processus, qu’un groupe ou une personne, appuyée par le diocèse, s’engage à porter la cause. Dans le cas du frère André, la communauté des frères de Sainte-Croix a introduit la cause le 7 novembre 1940.

La deuxième étape du processus est que le candidat soit déclaré vénérable par le pape. À la suite d’une enquête du diocèse, ainsi que d'une enquête de la Congrégation pour la cause des saints du Vatican, le pape peut déclarer qu’effectivement, la personne a vécu une vie de sainteté. Le frère André a été déclaré vénérable par le pape Paul VI, 38 ans après l’ouverture de sa cause, soit le 12 juin 1978.

Benoît XVI a modifié certaines règles du procès en canonisation dans le droit canon. Aujourd'hui, un miracle suffit pour que la personne soit béatifiée. Le miracle doit avoir eu lieu après la mort du serviteur de Dieu. Le 23 mai 1982, le frère André a été déclaré bienheureux par le pape Jean-Paul II. Le cas étudié était celui de Joseph Audino atteint d'un cancer. Il invoqua l’aide du frère André et fut guéri sans que la science puisse expliquer cette guérison miraculeuse.

L’étape qui suit est la canonisation. Pour que le serviteur de Dieu soit déclaré saint, une nouvelle guérison miraculeuse doit être attestée et celle-ci doit avoir eu lieu après la béatification.  Un cas doit être présenté à Rome et évalué par la Congrégation pour la cause des saints.  Des dizaines de faveurs obtenues par l’intercession du frère André ont été évaluées pour cette nouvelle étape du procès pour finalement retenir le cas le plus pertinent.

Pour être déclaré miraculeux par le pape, le cas doit répondre à quatre critères.  Tout d'abord, la guérison retenue doit avoir été quasi instantanée suite à la faveur demandée au serviteur de Dieu, elle doit sortir de l’ordinaire et être inexplicable. La guérison doit être définitive et durable dans le temps. C’est-à-dire que la personne ne doit pas contracter la même maladie et elle ne doit pas mourir de celle-ci. Pour présenter un cas de faveur obtenue, il faut donc attendre cinq ans pour s’assurer que ce critère est bien rempli. Le cas de guérison sera évalué par des experts médicaux pour s’assurer que la guérison est scientifiquement inexplicable. Finalement, lorsque toutes les observations pointent vers une guérison miraculeuse, les théologiens doivent évaluer si c’est bien grâce au geste de foi qu’il y a eu la guérison. Ils doivent démontrer qu’on a bel et bien eu recours à l’intercession du serviteur de Dieu en cause et seulement à lui.

Pour évaluer tous ces critères, deux enquêtes sont nécessaires. La première instance menant l'enquête est diocésaine et locale, la deuxième est sous la responsabilité de la Congrégation pour la cause des saints à Rome.

L’enquête diocésaine doit rassembler les documents nécessaires à validatin de la cause. Elle fait la première mise en forme des informations collectées, entre autres les témoignages recueillis. Un tribunal doit donc être constitué et sera assisté par le comité de postulation.  De plus, deux commissions, indépendantes du tribunal, doivent aussi intervenir. Il s’agit d’une commission théologique, qui s’assure que les écrits du serviteur de Dieu en cause sont bien conformes à l’Évangile et une commission historique qui se charge d’établir une biographie critique de la personne.

Lorsque cette première enquête est terminée, un résumé sera présenté à la Congrégation pour la cause des saints à Rome. Celle-ci fera son enquête en envoyant la cause à trois commissions. Une médicale, une théologique et une menée par des évêques et des cardinaux qui doivent s’assurer que la canonisation du serviteur de Dieu aura un impact dans l’Église universelle. Ces différentes commissions font des rapports remis au pape. C’est à lui que reviendra la décision de nommer le serviteur de Dieu saint ou sainte.

Pour la cause du frère André, le cas d’un canadien atteint d'une maladie incurable a été soumis. Suite à l’intercession du frère de Sainte-Croix, cette personne a été guéri. Le cas présenté au tribunal répondait à tous les critères et l'Église a reconnu l’impact universel du rayonnement du frère André, car le 17 octobre 2010, le pape Benoît XVI a procédé à sa canonisation.

Apprentissage et transmission


L'oratoire Saint-Joseph, oeuvre du frère André
© IPIR 2011, soumis à copyright

La canonisation a apporté une grande notoriété à l’Oratoire Saint-Joseph, œuvre principale  du saint frère André. Aujourd’hui, les pèlerins veulent comprendre la spiritualité du saint frère André. Ils veulent suivre son chemin. Les croyants vont à l’Oratoire pour honorer le frère André, se recueillir auprès de lui, mais ils veulent aussi suivre sa voie spirituelle, son cheminement vers Dieu. L’Oratoire doit répondre aux attentes des pèlerins afin de perpétuer la mission du saint frère André.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
Lieu: Oratoire Saint-Joseph, 3800, chemin Queen Mary, Montréal (Qc), H3V 1H6
Téléphone: 514 733-8211
Site Web: http://www.saint-joseph.org/fr_1001_index.php

Source

Père Mario Lachapelle
Titre, rôle et fonction : Le père Mario Lachapelle a fait des études en sciences et en théologie. Frère de Sainte-Croix, il a été ordonné prêtre en 1999. Il a été vice-postulateur pour une douzaine de procès en canonisation. Le plus récent étant celle de la canonisation du frère André.

Enquêteurs : Marjolaine Boutin, Mathilde Lamothe, Daniela Moisa
Date d'entrevue : 29 juin 2011

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