Récit de vie
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice au Canada (Sulpiciens)
Classé sous Pratique religieuse (9300), Enseignement religieux (9360), Apostolat (9366).
Zénon Yelle et son album de photographies de son séjour au Japon
© IPIR 2007, soumis à copyright
Fils de Rémi Yelle et de Rose-Alma Amyot, Zénon Yelle est le deuxième enfant d'une famille qui en compte 14, dont 10 garçons et 4 filles. La religion occupe une grande place dans son parcours scolaire. M. Yelle est un prêtre de Saint-Sulpice qui a travaillé toute sa vie au Japon comme formateur du clergé. Il a également été responsable de la traduction en langue japonaise. Zénon Yelle s'est déplacé très souvent dans sa vie. Son principal déplacement se produit en 1953, alors qu'il quitte le Canada pour aller en mission au Japon (Fukuoka). Avant ce départ pour l'Asie, il se rend à Rome pour des études (1951-1953) et fait un voyage de préparation d'une durée de trois mois (1952) dans les pays bibliques dont l’Égypte, le Liban, la Syrie et la Grèce. Il revient épisodiquement au Canada tout au long de ses 50 années de mission. En 2004, M. Yelle quitte définitivement le Japon pour venir vivre sa retraite à Montréal.
Monsieur Zénon Yelle a travaillé durant 50 ans soit de 1953 à 2004, au Grand Séminaire de Fukuoka au Japon à titre de missionnaire formateur du clergé. Ce séminaire assure la formation sacerdotale des prêtres des cinq diocèses du sud-ouest du Japon : Nagasaki, Fukuoka, Kagoshima, Oita et Okinawa. Zénon Yelle a contribué à la formation de près de 200 prêtres japonais, dont cinq évêques. Il a collaboré à la traduction japonaise de nombreux ouvrages catholiques d'importance dont la Bible oecuménique japonaise. Depuis son retour à Montréal en 2004, il agit à titre de responsable de l'achat des volumes à la bibliothèque du Grand Séminaire de Montréal.
La religion occupe une place importante durant le parcours scolaire de Zénon Yelle. À l’école primaire, dès l'âge de neuf ans, il apprend notamment à servir la messe lorsque son oncle Émile devient évêque, en 1933. D’ailleurs, celui-ci fut le premier supérieur canadien du Grand Séminaire de Montréal, à l'âge de 33 ans. Il a terminé sa carrière religieuse en tant qu'archevêque de Saint-Boniface au Manitoba.
Au cours de ses études, Zénon Yelle démontre un grand intérêt pour les langues anciennes et modernes. D'ailleurs, sa connaissance du grec classique facilite sa réussite dans les examens du grec biblique. De 1945 à 1949, Zénon Yelle fait des études en théologie au Grand Séminaire de Montréal. Il obtient un baccalauréat en 1948 ainsi qu’une licence en 1949. Il est ordonné prêtre le 12 juin 1949. Zénon Yelle enseigne durant une année (1949-1950) les mathématiques au Séminaire de philosophie pour les étudiants qui se préparent au baccalauréat ès arts. Durant la même année, il termine sa scolarité de doctorat en théologie. Il fait ensuite sa solitude (année de formation pour les Sulpiciens) en 1950-1951 et devient membre des Prêtres de Saint-Sulpice. De1951 à 1953, il se spécialise à Rome à l’Institut biblique pontifical et obtient une licence en Écriture sainte. Il revient au Canada en juillet 1953.
Depuis 1947, Zénon Yelle sait, au moment de son appel intérieur, qu'il irait en mission au Japon. Les missions d'Asie ont besoin de missionnaires. Lors d'une visite au Saint-Sacrement à la chapelle du Grand Séminaire, Zénon Yelle est appelé : « Cet appel, on le sent profond. Il est à l'inverse de ce qui se vit au niveau de la sensibilité. On pourrait le qualifier de constant, puissant, calme mais absolu. Il surgit brusquement, sans préparation, à l'occasion d'une parole entendue, c'est là au moins mon expérience personnelle. Il remet en mémoire cette parole à demi-oubliée, il emplit totalement l'espace intérieur du coeur. C'est un choc, un monde nouveau, un abîme s'ouvre où il faut se lancer malgré les oppositions superficielles et sensibles, parfois violentes. La route est là, il n'y a que celle-là [...]. » Le premier réflexe est de refuser, de nier ce constat. Le combat intérieur dure six ans, de 1947 à 1953. Les supérieurs lui indiquent l'étude de l'Écriture sainte, mais il fait les démarches en vue d'aller au Japon. L'engagement missionnaire est quelque chose de très profond, Monsieur Yelle demande donc une réflexion et une préparation.
Monsieur Yelle a vécu 50 ans au Japon, dans une culture qui était différente de la sienne. En partance du Canada, il met un mois pour se rendre au Japon, voyageant en train et en cargo sur le Pacifique. Il arrive finalement à destination le 3 novembre 1953. Heureusement, les confrères Labelle et Laplante l’attendaient, lesquels étudiaient déjà la langue japonaise à Tokyo. Ils prennent le train pour se rendre à Fukuoka - La colline du bonheur, métropole du sud du Japon. Quatre vétérans canadiens et le père Hirata, un prêtre japonais, y résident déjà. Monsieur Yelle est initié à la culture japonaise. Il apprend à ne jamais parler d'argent et de nourriture, qu’un homme ne doit jamais se présenter à la cuisine n’étant réservée qu’aux femmes et qu’il ne faut pas donner la main à une personne, surtout s’il s’agit d'une femme.
L'histoire de la mission au Japon débute en 1933 lorsque deux sulpiciens, dont Paul-Émile Léger, se rendent au Japon pour l'établissement d'un Grand Séminaire. Un grand terrain est acheté à un prix modique au gouvernement japonais après la guerre. C'est ainsi que le Grand Séminaire de Fukuoka est construit de 1949 à 1951. Il est en béton pour éviter les dégâts causés par les possibles tremblements de terre, les typhons et le feu.
À l'arrivée de Zénon Yelle en 1953, il n'y a que le bâtiment et les jardins qui ne sont pas encore aménagés. Le froid hivernal est l'élément le plus difficile des premières années de son séjour. Après le premier hiver de 1954, il passe six semaines en convalescence. Il est épuisé et l'adaptation à ces nouvelles conditions de vie est difficile.
Monsieur Zénon Yelle se prépare à son apostolat pendant dix ans. Pendant ce temps, de 1954 à 1956, il étudie de façon intensive la langue japonaise à Tokyo. Il aborde également les deux systèmes syllabiques japonais et les caractères chinois, en portant une attention particulière à l'écriture et à la prononciation. Zénon Yelle s'occupe entre autres de l'enseignement de l'Écriture sainte, de l'hébreu, du grec et, occasionnellement, du dogme en théologie, de la liturgie et de la philosophie. En 1962, Monsieur Yelle est nommé aumônier des religieuses du Carmel de Fukuoka. Il est en charge des messes et des instructions dans cette communauté. Il entreprend à ce moment des travaux de traduction en japonais, en collaboration avec les religieuses du Carmel. Simple regard sur Jésus, la réflexion sur l'Évangile d'un moine anonyme de l'Église d'Orient, constitue la première traduction réalisée par l’équipe. Le livre est très bien accueilli et sera édité à plusieurs reprises.
Au cours de sa carrière religieuse au Japon, M. Yelle sera associé à de nombreux projets de traduction, dont deux d'une très grande importance. Le premier, celui de la traduction du Vocabulaire de Théologie Biblique (VTB), dont les travaux s'échelonnent de 1965 à 1973. 20 tirages de cet ouvrage seront réalisés jusqu'en 1999. Le deuxième, est la traduction de la Bible oecuménique en langue japonaise destinée aux non-chrétiens. Ce travail considérable s'étend sur plusieurs années, de 1970 à 1987, en raison de difficultés de terminologie. Ce projet d'envergure aboutit en 1987 avec la publication de la Bible oecuménique du Japon qui sera diffusée en millions d'exemplaires. En 1993, il supervise la création d'une édition de la Bible sur support informatique. Il deviendra ainsi une personne-ressource en théologie biblique au Japon. Zénon Yelle continue pendant toutes ces années à enseigner pour former des prêtres qui travailleront dans ce pays.
Zénon Yelle revient au Canada en 1956. Il écrit de nombreuses lettres à sa famille et à ses amis. Celles-ci constituent des témoignages qui décrivent sa vie et ses occupations au Japon. Zénon Yelle garde de nombreux souvenirs de ses 50 années de mission au Japon: la publication de la Bible oecuménique japonaise en 1987, l’obtention d’un diplôme de mérite oecuménique en avril 1994 en reconnaissance de la préparation des concordances japonaises de l'Ancien et du Nouveau Testament et la participation à des documents au 50e anniversaire du sacerdoce de ses premiers étudiants japonais en juin 2004. Sa mission au Japon constitue le récit d'une vie entière.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu:
Grand Séminaire de Montréal, 2065, rue Sherbrooke Ouest, Montréal, H3H 1G6
Téléphone: 514 935-1169
Site Web: http://www.sulpc.org
Zénon Yelle
Titre, rôle et fonction : M. Zénon Yelle a oeuvré durant 50 ans (de 1953 à 2004) au Grand Séminaire de Fukuoka au Japon à titre de missionnaire formateur du clergé.
Enquêteur : Mathieu Tremblay
Date d'entrevue : 30 octobre 2007, 1 novembre 2007
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: