Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Communauté des prêtres du Séminaire de Québec (Séminaire de Québec, Petit Séminaire de Québec, Collège de Lévis)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Forme d'apprentissage (9233)
et sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Ministère (9261).
Grand séminaire de Québec
© IPIR 2011, soumis à copyright
En 1962, le Concile Vatican II est ouvert par le pape Jean XXIII. Ce concile marque l’histoire du catholicisme puisqu’il sera à l'origine de grands bouleversements au sein de l'Église. Tout comme le Concile de Trente (1545-1563) qui fit passer l'Église du Moyen-Âge et à la Renaissance, Vatican II adoptera des mesures afin que l’Église s'adapte aux réalités du monde moderne. Les transformations de l’Église catholique touchent l’ensemble de la société occidentale catholique.
Dans cette mouvance, le Grand Séminaire de Québec se voit dans l’obligation de suivre le mouvement et révise son programme de formation des futurs prêtres afin d’améliorer le ministère sacerdotal, mais aussi pour assurer aux candidats à la prêtrise un discernement éclairé.
L'escalier central, resté inchangé
© IPIR 2011, soumis à copyright
La mission du Grand Séminaire de Québec est d’assurer la formation des futurs prêtres et de les accompagner dans leur parcours vers le discernement. Si la mission n’a pas changé avec les années, le cadre dans lequel s’inscrit le parcours vers le presbytérat s’est grandement transformé. Les changements sont de natures diverses. On constate d’abord des modifications quant à la durée de la formation. En effet, celle-ci était constituée de quatre ans d’études théologiques lors d’un internat au Grand Séminaire jusque dans le début des années 70. Depuis, elle est plutôt de sept, huit ou neuf ans; les variations étant attribuables notamment à une prolongation des études ou du stage.
Le cadre de vie au Grand Séminaire était autrefois très strict. Les candidats n’avaient qu’un après-midi de congé par semaine et ils visitaient leur famille seulement quelques fois par année. En outre, les séminaristes devaient toujours porter la soutane à l’extérieur de leur chambre, et ce, même durant les activités sportives.
Dans les années 70, on ajoute aux quatre années d’études théologiques un an de réflexion à la fin du parcours ainsi que deux ans de stage. Cette étape de la formation est sans contredit un énorme changement pour les séminaristes. En effet, autrefois, ils étaient peu en contact avec la réalité quotidienne que supposait leur ministère avant d’être ordonné. Aujourd’hui, ils peuvent travailler en paroisse au sein d’une équipe pastorale et être confrontés aux défis du métier avant même d’avoir complété leur cheminement. Durant le stage, le séminariste vit avec les prêtres de sa paroisse d’accueil, mais reste encadré par les membres de l’équipe de formation du Grand Séminaire. Cette expérience aide à son discernement puisqu’elle lui fait vivre la réalité actuelle dans laquelle il s’apprête à s’engager. De plus, elle lui permet d’être en contact avec des prêtres travaillant dans d’autres milieux que celui du Grand Séminaire ou du diocèse.
Cette diversification des tâches reliées à la prêtrise est aussi présente au sein de l’équipe de formation. Effectivement, avant son arrivée au poste de recteur du Grand Séminaire, l’abbé Marc Bouchard explique que seuls des professeurs de théologie avaient occupé sa place. Ainsi, il a été le premier prêtre à ne pas être un universitaire de carrière à diriger l’équipe de formation.
Un autre fait marquant est que les candidats à la prêtrise ont délaissé la soutane au profit d’un habillement laïc. Ceci constitue un changement majeur, car le port de la soutane à l’extérieur de l’enceinte du Grand Séminaire nécessitait invariablement une conduite précise puisque le séminariste représentait en tout temps l’Église.
Les congés et les contacts avec le reste de la population sont également plus fréquents. À ce sujet, il est à noter que l’ensemble des études théologiques se déroulait jadis au Grand Séminaire alors que maintenant les séminaristes suivent leur formation en théologie à l’Université Laval à Sainte-Foy. Par conséquent, les échanges avec d’autres étudiants et le monde laïc sont dorénavant quasi quotidiens. Par ailleurs, les séminaristes sont considérés comme des étudiants à part entière sur le campus; ces derniers pouvant bénéficier des mêmes droits que les autres, notamment en ce qui concerne l’accès au Programme de prêts et bourses du gouvernement québécois. Leur formation est également enrichie par des séances de discussion au Grand Séminaire sur des thèmes comme le célibat, ou encore, sur la psychologie, par exemple.
Enfin, il est important de souligner que des changements surviennent en raison de la diminution constante du nombre d’inscrits. Les conséquences du manque de relève se ressentent sur plusieurs plans et nécessitent des ajustements notoires dans la formation des séminaristes. On pense entre autres au fait que des candidats plus âgés sont acceptés, l’âge moyen étant maintenant dans la mi-trentaine au lieu du début de la vingtaine.
Le mode de vie à l’intérieur des murs en a été bouleversé. Par exemple, lorsqu’il y avait plus de deux cents séminaristes à étudier au Grand Séminaire, il y avait une chorale de plus de vingt-cinq personnes et de nombreux musiciens, ce qui n’est plus possible puisqu’il n’y a dorénavant pas plus d’une vingtaine de séminaristes.
La vie en paroisse a également beaucoup changé. Autrefois, les prêtres habitaient en groupe de trois ou quatre au sein d’un presbytère et de sept ou huit dans la même maison en ville. Ils avaient des ménagères, des cuisinières et des sacristains pour les aider. Aujourd’hui, la vie de prêtre se déroule très souvent en solitaire. C’est pourquoi le stage du séminariste joue un rôle très important dans son parcours puisqu’il lui fait réaliser les défis que représente le ministère du prêtre dans la société québécoise actuelle.
Depuis moins de cinq ans, de nouveaux changements ont été apportés au contenu de la formation scolaire des candidats au presbytérat. Désormais, ces derniers doivent compléter un certificat en philosophie à l’Université Laval, ce qui n’était pas obligatoire autrefois. En effet, on considérait que les séminaristes avaient déjà une base en philosophie avant leur arrivée. Cette matière était effectivement obligatoire à la formation au Petit Séminaire et plus tard, à celle du cégep. L’équipe de formation a récemment constaté des lacunes dans la connaissance de cette matière et a donc décidé d’ajouter le certificat au cursus. Cette modification a pour conséquence que les candidats consacrent moins d’énergie à poursuivre des études de deuxième cycle au retour de leur stage.
Escalier
© IPIR 2011, soumis à copyright
L’avenir de la formation des prêtres au Grand Séminaire de Québec n’est pas garanti. Le nombre de séminaristes inscrits diminuant sans cesse oblige l’équipe de formation à une grande capacité d’adaptation et d’innovation. Si deux diocèses étaient représentés par le Grand Séminaire de Québec à l’époque où l’on comptait deux cents séminaristes, l’institution dessert plus d’une dizaine de diocèses actuellement.
Pourtant, le rôle joué par le Grand Séminaire de Québec dans l’enseignement dans la province reste marquant. En assurant la formation en continu de centaines de prêtres à travers les époques, ce dernier a largement contribué au développement de la société québécoise dans sa forme actuelle.
Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu:
Grand Séminaire de Québec, 1 rue des Remparts, Québec (Qc), G1R5L7
Téléphone: 418 692-0645
Télécopieur: 418 692-0280
Site Web: http://www.gsdq.org
L'abbé Marc Bouchard
Titre, rôle et fonction : En 2011, il était supérieur de la résidence pour les prêtres âgées Cardinal-Vachon depuis un an et demi.
Lien avec la pratique : L'abbé Marc Bouchard a été séminariste au Grand Séminaire de Québec de 1950-1954. Il a ensuite été professeur et directeur du Séminaire de Saint-Georges de Beauce. Après un an d'étude à Paris, il revient s'installer en 1976 à Québec pour faire partie de l'équipe de formation du Grand Séminaire de Québec. Il y reste jusqu'en 1997, occupant diverses fonctions dont celui d'assistant au recteur et de recteur. Ensuite, il contribue à la revue diocésaine Pastorale Québec en tant que directeur et rédacteur en chef. Il est supérieur de la résidence pour personnes âgées Cardinal-Vachon depuis un an et demi. L'abbé Marc Bouchard a connu les changements survenus dans la formation et dans la vie quotidienne au Grand Séminaire de Québec.
Enquêteurs : Marie Renier, Marie-Ève Samson
Date d'entrevue : 18 mars 2011
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: