Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Protestantisme
Groupe: Presbytérien
Diocèse, association ou regroupement: Église presbytérienne du Canada / Presbyterian Church in Canada (Presbytery of Québec)
Paroisse, congrégation ou équivalent: St. Andrew's Presbyterian Church (Québec)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Laïc (9250), Service au culte (9253)
et sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Récit fondateur (9241).
Le débarquement de l'Anse au Foulon
© Source: http://www.78thfrasers.org/, 2011, Internet.
L’histoire du 78th Fraser Highlanders commence en Grande-Bretagne. À l’époque, la guerre de 7 ans oppose certaines puissances européennes, dont l’Angleterre et la France. La marine française est considérablement affaiblie et le roi d’Angleterre, George III, y voit l’occasion de porter le coup final à la Nouvelle-France. En 1757, connaissant la réputation des soldats écossais, le roi demande à Lord Lovat de former le régiment 78th Fraser Highlanders. Le roi accepte que les soldats du 78th Fraser Highlanders portent le kilt, parlent le gaélique et jouent de la musique écossaise, un acte de souplesse dans une période particulièrement répressive envers l’Écosse.
Le régiment est très rapidement levé et environ 1800 soldats partent par bateau vers l’Amérique pour combattre, en 1759, à Québec sur les Plaines d’Abraham sous les ordres de Wolfe. Lorsque la guerre de 7 ans prend fin, en 1763, le régiment est démantelé. Le 78th Fraser Hilghlanders est le seul régiment britannique à avoir été démantelé en dehors des îles britanniques. En effet, selon notre informateur, le roi d’Angleterre n’avait pas intérêt à ce que les soldats reviennent en Écosse après avoir reçu un entraînement militaire prolongé. L'astuce du roi fonctionne en partie puisque 160 soldats décident de s'établir à Québec après le démantèlement. De ce nombre, beaucoup parlent le gaélique et sont catholiques. En se mariant avec des Québécoises, ces soldats n’auraient jamais vraiment appris l’anglais puisqu’ils seraient passés directement du gaélique au français. En ce qui concerne les officiers du 78th Fraser Highlanders, la majorité est anglophone et presbytérienne. À ce propos, un pasteur presbytérien, Robert MacPherson, accompagne toujours le régiment.
Après le démantèlement, les membres du 78th Fraser Highlanders presbytériens restés à Québec ont l’habitude de se réunir dans une partie d’un édifice jésuite prêté par les Anglais. Cet édifice est aujourd’hui à l'emplacement de l’Hôtel de Ville de Québec. Après l’érection de la cathédrale Holy Trinity par les Anglais, les Écossais font une demande au roi d’Angleterre pour obtenir un terrain afin de construire une église presbytérienne. Cette demande est acceptée et l’église St. Andrew’s est inaugurée en 1810. Un autre régiment, les Cameron Highlanders, est déployé à Québec par les Anglais de 1825-1851 (www.78thfraser.ca, 2011). Ses membres se joignent aux familles d’origine écossaise pour les célébrations religieuses à l’église St. Andrew’s. L’arrivée du nouveau régiment incite la congrégation à agrandir l’église. On y construit des jubés pour accommoder les soldats, car on tient à les séparer des familles puisque « la congrégation n’est plus militaire, mais civile depuis 1765 » (www.78thfraser.ca, 2011).
L’histoire du 78th Fraser Highlanders se poursuit au 20e siècle, lorsque des subventions gouvernementales sont mises à la disposition de plusieurs partenaires, dont le musée Stewart, pour financer la reconstitution du régiment à l’occasion d’Expo 67. Le quartier général est établi sur l’île Sainte-Hélène à Montréal. Le nouveau régiment n’est pas militaire, mais historique. Ses membres sont des passionnés de musique et d’histoire ou des descendants d'Écossais. Sa mission est de « faire la promotion de l’histoire du Canada, de l’histoire et de la culture écossaise ainsi que de transmettre ces traditions aux générations de demain » (www.78thfraser.ca, 2011). Vers la fin des années 70, les fonds pour la reconstitution sont épuisés. Pour assurer la pérennité du régiment, des groupes, appelés « garnisons », se forment. Grâce à une partie de leur cotisation, les membres financent le régiment de Montréal. Petit à petit, les garnisons naissent partout en Amérique du Nord. Aujourd’hui, on en compte 13 dont le Olde Fort St. Andrew’s de Québec.
La garnison de Québec existe depuis 2002 à la suite de démarches entamées par des membres de l’église St. Andrew’s qui voulaient créer un ensemble de cornemuses et de tambours (plus connu sous le nom Pipes and Drums Band). Très vite, une dimension culturelle et historique se juxtapose au côté musical avec l’arrivée de nouveaux membres.
Reproduction d'un costume d'un officier du 78th Fraser Highlanders
© IPIR 2011, soumis à copyright
Aujourd’hui, le régiment historique du 78th Fraser Highlanders est intimement lié aux activités de la congrégation presbytérienne de Québec. Par exemple, le régiment participe aux levées de fonds pour financer l’entretien de l’église St. Andrew’s. De plus, l’ensemble de cornemuses et de tambours tient ses répétitions à l’intérieur de l’église tous les jeudis soir ou bien sur le parvis lorsqu’il fait beau.
La garnison de Québec est responsable de l’organisation de plusieurs activités pour célébrer la culture écossaise dont le Jour du Tartan et le Robbie Burns Night. Cette fête est dédiée à un des plus importants poètes de l’Écosse. Lors de la soirée, le pasteur de l’église St. Andrew’s est invité à la table d’honneur pour dire les grâces. En effet, comme au 18e siècle, le pasteur de la première église presbytérienne est toujours considéré comme le padre du 78th Fraser Highlanders, et ce, à la grandeur de l’Amérique du Nord.
À mesure que l’intérêt se fait grandissant pour l’histoire du 78th Fraser Highlanders, des membres de la congrégation cherchent à en connaître davantage sur la première communauté écossaise à Québec. Les efforts combinés des deux groupes mènent à l’aboutissement de plusieurs projets comme la reconnaissance officielle du Jour du Tartan à l’Assemblée nationale, la conception d’un tartan propre à l’église St. Andrew’s ainsi que la création d’un musée à l’intérieur de l’église.
Dans ce dernier, on retrouve plusieurs objets liés au 78th Fraser Highlanders. Par exemple, on y découvre le costume du 78th Fraser Highlanders constitué principalement d'un haut rouge et d'un kilt à dominance de teintes orangées.
À l'époque de la guerre de 7 ans, des variantes existent selon le rôle occupé par le soldat dans le régiment. Par exemple, le batteur porte un haut orangé et non rouge. Cela facilite son repérage, car n’étant pas armé, il n’est pas considéré comme un soldat. Par conséquent, rares sont les batteurs blessés au combat. Les membres du 78th Fraser Highlanders portent aussi des bas à carreaux rouges et blancs. L’histoire raconte qu’à leur arrivée, leurs bas étaient très minces et peu appropriés pour le climat hivernal québécois. Les Ursulines de Québec leur ont donc proposé de leur en tricoter de plus chauds en échange de bois de chauffage.
Dans l’église, deux drapeaux sont également exposés. Le blanc est le drapeau régimentaire. On y voit un « 78 » brodé en chiffres romains ainsi que le symbole floral de l’Écosse, le chardon. Ces mêmes symboles sont reproduits aussi au centre du deuxième drapeau. Ce dernier est le drapeau du roi puisque l’on y retrouve la croix de St. George en rouge et la croix de St. Andrew en bleu et blanc. L’étendard ressemble à celui de l’Union Jack, mais sans la croix de l’Irlande puisque jadis, la Grande-Bretagne était composée seulement de l’Angleterre et de l’Écosse.
Le drapeau du régiment 78th Fraser Highlanders
© IPIR 2011, soumis à copyright
Une des missions du régiment historique est la transmission des traditions écossaises aux jeunes générations. Le régiment est constitué de deux groupes, un plus jeune et l’autre plus âgé qui occupe essentiellement un rôle de soutien. Aujourd’hui, la garnison de Québec est presque autonome, car elle s’autofinance grâce à ses activités. Le 78th Fraser Highlanders participe à des événements publics et privés et propose une animation musicale grâce à son ensemble de cornemuses et de tambours, une garde d’honneur et une salve de canons de cérémonie. À ce sujet, le régiment est désormais équipé de son propre canon et chaque soldat possède son costume d’époque et son mousquet. Les aînés du groupe travaillent surtout à lever des fonds pour encourager les jeunes plus prometteurs, comme certains cornemuseurs, à se perfectionner dans des écoles à Cape Breton (Nouvelle-Écosse) et éventuellement en Écosse.
Municipalité: ville de Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
Lieu:
Garnison de Olde Fort St. Andrew's située à l'église Saint Andrew's, 106, rue Saint-Anne, Québec (Qc), G1R 3X8
Téléphone: 418-934-3351
Site Web: http://www.78thfraser.ca/
Guy Morisset
Titre, rôle et fonction : Officier commandant de la garnison de Olde Fort St. Andrew's de 2003 à 2009.
Lien avec la pratique : Guy Morisset a une connaissance approfondie de l'histoire du 78th Fraser Highlanders et de la congrégation. De plus, en étant officier commandant de la garnison de Québec pendant plus de 5 ans, il a pu suivre l'évolution du groupe.
Enquêteur : Francesca Désilets et Marie-Eve Samson
Date d'entrevue : 9 mars 2011
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: