Récit de pratique culturelle

La crèche sculptée de l'église de Saint-Jean-Port-joli

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse Ste-Anne-de-la-Pocatière
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saint-Jean-Baptiste (Saint-Jean-Port-Joli)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Objet (9293).

Historique général


L'enfant Jésus
© IPIR 2011, soumis à copyright

C’est en 1987 que la crèche de Noël de Saint-Jean-Port-Joli fut exposée pour la première fois. L’idée venait d’un défi lancé par le curé de l’époque, Sarto Lord, à l'un des sculpteurs de la ville, Benoi Deschênes. Ce dernier avait critiqué la crèche de l’époque, qui était faite de plâtre malgré la forte réputation de la sculpture sur bois à Saint-Jean-Port-Joli. Le curé lui proposa d’en créer une, défi qu'il releva en se chargeant de rallier une équipe de sculpteurs afin de réaliser le projet. Il demande donc la collaboration de quinze artistes sculpteurs et le 12 décembre 1987, les vingt-et-un personnages et animaux en tilleul sont remis à la paroisse et à l’église lors d’un vernissage grandement médiatisé. (La Paroisse de Saint-Jean-Port-Joli, L’histoire d’une Crèche 3D).
Dans la tradition catholique, l’histoire de la crèche remonte à 1223 avec Saint-François d’Assise qui organisa une scène vivante avant la messe de Noël. En effet, les premières crèches étaient formées d'acteurs et c’est peu à peu que les personnages et les animaux furent remplacés par des figurines. Toutefois, l’origine de la première crèche matérielle n’est pas fixée. Certes, en 1283, la première crèche avec des personnages était une commande du Pape Onofrio IV et par la suite, les Jésuites en réalisèrent à Prague en 1562, ce qui constitue les plus anciennes connues. L’histoire se poursuit par l'apparition de crèches dans les familles à partir du XVIIe siècle. Ce n’est qu’un siècle plus tard que leur popularité augmente, surtout à Naples dans les demeures aristocratiques ainsi que dans les foyers de la noblesse et de la haute bourgeoisie.
Plus tard, pendant la Révolution française, les représentations publiques sont interdites. On assiste par conséquent à l’augmentation du nombre de crèches dans les domiciles, marquant le début de la crèche provençale. Plus rustique que la napolitaine, elle est issue de la familiarité avec la population des villages de Provence. La crèche de Noël étant une tradition familiale, on l’installe le premier dimanche de l’Avent ou le dernier dimanche avant la fête pour y rester jusqu’au 2 février qui est le jour de la présentation de Jésus au Temple. Au sommet, on place l’ange qui s’est adressé aux bergers ainsi qu’une étoile qui évoque celle des trois rois mages. L’enfant Jésus, Marie, Joseph, les bergers, l’âne, le boeuf et les moutons sont disposés en premier. Ensuite, on ajoute les santons avec un nouveau personnage annuellement. Ce n’est que le 6 janvier, jour de l’Épiphanie. que les trois mages sont installés. (Le CyberCuré, oecuménique et interreligieux. «Tradition de la crèche de noël» [En ligne] http://catholique-nanterre.cef.fr/faq/fetes_noel_tradition_creche.htm#Origine , page consulté le 2 juin 2011).

Description


Benoi Deschênes
© IPIR 2011, soumis à copyright

L'art religieux est un aspect très important dans la municipalité de Saint-Jean-Port-Joli, visible à travers les différentes oeuvres présentes autant à l'intérieur de l'église que partout dans la ville. D'ailleurs, les sculpteurs de l'endroit se voient souvent recevoir des commandes de l'extérieur de la municipalité et même de l'international. L'idée du projet de la crèche en bois sculptée provient d'une blague lancée par le curé de l'époque, Sarto Lord, à l’un des sculpteurs de la paroisse, Benoi Deschênes. Désirant une crèche représentant l’âme du village, ce dernier constitue une équipe de six sculpteurs de la paroisse afin de remplacer la crèche en plâtre par une œuvre en bois. Par la suite, le curé lance une invitation aux sculpteurs de la paroisse afin de leur permettre de participer au projet.
Les artistes se rencontrent à quelques reprises avant de mettre en branle le processus de confection de la crèche. Durant ces réunions sont réglées les questions du type de bois, des dimensions, de l'attribution des personnages, etc. Ils optent pour le tilleul, bois pâle que l’on retrouve en profusion au Québec. Les oeuvres sont de deux dimensions (douze et vingt-quatre pouces) afin de créer un effet de perspective, les plus petites étant installées au fond du décor. Le choix du style italien de la crèche, plus classique, est inspiré de l'architecture traditionnelle de l’église datant de 1779. En ce qui concerne les costumes, les artistes se sont inspirés du film «Jésus de Nazareth» tourné durant les années 1970. Puis, l'attribution des pièces s'est faite selon la spécialisation des sculpteurs (sculpture d'animaux, d’objets ou de personnages).
Il n'y a eu aucune modification sur les oeuvres déjà sculptées, par souci de conserver l'uniformité mais également parce que certains participants sont aujourd'hui décédés. Il y a eu trois ajouts depuis 1987: l'étable, la Vierge enceinte et l'ange à la trompette. L'étable est arrivée par un concours de circonstances : un des sacristains a découvert le tronc d'arbre dans une rivière. Puis, la Vierge enceinte sculptée par Jacques Bourgault est arrivée en 1994. Malgré certaines réticences du groupe pour représenter une Vierge enceinte, l’idée fut finalement acceptée et la sculpture est placée dans la crèche à partir du moment de son installation jusqu'à la fin de la période de l'Avent. Enfin l'ange à la trompette est sculpté par André-Médard Bourgault en 2009. Refusant d’abord de s’impliquer dans le projet, ce dernier changea finalement d'avis et créa la dernière pièce. Il y a encore de la place pour ajouter d’autres œuvres dans la crèche, mais celles-ci doivent être acceptées par l'association des sculpteurs qui ont participé au projet.

Apprentissage et transmission


Un des trois Rois Mages
© IPIR 2011, soumis à copyright

L'apprentissage de la pratique s'est fait de deux façons: soit par transmission intergénérationnelle dans une même famille ou soit par formation. Ainsi André-Médard Bourgault provient d'une famille de sculpteurs ; son père est d’ailleurs considéré comme le pionnier de la sculpture sur bois à Saint-Jean-Port-Joli. Pendant plusieurs années, il a appris en observant son père et en travaillant avec lui. La transmission du savoir-faire se fait ici par l'entremise de l’école de sculpture de la famille Bourgault.
Pour Sylvain Leclerc, son père n’était pas sculpteur mais possédait un atelier de bateaux miniatures. C'est de cette façon que Monsieur Leclerc a commencé à s'intéresser aux travaux manuels et à la sculpture, même si celle-ci n’est qu’un hobby pour lui. Enfin, Denys Heppell et Benoi Deschênes ont appris la sculpture par l'entremise d'une formation. Ce dernier avait été remarqué par un sculpteur connu de Saint-Jean-Port-Joli qui l'avait invité chez lui. La même année, Jean-Julien Bourgault le pris comme apprentis afin d'approfondir son art. Aujourd'hui, il a transmis son savoir-faire à son fils qui est maintenant sculpteur, ainsi qu’à d'autres individus dans son école. Quant à Denys Heppell, celui-ci a appris la sculpture par l'entremise de son grand-père. Originaire de la Gaspésie, il déménagea à Saint-Jean-Port-Joli et débuta des cours à l'école des Bourgault ; depuis, il n'a jamais quitté la municipalité. Denys Heppel ne transmet pas son savoir-faire mais il a espoir que la popularité de cet art revienne dans un futur proche.

Localisation

Municipalité: Saint-Jean-Port-Joli
Région administrative: 12 Chaudière-Appalaches
Lieu: L'église Saint-Jean-Baptiste (Saint-Jean-Port-Joli), 1, Place de l'église, Saint-Jean-Port-Joli, G0R 3G0
Téléphone: 418-598-3023
Site Web: http://www.eglisesaint-jean-port-joli.com/
Ressources:

L'exposition de crèches de Noël est ouverte de juin à octobre.

 


Source

Sylvain Leclerc, Benoî Deschênes, Denys Heppel et André-Médard Bourgault
Titre, rôle et fonction : Sylvain Leclerc est membre du comité fondateur, tandis que Benoî Deschênes (l'initiateur du projet et membre du comité), Denys Heppel et André-Médard Bourgault sont des sculpteurs (ce dernier étant un spécialiste de l'art religieux).

Enquêteurs : Maxime Paquet, Meggie Lafleur, Mathilde Lamothe
Date d'entrevue : 1 juin 2011


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: