Récit de vie
Tradition: Spiritualité autochtone
Appartenance: Spiritualité autochtone (Algonquins)
Groupe: La communauté de Lac-Rapide
Paroisse, congrégation ou équivalent: La communauté de Lac-Rapide (Algonquins)
Classé sous Système de croyance (9100), Phénomène naturel et vision du monde (9110)
et sous Système de croyance (9100), Mythe (récit fondateur d’une religion) (9130), Récit fondateur (9131).
Jacob Wawatie tenant le foin d'odeur
© Soumis à copyright, IPIR 2010
Fondateur de l’Académie Kokomville, Jacob Wawatie est enseignant, trappeur, artisan et guide spirituel. Algonquin, il dit apprendre particulièrement de sa culture et de la nature. Fort de son parcours et de ses expériences, Jacob Wawatie aspire aujourd’hui à une vie en harmonie avec la nature.
Né le 11 juillet 1956, Jacob Wawatie grandi sur les terres familiales dans le parc de La Vérendrye, à la rencontre de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’Outaouais, près du lac Barrière. Sa famille utilise principalement les ressources du territoire pour répondre à ses besoins. Sa grand-mère, Lena Jerome Nottaway, fonde, dans les années 1960, la communauté de Kokomville, où elle s’installe avec ses enfants, sur le bord du lac Nanwatinok. En 1962, Jacob Wawatie est contraint à fréquenter un pensionnat indien, école dont le but avoué est l’assimilation. Les autochtones doivent alors respecter les pratiques imposées, notamment l’usage du français, les enfants parlant leur langue étant punis. Vers l’âge de 15 ans, Jacob Wawatie retourne vivre avec sa mère, Irène Giron, qui lui apprend à identifier, cueillir, préparer et apprêter les plantes médicinales et comestibles.
Il part, quelques années plus tard, travailler aux États-Unis comme enseignant en arts plastiques. Il poursuit par ailleurs ses études et devient, en 1976, le premier Algonquin à obtenir un diplôme d’une université de l’État de New York. Il devient directeur, en 1978, de l’école de Rapid Lake et travaille dès lors, avec l’aide des enseignants, à la restructuration du programme scolaire afin de l’adapter aux réalités autochtones. Répondant davantage aux besoins de la communauté, le programme tient compte de l’influence de la famille dans le processus de transmission du savoir. Il s’attache également à la reconstruction de l’identité et du lien entre les enfants et la communauté autochtone. Jacob Wawatie travaillera à l’école de Rapid Lake jusqu’en 1984. Entre 1978 et 1995, plus d’une centaine d’étudiants y obtiennent leur diplôme. Jacob Wawatie travaille, de 1983 à 1995, comme animateur auprès des services sociaux aux Premières nations en Outaouais. Dès 1998, il se consacre à la création d’outils pédagogiques destinés aux communautés autochtones et s’appuyant sur les récits et la tradition. Un programme social et éducatif est par exemple mis sur pied à Ottawa afin d’initier les élèves aux identités et patrimoines autochtones. En 1999, Jacob Wawatie devient porte-parole de sa communauté algonquine, laquelle s’attache à protéger le territoire du parc de La Vérendrye contre l'exploitation forestière.
Fort de ses expériences et de ses aspirations, Jacob Wawatie fonde dans les années 2000 l’Académie Kokomville, destiné à une meilleure compréhension de la nature. Située dans le parc de la Vérendrye, l’école privilégie l’apprentissage des valeurs traditionnelles et familiales. Elle participe à la promotion d’un mode de vie en harmonie avec la nature et ses ressources. Au fil des ans, l'Académie Kokomville offre une variété d'ateliers, de conférences et de présentations encourageant une existence individuelle prospère et une coexistence harmonieuse. Il convient ainsi, selon son fondateur, Jacob Wawatie, d’affermir la collaboration culturelle entre les nations afin de retrouver une vision commune de l’existence. L’académie organise ainsi des rassemblements où sont transmises des connaissances sur la nature et la culture autochtone et où des liens sont créés entre les participants. Les entrevues et les cercles de guérison doivent certes servir à guérir les malades, mais veulent aussi créer des liens, mieux comprendre la Terre Mère et apprendre à respecter la nature. L’Académie Kokomville propose, selon Jacob Wawatie, un modèle respectant l’ordre naturel des choses et qui, contrairement au système scolaire, ne dénaturalise pas la Terre Mère puisque n’offrant que très peu de cours liés à l’environnement.
Aujourd’hui guide spirituel, rôle qu’il assume en harmonie avec la nature, Jacob Wawatie s’initie très jeune à la chasse, la pêche et la vie en forêt par sa famille. Avec l’aide de sa grand-mère, il devient un chasseur autonome, capable de subvenir à ses besoins. Son aïeule l’initie de plus aux contes autochtones, lui apprenant par exemple le récit de la grande tortue, récit fondateur des Algonquins. Jacob Wawatie est d’ailleurs aujourd’hui considéré comme un des porteurs de ce récit devant en assurer la transmission. Selon le récit de la grande tortue, tous appartiennent au peuple de l’Île de la Tortue. En son sein, des divisions se sont créées par des non-Algonquins tels les Hurons et les Iroquois, engendrant des scissions des ressources et des connaissances. La légende considère qu’il existe dans l’univers autant de clans que d’animaux, d’oiseaux et de plantes, les aspects de la faune et la flore possédant un esprit pouvant rejoindre celui de l’homme. De ce fait, chaque personne peut, selon le récit, appartenir à cinq clans : animal, arbre, oiseau, poisson et insecte. Jacob Wawatie se dit ainsi influencé par ces cinq clans quand il danse. Tel qu’il l’exprime, chacun danse différemment selon les caractéristiques de ses clans : « La danse exprime notre manière de voir la vie et notre histoire. Ce sont les émotions, ou les esprits qui les accompagnent, qui dictent les pas.»
Jacob Wawatie s’est de plus tourné vers sa grand-mère, Lena Jerome Nottaway, afin de l’aider à mieux comprendre la philosophie de la nature et celle autochtone. Détentrice d’un doctorat honorifique de l’Université de Carleton pour ses connaissances traditionnelles, son aïeule l’a initié aux cérémonies, notamment celles avec les huttes à suer. Aujourd’hui, Jacob Wawatie pratique des cérémonies de prières privées et publiques au cours desquelles il utilise divers objets, plantes, souvenirs de voyages et articles offerts par les aînés. En plus de faire connaître la culture autochtone dans de nombreuses écoles de l’État de New York, de l’Ontario et du Québec, Jacob Wawatie offre des conférences dans les universités.
Municipalité: Kokomville
Région administrative: 08 Abitibi-Témiscamingue
Lieu:
Académie Kokomville
Site Web: http://www.kokomvilleacademy.com/
Ressources:
http://www.kokomvilleacademy.com/
http://www.native-dance.ca/index.php/Interviews/Wawatie
Jacob Wawatie
Titre, rôle et fonction : Guide spirituel et fondateur de l'Académie de Kokomville
Enquêteur : Valérie Roussel
Date d'entrevue : 18 juillet 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: