Récit de lieu
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Trois-Rivières
Communauté religieuse: Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée
Classé sous Organisation religieuse (9200), Espace religieux (9270), Lieu sacré (9273).
Le pont des chapelets du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, le 14 août 2010
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Le pont des chapelets du sanctuaire a été construit en 1924, en souvenir du pont de glace qui s’est formé en 1879. L’histoire du pont de glace est liée à la fondation et à la construction du sanctuaire ainsi qu’à la préservation de l’ancienne église.
Dans les années 1870, l’église est devenue trop petite et le curé Désilets a demandé l’aide de l’évêque afin d’en bâtir une plus grande. L’évêque lui propose d’utiliser les pierres de la petite église pour construire la nouvelle. Les pierres supplémentaires devraient toutefois provenir de la Rive-Sud du Saint-Laurent puisque du côté nord, il n’y a que du sable et du gravier.
De retour dans sa paroisse, le curé demande aux fidèles de réciter les 15 mystères du rosaire afin que le fleuve gèle et que les pierres puissent être transportées sur la glace. Cependant, l’hiver est très doux et le fleuve n’a toujours pas gelé en février. Malgré tout, le curé Désilets encourage les paroissiens à continuer leurs prières : « Vous allez voir que ça va geler ». À la fin février, peu de gens continuaient de prier et à la mi-mars, il restait seulement une vingtaine de prieurs.
Dans la petite église, le curé Désilets reprend ses prières devant la statue de la Sainte Vierge qui se trouvait sur l’autel du rosaire. Sa prière est très simple : « Donnez-moi un chemin pour que j’aille chercher des pierres. Je vous promets que je ne démolirai pas la petite église. Je vais vous la consacrer ». À partir de ce moment, le vent a commencé à souffler de l’ouest et les blocs de glace qui étaient sur le fleuve ont fait un embâcle. Le dimanche soir, après les vêpres, le curé a demandé aux habitants du Cap-de-la-Madeleine de venir avec des pelles et des seaux. Ensemble, ils commencent à lancer de l’eau sous les blocs de glace. En soirée, ils ont presque traversé la moitié du fleuve. Le lendemain matin, le mercure descend à 20 degrés sous zéro et 12 centimètres de neige sont tombés. Encouragés par la météo, les hommes continuent de pousser la neige et la glace.
Le 16 mars, la veille de la fête de saint Joseph, le curé annonce aux gens qu’il célébrera une messe le lendemain à 7 heures, dans le petit sanctuaire. Il demande aux hommes de s’habiller comme s’ils allaient travailler. Après la messe, monsieur Bourassa, un jeune père de famille de 32 ans, dit au curé qu’il allait essayer le pont en premier. Il part à cheval, avec son chapelet. Le pont tient bon. Entre le 19 et le 25 mars, une centaine de voitures tirées par des chevaux traversent le fleuve afin de transporter des pierres. Malgré la glace mince, il n’y eut aucun accident. Les gens avaient tellement peur que la glace cède qu’ils répétaient leur chapelet durant toute la traversée. Rapidement, les travailleurs ont changé le nom du pont de glace pour celui de « pont des chapelets ».
Le pont des chapelets de l'Oratoire Notre-Dame-du-Cap
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Lorsque l’évêque a vu que les hommes traversaient le fleuve en disant leur chapelet et que femmes et enfants priaient, il a demandé qu’on ne détruise pas la petite église et qu’on la dédie plutôt à Notre-Dame-du-Rosaire. En 1924, les responsables de la basilique ont construit le pont des chapelets. D’abord en bois, il a été rebâti en pierre. Le pont fait maintenant partie du parc du sanctuaire et est orné d’immenses rosaires et de lumières. Il représente un lieu de commémoration de ce que les gens appellent le miracle du pont de glace. Il est aussi une attraction touristique menant au chemin de croix et au sépulcre.
Municipalité: Trois-Rivières
Région administrative: 04 Mauricie
Lieu:
Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, 626, rue Notre-Dame Est , Trois-Rivières, G8T 4G9
Téléphone: 819-374-2441
Site Web: http://www.sanctuaire-ndc.ca
Jean Normandin
Lien avec la pratique : Jean Normandin travaille pour le sanctuaire depuis plus de 58 ans. Pendant plusieurs années, il s’est occupé du « rosaire perpétuel ». Il a également été le photographe attitré du site Notre-Dame-du-Cap et a ainsi immortalisé les étapes de la construction de la grande basilique. Il continue d’agir comme guide pour les pèlerins et les touristes.
Enquêteurs : Maude Redmond-Morissette, Imre Nogradi
Date d'entrevue : 22 juillet 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: