Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Montfortains
Classé sous Pratique religieuse (9300), Enseignement religieux (9360), Prédication (9361).
Père Hector Bibeau
© IPIR 2009, Soumis à copyright
Dans l’Église catholique romaine, chaque congrégation ou communauté a une mission particulière. Cette mission est généralement initiée par leur fondateur ou leur fondatrice. C’est le cas des Montfortains dont la mission de prédication a été initiée par leur fondateur Jean-Marie Grignon de Montfort. Le père Montfort, après avoir été aumônier à l’hôpital général de Poitiers, s’engage durant toute sa vie dans la mission itinérante. Il commence dans un faubourg de Poitiers (France), habité par des gens pauvres. Ces derniers, gênés de se réunir dans l’église paroissiale fréquentée par la bourgeoisie, trouvaient en Montfort un être très proche d’eux. Il décide, en 1705, de réunir au sein d’une compagnie de Marie des prêtres et des catéchistes. Après sa mort, la communauté se divisera en deux : la Compagnie de Marie devenue Pères montfortains et la congrégation enseignante devenue Frères de l’instruction chrétienne de Saint-Gabriel.
Entre 1880 et 1904, les activités des communautés religieuses sont interdites en France et, pour assurer la formation des futurs prêtres, les Montfortains décident de s’établir au Canada. Ainsi, à la diligence du père Rousselot, alors curé de Notre-Dame à Montréal, les premiers Montfortains arrivent en 1883 et fondent un orphelinat.
La mission des Montfortains s’inscrit dans le prolongement de celle de Jésus : « Le Seigneur m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Luc 4 :18). Selon la croyance des Montfortains, le règne de Jésus va s’établir par Marie : « Entrer dans la foi de Marie, c’est prendre le chemin le plus simple et le plus droit, vers le Dieu que nous désirons tant atteindre ».
Entre 1900 et 1940, le prédicateur portait l’image du « maître-prophète » qu’on écoute. Sa feuille de route couvrait toute l’année, mais le temps fort était l’avant-carême et le carême. À cette époque, un grand nombre de prêtres ont fait carrière dans la prédication populaire. C’était des « routiers de l’évangile ». Tout ce qu’ils emportaient avec eux c’était une valise de prédicateur. Ces prédicateurs étaient d’abord et avant tout des moralisateurs. Pendant une retraite paroissiale qui pouvait durer jusqu’à quatre semaines, un prêtre donnait trois sermons par jour. Le contenu de leurs messages s’articule autour des thèmes suivants : le péché, le péché véniel, le péché mortel, la conversion, la contrition, la vie chrétienne, le jugement, la mort, l’enfer, la confession, le mariage, le devoir des époux, la charité, les sacrements, la souffrance, la persévérance, etc.
Les conditions de travail de la prédication populaire n’étaient pas toujours idéales. Les prêtres parcouraient toutes les régions allant de Québec, à Montréal, à Kamouraska, à Rivière-du-Loup, à Campbelton, à Iberville, et ce, pendant toute l’année. Ils travaillaient à plein temps. Quand ce n’était pas une retraite de paroisse, c’était les Quarante-Heures, les récollections aux gardes-malades et aux religieuses, les retraites d’enfants ou dans les hospices. Si, à l'époque, on présentait l’image d’un Dieu comptable qui note le bien et le mal de chaque être humain, une participation réduite dans les retraites vers la fin des années 1930 allait donner lieu à un changement d’horizon et modifier peu à peu le style de la présence montfortaine dans la prédication populaire. On a changé et les formes de retraite et les contenus des messages. Le prédicateur n’est plus seulement moraliste, il devient catéchète et redit en « mots nouveaux » le message évangélique.
Entre 1968 et 1988, le prédicateur se transforme en animateur : c’est le cadre des réflexions dialoguées. On présente, en ce temps, l’image d’un Dieu ami, accueillant, qui soutient la bonne volonté des gens. La religion est présentée non pas comme une liste d’épicerie mais comme un cheminement : « On serait plus heureux si on croyait, on serait plus heureux si on pratiquait, on serait plus heureux si on s’aimait ». Et cette façon de prêcher la religion va représenter la caractéristique de la prédication des Montfortains.
Au cours de l’année 2001, en réponse à un besoin d’actualisation, des pères, des frères et des laïcs se sont réunis et ont décidé d’adopter une nouvelle forme d’évangélisation dans le contexte de la culture actuelle. Cette nouvelle approche se définit en quatre grands points : éveiller, nourrir, éclairer et convertir. Éveiller, c’est présenter un Dieu qui rejoint les questions fondamentales des gens du 21e siècle. Présenter un Dieu qui s’incarne dans l’histoire et le vécu de la société moderne avec ses limites et ses forces. Nourrir, c’est partir des besoins des gens, les aider à lire l’action de Dieu dans leur vécu, les accompagner en proposant des moyens concrets pour cheminer dans leur vie spirituelle. Éclairer, c’est stimuler les valeurs, écouter les gens et répondre à leur questionnement, être en route et cheminer avec les autres, clarifier son identité spirituelle et faire des liens significatifs entre l’Évangile et la vie. Convertir, c’est promouvoir des actions qui font grandir spirituellement, proposer des activités qui permettent une croissance spirituelle, comprendre les problèmes des autres et développer une attitude de compassion.
Les Montfortains sont des prédicateurs, selon la tradition initiée par leur fondateur. Pour bien répondre à cette mission, du collège au scolasticat, toute leur formation consistait d’abord en la préparation à prendre la parole en public. Au collège, il faut lire cinq jours par semaine devant les élèves. On lisait le matin en anglais, au milieu de la journée et le soir en français. L’apprentissage des gestes se faisait à travers des pièces de théâtre.
Au scolasticat, il fallait faire des conférences en public sur une thématique spéciale. Au moment de la conférence, le père responsable s'installe au fond de la salle pour écouter. De temps à autre, il arrête le conférencier pour faire les corrections nécessaires. Ses corrections portent sur plusieurs aspects: le timbre de la voix, la diction, la ponctuation, le contenu des différents paragraphes, etc. On organisait au cours des fêtes paroissiales des concours de prédication pour les jeunes prêtres. Les fêtes paroissiales duraient à l’époque quatre semaines et à la fin on donnait des gratifications aux meilleurs prédicateurs. A partir des années 1960, c’est la crise vocationnelle et les appels des prédicateurs ne se font plus entendre.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu:
Maison des Pères montfortains de Montréal, 6455, avenue Louis-Riel, Montréal, H1M 1P1
Téléphone: (514) 253-8356
Père Hector Bibeau
Titre, rôle et fonction : Père montfortain
Enquêteurs : Marc-André Complaisance, Joseph Ronald Dautruche
Date d'entrevue : 9 février 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: