Récit de pratique liée à un savoir-faire
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saint-Vital (Lambton)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Laïc (9250), Service au culte (9253)
et sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique technique et artistique (9245).
La grosse cloche, nommée en l'honneur de Marie
© Archives de Patrimoin'Art Lambton, soumis à copyright
Les premiers offices religieux dans la paroisse Saint-Vital de Lambton ont d'abord lieu, de 1848 à 1875 dans une chapelle, où une seule cloche invite les fidèles. Une première église étant construite entre 1873 et 1875, on y transfère la cloche de la chapelle dans le clocher du nouveau lieu de culte.
Puis, en 1903, une décision des marguilliers endossée par l'archevêque autorise le curé Belleau à acheter un carillon de trois cloches pour l’église paroissiale. Une commande est envoyée à la fonderie spécialisée Georges & Francisque Paccard, à Annecy-le-Vieux, en France. Les trois cloches sont bénies au début de 1904 par l’abbé L.-M. Morisset, curé de Saint-Éphrem de Beauce. Pesant respectivement 1 291, 931 et 677 kilogrammes, elles sont baptisées Marie, Joseph et Vital, en l’honneur du patron de la paroisse.
Dix-sept mois plus tard, le 22 août 1905, un violent incendie détruit l'église, le presbytère, le couvent et trente-deux maisons du village. Seule la plus petite des cloches, baptisée Vital, résiste. Suite à la décision, dès l'automne 1905, de reconstruire l'église, l'achat de deux autres cloches s'avère nécessaire. Avec l’autorisation des marguilliers et de l’archevêque de Québec, L.N. Bégin, le curé Belleau passe la commande. Les deux cloches ainsi acquises arrivent à Lambton assez tôt afin d'être bénies en même temps que la nouvelle église, le 12 novembre 1907. La première, à nouveau nommée Marie, pèse 1 148 kilogrammes et donne le son mi-bémol, alors que la deuxième, baptisée également Joseph, pèse 924 kilogrammes et donne le fa. La troisième cloche, prénommée Vital, donne le son sol. Ayant résisté aux flammes, elle reste en place jusqu'en septembre 1915, où elle cède sous les coups d'un battant impitoyable. Elle est remplacée, sans tarder, par une autre du même poids, soit 677 kilogrammes.
En 1965, des travaux sont effectués afin que les cloches soient électrifiées. Aujourd’hui, le système est régulièrement entretenu et demeure relativement en bon état.
Le cric-crac
© IPIR 2010, soumis à copyright
L’usage des cloches par les églises occidentales remonte au VIe siècle. Cet usage s’est ensuite progressivement généralisé au cours des siècles suivants. Convoquant les fidèles aux assemblées chrétiennes, les cloches accompagnent notamment la célébration des offices religieux, la messe dominicale, ainsi que les fêtes solennelles. Les cloches marquent des moments importants pour la communauté, en plus de rythmer la vie quotidienne en annonçant les messes, angélus, baptêmes, mariages et glas.
L’acquisition d’une cloche par une paroisse est marquée d’une célébration au cours de laquelle un représentant de l’Église, soit l’évêque, le vicaire général ou un prêtre, bénit la cloche. Cette célébration est souvent intégrée à une liturgie eucharistique et sert également à attribuer un nom de saint à la cloche. Cette dernière est ensuite installée au sommet du clocher. Symboliquement, la cloche domine ainsi le paysage et évoque le rayonnement de la foi chrétienne.
La sonnerie des cloches s’effectue selon des directives précises, dont celles du Manuel du sacristain. De nos jours, elles sont utilisées tous les jours pour sonner l'angélus du midi, à 12h00, et du soir, à 18h00. Elles sont également sonnées pour convier aux messes sur semaine, à la messe dominicale et aux jours de fêtes solennelles, tels les Jours Saints et Noël. Afin d'inviter la population au recueillement, on fait entendre, au moment de la consécration à chacune des messes, un tintement de trois coups à l'élévation du pain et trois coups à celle du vin.
Les cloches, en plus d'annoncer le baptême d'un enfant, un mariage ou un service funèbre, marquent le glas. Le décès d’une femme est annoncé annoncé par deux tintements de cloche, de la plus petite cloche à la plus grosse, répétés trois fois et sont suivis d’une volée. Le décès d’un homme, quant à lui, est souligné par trois tintements de cloche, de la plus grosse à la plus petite, répétés à trois reprises et suivis d’une volée.
À l’approche de Pâques, les cloches ne sonnent pas à partir du Jeudi Saint pour symboliser leur départ pour Rome lors de la Semaine Sainte. Avant le renouveau liturgique, elles étaient remplacées par une crécelle en bois, communément appelée « cric-crac ». Cet instrument annonce les offices du Jeudi Saint au Samedi Saint, jour où les cloches reviennent soi-disant de Rome. De nos jours, la crécelle n'est plus utilisée. Le silence des cloches pendant ces jours marque traditionnellement la mort du Christ et honore le silence du tombeau dans l’attente de la résurrection.
Les cloches permettent donc différentes sonneries qui marquent à la fois le temps civil, les cérémonies et le temps liturgique (par exemple le temps ordinaire, le temps de Pénitence et le temps pascal). Enfin, les cloches sont sonnées lors de circonstances particulières, comme l’arrivée d’un nouveau curé ou le passage d’un évêque dans sa cathédrale.
L'électrification des cloches
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L’apprentissage du sonneur de cloches se fait essentiellement par l’observation et la pratique. L’apprentissage se révèle d’autant plus pertinent que le sonneur peut s’exposer à certains dangers s’il ne connaît pas le fonctionnement des cloches. Il doit donc se familiariser avec le système de balancier puisqu’un individu inexpérimenté pourrait être tiré par le poids de la cloche et soulevé de quelques mètres. Depuis que les cloches sont électriques, il est toutefois plus facile de les sonner et l’apprentissage en est donc simplifié.
Municipalité: Lambton
Région administrative: 05 Estrie
Lieu:
Église Saint-Vital de Lambton, 211, rue Principale, Lambton, G0M 1H0
Téléphone: 418-486-2444
Marius Marceau et Luc Grondin
Titre, rôle et fonction : Durant son enfance, Marius Marceau assistait le sacristain de la paroisse. À 10 ans, il sonnait déjà les cloches. Luc Grondin est quant à lui bénévole à l’église Saint-Vital depuis une quinzaine d’années. Aujourd'hui, c'est à lui et à ses assistants que revient le rôle de sonner les cloches.
Enquêteurs : Marjolaine Boutin, Imre Nogradi, Valérie Vachon-Bellavance
Date d'entrevue : 29 novembre 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: