Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle
Tradition: Spiritualité autochtone
Appartenance: Spiritualité autochtone (Abénaquis)
Groupe: La communauté d'Odanak
Paroisse, congrégation ou équivalent: La communauté d'Odanak (Abénaquis)
Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique spirituelle (9330), Guide spirituel (9331).
Réjean Obomsawin
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Dans la culture abénaquise, il y a des personnes réputées pour être des sages, appelées des sagamores, ou prêtres, et celles qui officient les cérémonies religieuses abénaquises, les medéoulins (Mdawinnos en abénaquis). Les Abénaquis ont été christianisés dès le 17e siècle, ce qui a eu pour conséquence la perte d’une grande part de leurs traditions spirituelles. L'éducation catholique dans les pensionnats a également contribué à cette perte, bien que quelques prêtres encourageaient les autochtones à se réapproprier leur culture.
Annonciateur lors du pow wow de Wolinak
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Réjean Obomsawin a un rôle similaire à celui d’un prêtre spirituel sans avoir officiellement ce titre. Il agit à titre de sage, de thérapeute et de meneur de cérémonies. Il est un gardien de la culture, des croyances et des pratiques des cérémonies du peuple de l’Est, dont il est issu. Il explique que son clan, les tortues, était associé à une position de chef et que son totem est le héron.
Odanak est composé de deux clans, celui de la tortue et celui de l’ours. Il ajoute qu’on ne choisit pas son totem, que c’est lui qui nous choisit. Pour Réjean Obomsawin, il n’y a pas d’opposition entre le catholicisme et les croyances traditionnelles. Il croit à un être supérieur, les Abénaquis le nomment Kchini waskw, qui signifie Grand Créateur.
Plusieurs rites traditionnels sont toujours pratiqués dans la communauté abénaquise. La cérémonie de la tente à trembler est typique de l’Est. Réjean OBomsawin l’associe à une forme de justice, mais hésite à donner plus de détails, puisqu’il s’agit d’une démarche très sacrée. Les rites abénaquis sont simples, ils ne contiennent pas de longues prières. Réjean Obomsawin conseille de commencer en douceur, pour éviter d’être effrayé par ses premières expériences. Il est préférable de participer non seulement aux rites, mais aussi à leur préparation, par exemple, à la construction de la tente, dite la loge. Il faut de l’humilité pour entrer dans une hutte de sudation.
Il existe quatre vœux fondamentaux dans la spiritualité abénaquise, vœux qui permettent un retour aux sources et qui concernent l’alcool, la drogue, le suicide et l’avortement. Réjean Obomsawin souligne l’importance de faire face à la solitude qui accompagne ces vœux et insiste pour dire que cette voie ne s’adresse pas qu’aux autochtones, mais à toutes les cultures. Selon lui, en suivant cette route, nous devenons de plus en plus réceptifs aux signes qui nous renseignent sur les meilleurs choix dans notre vie. Il faut être près de la nature, mais il ne croit plus réellement possible le retour au mode de vie ancestral. Pour lui, il est impératif de bien connaître tout rituel avant de s’y adonner. Il recommande d’être sensible aux signes, d’être à l’écoute de ses intuitions, et il mentionne que «rien n’arrive pour rien». Il ne croit pas aux mauvais sorts et affirme que les gens qui y croient nourrissent eux-mêmes leur malheur. Pour les gens sensibles aux mauvaises énergies, il propose de purifier les lieux de leur entourage en brûlant de la sauge et du foin d’odeur, ce qui attire les bonnes énergies. Pour lui, la spiritualité doit être un mode de vie et non une activité occasionnelle. Il conseille d’être ouvert aux médecines traditionnelles, même si la médecine moderne en ignore souvent les principes.
Depuis quelques années, Réjean Obomsawin fabrique des tambours, bien que, traditionnellement, les Abénaquis utilisaient plutôt la crécelle. Il considère ces instruments de musique comme des objets d’une grande puissance avec lesquels on ne joue pas sans avoir de connaissances. Il a fait partie d’une troupe de chant. Il a appris plusieurs danses, dont certaines de l’Ouest, en particulier la danse du sorcier. Certaines pratiques sont réservées aux autochtones, par exemple, un allochtone ne devrait pas se servir d’un calumet, à moins d’une permission octroyée par les esprits. Ce genre d’objets méritent un grand respect, car s’ils sont mal utilisés, il peut y avoir des conséquences. Il a attendu les signes qui lui annonçaient qu’il méritait d'utiliser son calumet et il est maintenant considéré comme gardien du calumet de la nation. Il y a plusieurs types de calumets, tous destinés à un usage bien précis. La danse du calumet est un souvenir d’enfance très solennel.
Les crécelles et les tambours sont deux autres objets utilisés dans les rites abénaquis. Certains instruments de même que les herbes et le calumet de cérémonie sont communs à toutes les nations. Le foyer du calumet est fait en pierre et du tabac y fume. Dans le cercle de vie abénaquis, il y a quatre règnes : le végétal, l’animal, le minéral et l’être humain et, en fumant, les quatre formes de vie sont harmonisées. Le tambour comprend le règne animal, végétal et, lorsque possible, minéral, par l’incrustation de pierres ou de coquillages. Le tambour est sacré lorsqu'il est utilisé dans une cérémonie.
Réjean Obomsawin a côtoyé des aînés qui avaient une grande connaissance de leur peuple, de son histoire et de sa culture. En 1987, il a choisi de faire un retour aux sources, inspiré par la commémoration du massacre perpétré par les «Rangers» de Rogers, survenu à Odanak en 1759. Des cérémonies se sont étalées de 1987 à 1991. Plusieurs nations y ont participé, notamment les Cris. Des représentants de la nation Lakotas sont venus du Dakota pour les guider. Ils espéraient libérer leurs ancêtres et aider leur nation à renouer avec la tradition. Il dit avoir reçu, à ce moment, le signe que ces ancêtres étaient maintenant en paix. Il fut invité à une conférence donnée par David Gehue, un chaman micmac de Nouvelle-Écosse qui lui suggéra d’oublier l’enseignement des Lakotas et de recommencer à zéro, en se basant sur des rites propres à la nation abénaquise. Il suivra ce conseil et deviendra enseignant. Il rencontre un jour Théophile Panadis, celui qui l’a invité aux cérémonies de 1987. Les dessins de Théophile Panadis sont exposés au Musée des Abénaquis. Son fils, Adrien, explique à Réjean Obomsawin que les pratiques traditionnelles se déroulaient en dehors d’Odanak, évitant ainsi les risques de frictions avec les chrétiens. Dans sa jeunesse, Réjean Obomsawin observait Théophile travailler et fabriquer des arcs jouets. Il dit conserver une pratique occasionnelle de l’artisanat. Il a commencé en sculptant des os de porc, n’ayant pas la possibilité de chasser pour obtenir des os d’animaux sauvages. Durant ses études, il a aussi suivi un cours de sculpture avec Jacques Gill, un élève d’Adrien Panadis. Avec lui, il a appris l’art de fabriquer les totems. Pour ce qui est des légendes, il les tient de son père et de son grand-père, ainsi que de Théophile Panadis et de son fils Adrien. Il transmet actuellement son savoir lors d'événements à Odanak, auprès des autres communautés abénaquises et lors d’événements particuliers.
Municipalité: Odanak
Région administrative: 17 Centre-du-Québec
MRC: Nicolet-Yamaska
Lieu:
Odanak
Réjean Obomsawin
Titre, rôle et fonction : Conseiller au Conseil de Bande de Odanak
Lien avec la pratique : Il est guide spirituel.
Enquêteur : Valérie Roussel
Date d'entrevue : 5 juillet 2009, 5 juillet 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: