Description

Soeur Édith et le blason de la famille Bouchard qu'elle a créé
© IPIR 2009, soumis à copyright

Les soeurs Bouchard sont des artistes en art populaire. La famille Bouchard du rang de la Goudronnerie à Baie-Saint-Paul, aujourd’hui appelé rang Saint-Laurent est bien connue pour son art naïf.

Les soeurs Bouchard sont élevées dans une famille de 15 enfants dans Charlevoix. Sur sept filles de la famille, quatre deviennent religieuses. Toutes entrent chez les Antoniennes de Marie. Marie-Cécile (1920-1973), Laure-Marie (1922-...) entrent en 1947, Édith (1924-2009) en 1954, et Annette (1918-1977) entre en communauté en 1955. Leur père a un moulin à scie et un moulin à farine ainsi qu’une petite ferme. Le moulin à farine sert de maison aux soeurs Bouchard dans leur enfance. La famille avait aussi un moulin à foulon, pour la laine. Il produisait une grosse étoffe utilisée pour faire les pantalons des cultivateurs.

Les parents Bouchard sont très habiles et créatifs, ils ont transmis ce don à leurs enfants. La mère, Alda Tremblay est une couturière hors-pair. Le père, Joseph «d’Arsène» Bouchard, a fabriqué plusieurs meubles de la maison familiale, comme des chaises et des lits. Il faisait également des chaussures pour sa famille et aimait sculpter lors des jours de pluie. Ses sculptures étaient essentiellement des animaux, principalement des poissons qu'il aimait accrocher au mur. C'est lui qui a initié les deux soeurs à cet art, c"est Laure-Marie qui y excellera. Le père coupait le bois nécessaire pour les sculptures. Les filles sculptaient ensuite des fruits et des légumes qu'elles peignaient également.

Édith, raconte que la peinture a débuté grâce à une boîte de couleurs que Mary (1912-1995), leur soeur, a reçue d'une tante américaine. Ainsi, tous les enfants ont été initiés à l'art populaire dès leur jeune âge. Ce ne sont pas seulement les soeurs qui ont développé leur talent: Stanley (1916-…), un des frères Bouchard, rédemptoriste, est également sculpteur. Leur frère Lucien (1925-…) a fabriqué des meubles artisanaux et Aline (1934-2002) était aussi une artiste accomplie.

Les soeurs Bouchard bénéficient d’une reconnaissance bien avant d’entrer en communauté. En 1945, on parle d’Édith Bouchard dans les journaux:  « Les soeurs Bouchard chantent leur pays », « Canadian primitive painters », etc. D’après le témoignage d’Édith, cette reconnaissance a été possible grâce à l’aide de Patrick Morgan, artiste peintre newyorkais. Baie-Saint-Paul est, à l’époque, la capitale de la peinture au Québec et elle est fréquentée par plusieurs touristes. Les soeurs Yvonne et Blanche Bolduc, artistes, sont leurs voisines. «Parmi les nombreux échanges culturels entre les villégiateurs et les résidants de Charlevoix, le mouvement des peintres populaires reste un des plus marquants. Il a permis à une génération d'artistes de Charlevoix d'obtenir une reconnaissance bien au-delà de leur région. [...] Plusieurs artistes populaires de Charlevoix s'imposent grâce aux efforts de Maud Cabot et de Patrick Morgan, [par exemple] les soeurs Bouchard de Baie-Saint-Paul et surtout Simone-Mary [...] [qui] est même acceptée au sein de la Montreal Contemporary Arts Society et expose en même temps que Paul-Émile Borduas, Alfred Pellan, Stanley Cosgrove.» (Serge Gauthier, Les peintres populaires de Charlevoix (1930-1960).

Édith Bouchard est née le 13 mars 1924 à Baie-Saint-Paul. Elle entre chez les Antoniennes de Marie à l’âge de 30 ans. Avant son entrée dans la communauté, elle vend des objets d'art populaire entre autres des plateaux en forme de feuille d’érable. Soeur Édith Bouchard a cessé ses activités artistiques en 2006. Jeune, elle sculpte des boucles d’oreilles en forme de petits poissons, sur des bouts du bois, qu’elle taille. Elle n’est pas la seule, «les enfants en faisaient à la douzaine» dans la boutique de leur père pour les expositions estivales de Québec, de Montréal et même de Toronto, où ils avaient un kiosque. Ils devaient travailler l’hiver et l’été pour avoir suffisamment d'objets à vendre. Par ailleurs, la famille répondait à diverses commandes au cours de l'année. Édith aime les religieuses et se sent très à l’aise avec la mission des Antoniennes de Marie, qui est de soutenir les prêtres dans leur sacerdoce. Lorsqu’elle fait son entrée en communauté, en 1954, ses soeurs Laure-Marie et Cécile s’y trouvent déjà. En 1956, elle y fait sa profession. Elle délaissera donc pendant de nombreuses années ses activités artistiques. Soeur Édith Bouchard recommence ses activités artistiques en 1980 alors que la communauté accorde une journée de congé complète aux soeurs. C’est à ce moment qu'elle peint, de même que les soirs de semaine. Le Musée de la Malbaie lui commande des toiles . Un thème est récurrent dans son oeuvre: sa famille d’artistes à l’ouvrage dans la maison. Il arrive que soeur Édith Bouchard peigne à partir de photographies. Elle fait de la peinture à l’huile ; plusieurs de ses oeuvres se retrouvent aujourd’hui au Musée de Charlevoix. En plus des peintures, elle fait des crèches de Noël. Soeur Édith vendait, au début, ses peintures à un dollar le pouce. Les plus chères qu’elle ait vendues coutaient 800$. Ses sujets de prédilection sont le moulin à farine, des paysages des quatre saisons avec un chalet, les intérieurs de maison, le cheval, la carriole, la cabane à sucre, etc. Ses oeuvres sont des documents sur la vie, les us et coutumes de la région de Charlevoix.

Les soeurs Bouchard ont peint les maisons paternelles des mères cofondatrices de leur communauté religieuse. Les peintures de soeur Édith ont été envoyées dans diverses expositions. Elle a peint durant sa carrière, 135 toiles, en travaillant simplement un journée par semaine et une demi-heure par soir à l’occasion. Sa dernière oeuvre, représente les talents artistiques de la famille Bouchard: il s’agit d’une grande feuille d’érable sculptée sur laquelle on retrouve chacune des spécialités artistiques des membres de la famille Bouchard. On y retrouve notamment les petits poissons (boucles d’oreilles) qu’elle a vendus dans ses jeunes années.

Soeur Marie-Cécile, également antonienne, est peintre populaire. Après son entrée chez les Antoniennes, «elle disparaît [artistiquement] pendant 23 ans. Elle revient en 1970. [...] Elle revient au style naïf. On la surnomme "le peintre des traditions quotidiennes". Elle expose à Montréal, Rio de Janeiro, Paris et New York » (Ibid.). Quant à Laure-Marie, elle n'a jamais cessé ses activités artistiques. Elle se distingue par ses sculptures, mais elle est aussi peintre populaire. Aujourd’hui, on trouve les oeuvres des artistes de la famille dans divers musées québécois.

Localisation

Municipalité: Saguenay
Région administrative: 02 Saguenay-Lac-Saint-Jean
MRC: Hors MRC
Lieu: Maison mère des Antoniennes de Marie, 927, rue Jacques-Cartier Est, Saguenay, G7H 2A3
Téléphone: 418 549-1055
Télécopieur: 418 693-8609
Site Web: http://soeursantoniennes.org/index.php

Source

Les soeurs Édith et Laure-Marie Bouchard.
Lien avec la pratique : Les soeurs Édith et Laure-Marie Bouchard sont soeurs. La communauté leur a laissé du temps et les a encouragé à exprimer leur art durant leur vie religieuse.

Enquêteurs : Catherine Gaumond, Roseline Bouchard
Date d'entrevue : 23 mars 2009, 24 mars 2009

Fiches associées

• Sculpter le bois : Marie, Reine du clergé, et Joseph, artisan

  Pour les Antoniennes, dont la mission est d’accompagner les membres du clergé dans leur œuvre, la sculpture représentant la Vierge Marie, Reine du clergé, a une valeur bien particulière. En effet, la Vierge Marie est la mère du Christ, mais aussi du prêtre qui [...]

  ---

• Soeur Laure-Marie Bouchard, artiste antonienne

  Soeur Laure-Marie est née le 16 juillet 1922 à Baie Saint-Paul, d'une famille de quinze enfants. La famille Bouchard est une famille de sculpteurs et de peintres naïfs reconnus. Deux de ses frères étaient sculpteurs (Stanley et Lucien) et trois de ses sœurs étaient peintres et sculpteures (Mary, [...]

  ---