Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Sherbrooke
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saint-Malo (Saint-Malo)
Classé sous Pratique religieuse (9300), Temps religieux (9280), Temps liturgique (9282)
et sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique coutumière (9242).
Acclamation de la lumière à l'aide du cierge pascal
© Soumis à copyright
La récolte de l'eau de Pâques est particulière au Québec et elle remonte à l'époque de la Nouvelle-France. Cette événement a été créée par le peuple, qui exprime par cette pratique sa foi spontanée et sa croyance en Dieu, qui ne l'abandonne pas le jour de la Résurrection du Christ.
Jusqu'à tout récemment, cette récolte se déroulait en famille, le matin de Pâques, dans une source émergeant de la terre (le plus souvent un ruisseau). La croyance populaire veut que cette eau, récoltée avant le lever du soleil le jour de Pâques, soit une source de protection, qu'elle ne se corrompt pas et qu'elle ait des propriétés curatives. Une fois recueillie, elle est utilisée dans des rituels très personnels, au cours desquels les gens la boivent ou encore l'utilisent pour se soigner. D'ailleurs, au cours de l'histoire, les fidèles ont associé les qualités de l'eau de Pâques à celles de plusieurs types d'eau, comme l'eau de rosée, de grêle, de mai, de pluie, etc. L'eau bénite symbolise donc le pouvoir du prêtre, tandis que l’eau de Pâques symbolise le pouvoir du peuple et son goût du rite spontané, son autonomie face au sacré. La pratique de la récolte de l'eau de Pâques a traversé l'histoire jusqu'à aujourd'hui.
Dans les années 1990, dans le diocèse de Sherbrooke, des autobus étaient mobilisés à 3h30 du matin pour se rendre à Ascot pour la récolte de l'eau de Pâques. Il s'agit là de la première pratique de groupe de cette tradition, autrefois plutôt individuelle. L'événement se terminait d'ailleurs par un retour en groupe à la cathédrale de Sherbrooke, où une veillée spéciale était organisée. Par la suite, des plaintes ont été déposées en lien avec le haut taux de pollution du ruisseau de Ascot. Cela a amené l’abbé Donald Thompson à créer une vigile pascale à l'église de Saint-Venant-de-Paquette. Ce petit village des Cantons-de-l'Est était un choix parfait en raison du paysage splendide qui l'entoure et de la pureté du ruisseau qui s'y trouve. Cela fait donc 17 ans que l'abbé Thompson organise cette cérémonie, qui se déroule environ 45 minutes avant le lever du soleil, le jour de Pâques.
Acclamation de la lumière
© Soumis à copyright
Depuis 17 ans, plus d'une centaine de personnes de tous âges se déplacent par leurs propres moyens vers le petit village des Cantons-de-l’Est, à un peu moins d'une heure de route de Sherbrooke, pour célébrer la cérémonie de la récolte de l'eau de Pâques associée à une vigile pascale. Les gens sont invités à se rendre à la petite église de Saint-Venant-de-Paquette vers 4h30 du matin, moment où l'abbé Thompson souhaite la bienvenue aux participants. Ce dernier profite d’ailleurs de l’occasion pour mettre l'événement en contexte, notamment par un historique de la pratique, de l’époque de la Nouvelle-France à aujourd'hui.
Un peu avant 5h du matin, les fidèles sortent de l'église, se munissent d'un flambeau sur le parvis et se dirigent ensuite vers le ruisseau, à quelque 600 mètres. La procession se déplace joyeusement jusqu'au point d’eau présélectionné, où un feu de joie les attend. Une fois arrivée, chaque personne se dirige au ruisseau avec un contenant, afin de récolter l'eau en tenant le récipient à contre-sens du courant. Une fois cette étape terminée, les participants retournent attendre auprès du feu. Lorsque tout le monde a récolté son eau, le prêtre bénit le feu, puis y allume directement le cierge pascal. Les participants retournent ensuite à l'église, au flambeau.
De retour à l'église, la vigile pascale débute. Tous les participants éteignent leur flambeau et les laissent sur le parvis. Ils apportent à l’intérieur l'eau récoltée pendant que des bénévoles se chargent de donner une bougie à chaque participant. Lorsque les fidèles sont assis, le prêtre entre avec le cierge pascal préalablement allumé et offre cette lumière à la première personne de chaque rangée. Pâques étant au coeur de la foi chrétienne, car on y célèbre la Résurrection du Christ, cette partie de la cérémonie symbolise le recul des ténèbres au profit de la lumière des croyants. Par la suite, une fois tous les cierges allumés, l'acclamation de la lumière peut commencer. Cette pratique consiste en la lecture de textes bibliques dans lesquels la venue du Christ est d’abord annoncée (Ancien testament), puis confirmée (Nouveau testament). Au fil des lectures effectuées, d’autres cierges sont allumés sur l'autel. De plus, les cloches de l'église sonnent au moment de l'annonce de la Résurrection. La lumière du soleil levant commence d'ailleurs à éclairer l'église à cet instant. Ensuite, puisque Pâques célèbre le passage de la mort à la vie, le prêtre anime une homélie partagée dans laquelle des membres de l’auditoire révèlent les passages qu'ils ont vécus au cours de l'année. Cela fait, la liturgie de l'eau, véritablement au coeur de la cérémonie, peut commencer. C'est à ce moment que les participants sont invités à déposer quelques gouttes de l'eau récoltée dans une grande vasque. Le prêtre y plonge ensuite le cierge pascal, par trois fois, tout en demandant aux participants de réaffirmer leur foi à haute voix. Enfin, il les asperge d'eau à l'aide d'un rameau.
La célébration se termine par l'eucharistie, alors qu’il fait plein jour. À la fin, juste avant d'inviter tous les participants à un repas préparé par les membres de la communauté, l'abbé Thompson bénit les oeufs de Pâques préalablement décorés par les enfants. Ces derniers les distribuent dans l'assistance.
Donald Thompson , prêtre et initiateur de la pratique
© Soumis à copyright
C'est l'abbé Thompson qui a recréé cet événement en actualisant cette ancienne tradition. Pour ce faire, il s'est inspiré de symboles forts de la vie et de la mort, tels l'eau (indispensable à la vie) et le feu (à la fois lumière, mais ayant le pouvoir de brûler). À l'aide de ces deux éléments, il a voulu montrer que la mort du Christ n'a pas eu le dernier mot sur la puissance de Dieu, puisque le Seigneur est ressuscité d'entre les morts le jour de Pâques.
Il a associé une vigile pascale à la tradition de la récolte de l'eau de Pâques. Son but n'était pas de donner un aspect magique à cette eau, mais plutôt de rejoindre son auditoire par l'utilisation de symboles forts qui représentent bien la célébration de la foi chrétienne le jour de Pâques.
La cérémonie attire plus d'une centaine de personnes de tous âges, chaque année. La couverture médiatique de l'événement aide aussi à le promouvoir et à garder cette tradition bien vivante.
Municipalité: Saint-Venant de Paquette
Région administrative: 05 Estrie
MRC: Coaticook
Lieu:
Église de Saint-Venant-de-Paquette, 12, Ch. du Village, Saint-Venant-de-Paquette, J0B 1S0
Donald Thompson, prêtre
Titre, rôle et fonction : Curé-recteur de la Basilique-Cathédrale Saint-Michel
Lien avec la pratique : Célébrant
Enquêteurs : Catherine Fredette, Mathieu Allard
Date d'entrevue : 3 avril 2010, 4 avril 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: