Récit de pratique liée à un savoir-faire
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Augustines de la Miséricorde de Jésus
Classé sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Objet (9293).
Anciens ouvrages en palme
© Archives Augustines de la Miséricorde de Jésus, soumis à copyright
Selon le calendrier liturgique catholique romain, le dimanche des Rameaux annonce la Semaine sainte. La palme, symbole de victoire, représente l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Au Québec, la palme est longtemps représentée par du sapin, du cèdre, de l'épinette un du saule. Bénie par le prêtre et mise en évidence à la maison et dans ses dépendances, la palme assure la protection de Dieu en cas de maladie, de catastrophes naturelles (foudre, ouragan, incendie) et de mauvaises récoltes. Elle est également utilisée pour asperger les défunts ou encore les fenêtres au cours d'une tempête. Remplacés chaque année, les vieux rameaux ne sont jamais jetés, mais plutôt brûlés pour éviter le mauvais sort.
Vers les années 1950, les rameaux importés deviennent plus accessibles, ce qui explique l’essor de la fabrication d'ouvrages en palme chez les religieuses hospitalières. Ce savoir-faire s'inscrit en continuité avec des ouvrages similaires réalisés jusque-là à partir de pellicule à rayon x.
Soeur Jeannette Pepin nous montre un ancien ouvrage en palme
© Archives Augustines de la Miséricorde de Jésus, soumis à copyright
L'ouvrage en palme (rameaux) est un tressage de longs rameaux humides. Ce savoir-faire requiert peu d'outils particuliers : des ciseaux, une épingle pour enlever les lisières rigides, un clou pour friser la queue des oiseaux et un fer à repasser pour aplatir certaines pièces, dont les croix.
La pratique s'effectuait au monastère entre deux tâches, dans les moments de loisir ou en vacances. Autrefois, sœur Pépin travaillait les palmes dans sa chambre à coucher, en 2003 elle les façonnait à l'atelier des palmes du monastère. C’est en visitant une tante religieuse à l'âge de 11 ans que soeur Pépin apprend à faire des « oiseaux » auprès des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec. Les religieuses utilisaient alors de la pellicule de rayon x qu'elles teignaient. Ayant perpétué la pratique et développé quelques trucs personnels, sœur Pépin a pu apprécier l'arrivée des palmes dans les années 1950. En plus de la symbolique associée à la palme, ce matériau est plus facile à travailler. Sœur Pépin parle des ouvrages de palme comme « d'une tradition québécoise transmise par Marie-Flore Gagnon et les sœurs Marie-du-Sacré-Cœur ».
Les principaux produits en palme sont les oiseaux, les fleurs, les gerbes de blé, les couronnes et les croix. Ces petites œuvres, confectionnées en guise de cadeau, étaient destinées à faire plaisir aux malades hospitalisés, aux visiteurs du monastère et aux fidèles des paroisses environnantes. De plus, la couronne qui vient glorifier la croix est devenue un cadeau de Pâques traditionnel.
Les sœurs préfèraient utiliser le rameau jaune plutôt que vert, en raison de sa souplesse et de sa beauté. On laisse d'abord sécher complètement les rameaux et on les trempe ensuite une heure dans l'eau froide pour les assouplir. Après, les lisières rigides sont enlevées à l'aide d'une épingle. Le tressage doit se faire rapidement, pendant que les palmes sont encore humides. Le temps requis pour réaliser un ouvrage dépend bien sûr de sa complexité. Ainsi, un oiseau est plus long à tresser qu’une croix, une couronne ou une gerbe de blé. Comme la plupart des activités au monastère, le travail se fait en priant. Sans qu'elle soit chiffrée, la production est continue. Certaines paroisses demandaient jusqu’à 500 articles à la fois, mais la production reste artisanale. Les principaux utilisateurs des ouvrages en palme étaient les personnes hospitalisées, les visiteurs du centre Catherine de Saint-Augustin et du musée ainsi que les fidèles présents aux services religieux célébrés à la chapelle et dans les paroisses environnantes. Les ouvrages en palme étaient distribués aux malades de l'Hôtel-Dieu par un comité de bénévoles composé de religieuses augustines et de laïcs. Ces œuvres étaient également disponibles pour les visiteurs du centre Catherine de Saint-Augustin, de la chapelle du monastère et des paroisses environnantes.
Dans les années 1950, les femmes portaient des oiseaux en palme sur leur collet ou étole de fourrure. Aujourd’hui, les oiseaux ornent des cadeaux (à la place d'un chou), les arbres de Noël ou le rétroviseur des voitures. Certaines œuvres fixées sur du carton servent de signets ou décorations à la maison.
Le savoir-faire de la fabrication des ouvrages en palme se transmettait se soeurs en soeurs dans la communauté.
Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
MRC: Communauté métropolitaine de Québec
Lieu:
Québec, 32, rue Charlevoix, Québec (Qc), G1R 5C4
Téléphone: 418-692-2492
Soeur Jeannette Pépin
Titre, rôle et fonction : Elle fait son entrée au monastère en 1951 à la toute veille de ses 21 ans. Après avoir été cuisinière, couturière et au service de l'entretien ménager, Sr Pépin était, en 2003, chauffeur pour la communauté, bénévole à l'hôpital et auprès des personnes âgées.
Enquêteur : Archives Augustines de la Miséricorde de Jésus
Date d'entrevue : 28 juin 2007
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: