Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Nicolet
Communauté religieuse: Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge
Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique technique et artistique (9245).
Élèves de l'École supérieure de musique en 1945
© Archives de la Congrégation des S.A.S.V.-soumis à copyright
Depuis sa fondation, la congrégation développe l’enseignement des arts dans la perspective d’une éducation complète des jeunes filles confiées aux religieuses. C’est tout d’abord contre l’avis de leur évêque qu'elles inscrivent la musique dans leur enseignement. En effet, monseigneur Cooke estimait que la pratique artistique était inutile, voire nuisible aux filles de la campagne. Très vite, la supérieure générale insiste pour que les maîtresses de musique se perfectionnent dans la pratique de leur art. Plus tard, des cours d’été seront dispensés aux religieuses professeures.
Au cours des années, l’intervention de professeurs extérieurs, québécois et étrangers, est venue consolider la qualité de l’enseignement dispensé. Parmi les religieuses ayant oeuvré dans ce domaine, deux d’entre elles firent particulièrement rayonner les études musicales du pensionnat de Nicolet : soeur Sainte Alix, qui occupa le poste de première musicienne de 1903 à 1938, et soeur Cécile de la Trinité. Cette dernière fonda, en 1934, l’École supérieure de musique de Nicolet, affiliée à l’Université Laval et la dirigea jusqu’en 1970. Soeur Cécile de la Trinité avait étudié le piano avec Yvonne Hubert, qui avait elle-même été élève de Alfred Cortot.
Élèves de Sr Cécile-de-la-Trinité
© Archives de la Congrégation des S.A.S.V.-soumis à copyright
Un cours affilié à l’Université Laval a été instauré dès 1934. Plus tard, l’école de musique est affiliée à l’Université de Montréal. Un programme était institué par l’université et il devait être respecté et régulièrement sanctionné par des examens. Avec l’instauration des cégeps, l’École de musique de Nicolet devient un établissement collégial, en 1969. L'école a existé jusqu’en 1988.
Soeur Aline Martin y enseignait le piano et le violoncelle ainsi que les matières théoriques. L’école était de petite taille, compte tenu du nombre restreint d’étudiants. Cependant, cette école a rayonné au-delà des frontières du comté. La plupart des étudiants se sont ensuite dirigés vers l’enseignement, plutôt que vers l’interprétation en concert. Ceux-ci venaient de plusieurs endroits: de la Beauce, de l’Abitibi, des États-Unis et des régions où la congrégation disposait d’un collège. Le recrutement se faisait par les religieuses qui enseignaient la musique dans les régions. Il y avait environ 400 étudiants à l’école de type universitaire, et davantage dans celui le type collégial (cégep), soit environ 500. Les étudiants en musique restaient cependant une minorité comparativement au nombre total d’étudiants de la congrégation.
Ils arrivaient très tôt le matin, partaient tard le soir et passaient souvent leur fin de semaine à l’école. Cela constituait comme une famille. Il y avait une complicité exceptionnelle entre les étudiants et les professeurs. Les étudiants étaient là parce qu’ils voulaient faire de la musique, ils étaient très impliqués. Professeurs et étudiants étaient rigoureux dans le travail, ce qui était parfois contraignant, mais très apprécié des étudiants. L’enseignement musical prend beaucoup de place en raison de la pratique instrumentale : certains pratiquaient dans des sous-sols, d’autres dans des greniers aménagés. Les cours de solfège se donnaient en groupe, tout comme les formations théoriques.
Plusieurs concerts étaient organisés chaque année, ce qui permettait aux parents de constater les progrès de leurs enfants, et aux étudiants de faire l’apprentissage de la pratique en public. L’école de Nicolet faisait partie de l’Association des collèges de musique du Québec, qui créait une émulation entre les écoles. Chaque année était remis le prix d’expression musicale. Au cours de cette remise, les étudiants des différents collèges présentaient leur travail. La cérémonie était suivie d’un grand concert qui réunissait les interprètes de chacun des collèges. La diversité artistique et culturelle est la spécificité de l’École de musique de Nicolet. Quand il faisait très beau, les cours de musique, notamment les classes de solfège, de contrepoint et d'histoire de la musique, se donnaient à l’extérieur sous les arbres.
Aujourd’hui, soeur Aline Martin est en charge de la liturgie. Elle perpétue la tradition du chant dans la congrégation et elle dirige une chorale appelée «Les semeurs de joie», qui réunit des chanteurs des environs. Le répertoire liturgique est vaste : il s'est toujours trouvé des personnes dans la congrégation pour composer du répertoire. Soeur Cécile a composé plusieurs pièces qui sont spécifiques à la congrégation et qui ont été éditées par la congrégation. Aujourd’hui, le nombre de soeurs étant à la baisse, certaines de ces pièces ne peuvent plus être interprétées. Pour soeur Aline Martin, la musique est une discipline parce qu’elle demande de la rigueur et qu’elle exige de travailler seul et longtemps, sans voir de résultat. Le temps et l’ardeur qu’on y met sont des facteurs importants. «Il faut aimer passionnément». Ce que le personnel de l’école de musique a réussi de mieux, c’est d’avoir donné la passion aux étudiants. «Nous l’avions et nous l’avons transmise». La tradition se poursuit grâce aux étudiants qui transmettent ce qu’ils ont reçu comme enseignement à l’école de musique.
Municipalité: Nicolet
Région administrative: 17 Centre-du-Québec
MRC: Nicolet-Yamaska
Lieu:
Maison mère, 251, rue Saint-Jean-Baptiste, Nicolet, J3T 1X9
Téléphone: (819) 293-2011
Télécopieur: (819) 293-5458
Site Web: http://www.sasv.ca/
Soeur Aline Martin
Titre, rôle et fonction : Responsable de la liturgie
Lien avec la pratique : Soeur Martin a enseigné la musique et dirige une chorale. Elle est en charge de la liturgie pour sa communauté.
Enquêteurs : Isabelle Becuywe, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 13 janvier 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: