Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Soeurs servantes du Saint-Coeur de Marie
Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique de communication religieuse (9350), Chant et cantique (9354)
et sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique technique et artistique (9245).
Récital à Limoilou, 1944
© Archives S.S.C.N., soumis à copyright
Dès l'implantation de la congrégation des Sœurs Servantes du Saint-Coeur de Marie en sol canadien, en 1892, la musique et le chant ont occupé une place centrale dans l'oeuvre apostolique de la communauté. Tant dans les écoles, dans les paroisses que dans les maisons de la congrégation, les religieuses ont propagé l'art musical. Afin d'illustrer l'importance et la portée du chant au sein de la communauté, voici deux extraits: «Pendant notre déjeuner, notre vénéré Père (François Delaplace) vient au réfectoire et, avec une simplicité charmante, nous donne quelques conseils pour la récitation des prières, l'office, et sur la manière de chanter, pour qu'il y ait plus de douceur et d'harmonie [...]» (Annales de la Congrégation, 8 septembre 1887). «Le chant est un exercice sacré, et les Soeurs, en prêtant le concours de leur voix, le feront avec esprit de foi et de piété. Elles s'appliqueront à rendre leur chant religieux, digne et simple à la fois. [...] Les coeurs, aussi bien que les voix, doivent être d'accord en célébrant les louanges de Dieu, et le chant sacré doit toujours impressionner dans le sens de l'adoration et de la prière. C'est en suivant ces principes que l'on doit enseigner les chants aux enfants et former leur goût par le choix des cantiques[...], afin de leur inspirer un saint attrait pour nos chants liturgiques qui édifient et portent les âmes vers Dieu.» (Coutumier-directoire 1916)
Depuis l'arrivée des soeurs missionnaires françaises à Saint-Éphrem-de-Beauce, le chant liturgique fait partie du quotidien des Soeurs Servantes du Saint-Coeur de Marie. Le chant a accompagné toutes les cérémonies et les fêtes particulières célébrées par la congrégation. La musique et son enseignement ont aussi joué un rôle important dès l'implantation de la congrégation au Canada. À l'été 1892, la lettre de l'abbé Morissette adressée à mère Marie du Saint-Sacrement demandait l'envoi de six religieuses à Saint-Éphrem-de-Beauce. Une autre lettre précisait que la venue de soeurs possédant des aptitudes pour les arts était souhaitable : «Qu’on envoie six soeurs, dont l’une diplômée et une autre capable de la remplacer en cas de nécessité. Une autre qui puisse enseigner la musique, le dessin et les oeuvres d’art.»
D’après les archives de la congrégation, soeur Saint-Nazaire fut l’une des premières religieuses à être nommée professeure de piano, en 1905, à Notre-Dame-des-Anges, tout comme soeur Marie-Madeleine à Saint-Éphrem, un an plus tard. L’enseignement de la musique se répand dans les différents milieux d’éducation où sont présentes les Soeurs Servantes du Saint-Cœur de Marie. Avec le retrait graduel des religieuses du milieu scolaire vers 1980, la communauté religieuse se tourne davantage vers des leçons de musique privées au Couvent de Limoilou, au collège François Delaplace et maintenant dans les studios de la maison de Beauport.
Soeur Lucille Deschênes au piano, à gauche
© Archives S.S.C.M., soumis à copyright
La congrégation des Sœurs Servantes du Saint-Coeur de Marie a toujours déployé des efforts considérables pour assurer la qualité de ses chants. Le chant sacré doit toujours impressionner, il doit être le reflet de l'adoration et de la prière. Ce sont les chants liturgiques qui permettent de prier dans la paix et la joie. Par conséquent, pendant de nombreuses années, les novices en formation ont consacré une heure par jour à la pratique du chant. Actuellement, la chorale de la maison de Beauport se réunit une fois par semaine, afin de pratiquer son répertoire pour les messes quotidiennes, les grandes cérémonies liturgiques et les fêtes annuelles, notamment les funérailles, les fêtes jubilaires et la journée familiale. De 35 à 40 religieuses se présentent toutes les semaines pour ces pratiques de chant.
En plus des chants liturgiques, la congrégation a aussi touché au chant grégorien, au motet en latin et au chant profane. De plus, certaines soeurs se sont illustrées par leurs compositions musicales. Les soeurs ont aussi transmis leur passion pour le chant dans les différents milieux où elles ont oeuvré, tant dans les lieux d'enseignement que dans les paroisses. Souvent, les religieuses ont mis sur pied des chorales dans leur classe ou elles se sont impliquées dans les chorales paroissiales, notamment avec la chorale l'Écho de la joie.
La présence de la musique et son enseignement dans les maisons de la congrégation permettent aux Soeurs Servantes du Saint-Coeur de Marie de transmettre un héritage vieux de 150 ans. Au début du 20e siècle, les écoles avec pensionnat étaient enrichies de la compétence des soeurs musiciennes (Saint-Éphrem, Limoilou, Saint-Benoît, Frampton, Rivière-à-Pierre, Beauport, Waterville). Toutefois, afin de répondre aux demandes des milieux n'ayant pas la chance d'avoir un pensionnat, de nombreuses religieuses ont transmis leurs connaissances musicales aux jeunes élèves de nombreuses écoles, sur tout le territoire québécois. Cet enseignement offrait, en plus d'un répertoire diversifié (Mozart, Bach, Chopin) et de la possibilité de recevoir un diplôme selon le degré en français réussi. Au fil des ans, plusieurs soeurs se sont démarquées grâce à leur contribution musicale, notamment soeur Saint-Damien (Lauréanne Bélanger), sœur Lucille Deschênes (soeur Paul-André), soeur Monique Vachon (soeur Sainte-Constance), soeur Isabelle Nadeau et soeur Cécile Lamontagne.
Actuellement, trois religieuses professeures à la maison de Beauport offrent des cours privés de piano et de flûte traversière pour des personnes de tous les âges. Les Soeurs Servantes du Saint-Cœur de Marie ont, encore aujourd’hui, de nombreuses musiciennes au sein de leur congrégation et elles apprécient jouer de leur instrument (piano, flûte traversière, trompette, violoncelle et clarinette) lors des diverses cérémonies et fêtes de la communauté. Appréciant beaucoup jouer entre elles, les soeurs aînées ont participé, notamment, au groupe musical «Carillon du Bonheur«, de 1992 à 2000. Le groupe donnait de petits concerts appelés «moments musicaux», dans plusieurs résidences pour personnes âgées.
Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
MRC: Communauté métropolitaine de Québec
Lieu:
Maison de Beauport, 37, avenue des Cascades, Québec, G1E 2K1
Téléphone: (418) 661-3766
Site Web: http://www.soeurs-sscm.org
Soeur Cécile Lamontagne
Titre, rôle et fonction : Sœur Cécile Lamontagne est professeure de piano et responsable de la liturgie à la Maison provinciale des Sœurs Servantes du Saint-Coeur de Marie.
Lien avec la pratique : En plus de s'occuper de la chorale de la communauté, soeur Cécile Lamontagne enseigne le piano depuis plusieurs décennies.
Enquêteurs : Daniela Moisa, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 21 janvier 2010
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: