Récit de vie

L'implication de la famille Boldireff dans l'Église orthodoxe russe de Montréal

Tradition: Christianisme
Appartenance: Orthodoxie (chalcédonienne)
Groupe: Église Orthodoxe d'Amérique / Orthodox Church in America
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saints Peter & St. Paul Sobor / Cathédrale des Saints Pierre et Paul (Montréal)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Récit fondateur (9241).

Description


Père Oleg avec Andrei Chiriaeff, Andrei Boldireff et Gleb Chiriaeff devant la première chapelle Saint-Séraphim-de-Sarov, en 1957
© archive personnelle famille Boldireff, soumis à copyright

Oleg Boldireff et son épouse, Maria Natalia Maliankovich, sont tous deux d'origine russe. Pendant la révolution de 1917, le père de Natalia est tué et sa mère fuit la Russie pour se réfugier à Paris. Ne parlant pas beaucoup français et trouvant difficilement du travail, elle doit se résoudre à envoyer Natalia et sa sœur jumelle vivre dans une famille aisée de Prague. L'histoire de la rencontre d’Oleg et de Natalia annonce en quelque sorte l'importance de la foi au sein de leur future famille. Selon leur fils Andrei, Natalia rêva, à 13 ans, qu'elle entrait dans une église qu'elle n'avait jamais vue et qu'au centre de l'église se trouvait un jeune séminariste. Elle fit ce rêve trois fois. À l'âge de 18 ans, elle entra avec sa mère dans l'église du séminaire de Saint-Serge. Oleg était au centre de l'église en train de prier. Natalia dit à sa mère qu’elles étaient déjà venues ici et qu’elle connaissait l’homme qui priait, mais sa mère lui répondit qu’il s’agissait véritablement de leur première visite dans cette église. 


Andrei croit que ses parents se sont rencontrés par la grâce de Dieu. Ils se sont mariés en 1935 et ont eu cinq enfants, dont les trois derniers sont nés au Québec : Sergei, Vladimir, Oleg Nicolas, Andrei et Oleg Séraphim. Natalia est décédée le 12 décembre 2005 à Rawdon, où elle fut enterrée.


La vie quotidienne de la famille Boldireff était organisée autour de l'église et de la foi. Cela a d’ailleurs influencé le choix du nom des enfants. Selon Andrei Boldireff, il y a deux traditions qui s’opposent : « La première tradition, c'est la tradition de ma famille, de mes ancêtres. Chez eux, le fils aîné s'appelait toujours Roman ou Ivan. C'est une tradition cosaque. Il y a cependant une autre tradition, celle de saint Serge où le premier fils devait être nommé Serge. Mon père a choisi cette dernière tradition et a renoncé à la tradition cosaque et c’est pourquoi mon frère aîné s’appelle Sergei. Quant à mon frère cadet, Séraphim, il s’appelle ainsi parce que mon père aimait beaucoup saint Séraphim de Sarov. Mais, nous, les frères, nous avons beaucoup protesté parce que, chez les Québécois, il y avait une émission qui s'appelait “Les belles histoires des pays d'en haut” et où le personnage principal, Séraphin (en francais), était très méchant. On a tellement insisté que notre frère s'appelle Oleg, comme mon père et que son deuxième nom est Séraphim. Dans notre famille, on a toujours respecté ce que notre père nous a enseigné : qu'il fallait aimer tout le monde, qu'il fallait être chrétien avant d'être orthodoxe » (Andrei Boldireff). 


Les paroles du père Oleg reprises par son fils font référence à la fracture qui existe dans la communauté russe entre l'Église orthodoxe russe hors frontières et l'Église orthodoxe russe d'Amérique. À Montréal et à Rawdon, plusieurs églises reflètent cette séparation : la cathédrale des Saints-Pierre-et-Paul (Montréal) et l'église Saint-Séraphim-de-Sarov (Rawdon) étaient attachées à l'Église orthodoxe russe d'Amérique tandis que l’église Saint-Nicolas (Montréal) et l’église Notre-Dame-de-Kazan (Rawdon) faisaient partie de l'Église russe hors frontières. Malgré cette fracture « politique » de l'Église orthodoxe russe, Andrei se souvient que les enfants venus à Rawdon pour les vacances étaient amis et jouaient ensemble.


La vie familiale des Boldireff se déroule entre la maison paroissiale de l'église des Saints-Pierre-et-Paul de Montréal où le père Oleg fut prêtre pendant 14 ans, de 1948 à 1962, et Rawdon où il fait bâtir une maison pour y passer les vacances d'été. Attaché au village qui, à l'époque, comptait un nombre assez élevé d'immigrants russes et ukrainiens, le père Oleg décida de construire une petite chapelle orthodoxe russe. Mais, comme la plupart des gens ont protesté qu’ils allaient à Rawdon pour les vacances et pour se reposer, le père Oleg décida de construire une chapelle pour sa famille, tout en y accueillant les autres fidèles. Les gens sont venus par centaines et la chapelle était tellement petite que les gens restaient dehors. Plusieurs personnalités importantes de l'orthodoxie ont rendu visite au père Oleg. À Vancouver, c’est l'archevêque Jean Maximovich, plus tard canonisé comme saint Jean de Shanghai et de San Francisco, qui lui rendit visite. Andrei se souvient d’avoir reçu sa bénédiction à l’âge de 15 ans. La famille Boldireff a également accueilli l’archevêque qui voyageait avec l'icône miraculeuse de la mère de Dieu. 


Très jeune, Oleg Boldireff a senti un attachement très fort envers la religion. Étant enfant, il fut atteint de malaria et promit alors à Dieu que, s'il guérissait, il donnerait sa vie à Dieu. Et il tint parole. Il étudia au séminaire de Saint-Serge, à Paris. À l’instar des autres séminaristes, il passa ses vacances d'été en Angleterre, dans des paroisses anglicanes. Puis, il a complété une maîtrise à Canterbury, en Angleterre. Le père Oleg fut le plus jeune prêtre accepté au sobor de Paris. Ensuite, il servit comme prêtre dans plusieurs paroisses du Canada qui appartenaient à l'église orthodoxe russe d'Amérique, notamment à Montréal, à Vancouver et à Ottawa. 


Le père Oleg a transmis à ses enfants sa foi orthodoxe. Nicolas devint prêtre et est maintenant responsable d’une paroisse en Californie. Andrei et Vladimir, qui n'ont pas de formation en théologie, chantent dans le chœur de voix d'hommes orthodoxes russes de Montréal. Depuis trois ans, Andrei est sous-diacre et staroste de l'église Saint-Séraphim-de-Sarov. Dans la famille Boldireff, les traditions religieuses et les fêtes furent toujours respectées. « Lorsque mon père était encore vivant et très vieux, on célébrait Pâques toujours ici (à Rawdon). Dans les dix dernières années de sa vie, la famille se réunissait. Il y avait des fidèles du village aussi. Alors l'église était pleine... Après la mort de mon père, on a continué de se réunir pour Pâques, mais pas en aussi grand nombre » (Andrei Boldireff). Bien que très attaché à la « vraie foi », le père Oleg fut toujours contre les organisations administratives, car, pour lui, elles éloignent le croyant de Dieu. Il transmettra ses convictions à ses fils aussi et leur défendait de participer aux comités. « Oui, vous allez chanter, vous servez, vous travaillez, vous aidez, mais pas dans des comités » (Andrei Boldireff).

Dans les années 1950, le père Oleg fonda plusieurs organisations à Montréal dont l'Association des vétérans de la légion canadienne et l'organisation Ioan de Cronstadt qui aida les immigrants à venir au Canada et à s'y installer. Chaque année, le jour de l'anniversaire du martyre du tsar Nicolas et de sa famille, un service commémoratif avait lieu devant le monument dédié aux combattants russes.

Localisation

Municipalité: Rawdon
Région administrative: 14 Lanaudière
MRC: Matawinie
Lieu: Église Saint-Séraphim-de-Sarov, 3494, 15e avenue, Rawdon (Qc), J0K 1S0
Téléphone: 450-834-5843

Source

Andrei Boldireff
Titre, rôle et fonction : Andrei Boldireff est sous-diacre et staroste (président du conseil d'administration) de l'église Saint-Séraphim-de-Sarov de Rawdon. La famille Boldireff est une des familles russes les plus connues au Canada grâce au père Oleg Boldireff qui a fondé plusieurs paroisses orthodoxes russes en Amérique du Nord, dont celle de Saint-Séraphim-de-Sarov à Rawdon.
Lien avec la pratique : Il est membre actif des communautés orthodoxes russes de Montréal et de Rawdon.

Enquêteurs : Daniela Moisa, Iurie Stamati
Date d'entrevue : 22 octobre 2007

Photos


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