Récit de lieu
Tradition: Spiritualité autochtone
Appartenance: Spiritualité autochtone (Attikameks)
Groupe: La communauté de Wemotaci
Paroisse, congrégation ou équivalent: La communauté de Wemotaci (Attikameks)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Espace religieux (9270), Lieu sacré (9273).
Denis Chilton devant cimetière
© Soumis à copyright, IPIR 2009
Les écrits font mention des Attikameks au début du XVIIe siècle, alors qu’ils vivaient en Haute-Mauricie. Wemotaci signifie «la montagne d'où l'on observe». C’est un abrégé du mot «weymontachingue» composé de «wemot» signifiant regarder ou observer et «tchi» signifiant montagne. «Weymontachi», jusqu'à sa plus récente appellation toponymique, «Wemotaci», désigne un lieu de rassemblement estival.
Les premières visites des pères oblats eurent lieu vers 1840. Les familles de différentes nations venaient d'un peu partout sur le territoire pour s'y rassembler, notamment pour y faire des alliances, essentiellement des mariages qui, souvent, unissaient deux clans. Parfois des baptêmes, des premières communions, des mariages et d'autres services religieux étaient célébrés par les Oblats.
Les premières maisons sur le site furent construites à Wemotaci, en 1972. Il y avait déjà une église et un cimetière. Après l'arrivée des compagnies forestière, le village a été délaissé. Ces compagnies embauchaient les Attikameks, qui allaient s'installer sur les chantiers de coupe, comme au Lac Martel, aux Belles-Oreilles, au Régale, etc. Toutefois, la présence du cimetière et d'une église sur ce site historique a contribué à retenir la population près de ses terres, qui font maintenant partie de la réserve.
L'hiver, la majorité des autochtones de la communauté quittaient le territoire pour leurs terrains de chasse, laissant seuls le clergé et les aînés. Certaines familles dont le territoire était plus près, revenaient pour la messe. Après la messe, dans les années 50 et 60, les hommes patientaient devant l'église, en face du cimetière, pour fumer la pipe et discuter de questions concernant le territoire, les droits de chasse et régler les litiges entre familles. La petite église pouvait accueillir entre 100 et 150 personnes. Elle possédait deux allées. En 1975, l'église a été incendiée. Aujourd'hui, un règlement du conseil stipule que rien de permanent ne doit être construit sur le site, puisqu'il s’agit d’une terre sacrée.
Cimetière sur le site de Wemotaci
© Soumis à copyright, IPIR 2009
Depuis son consécration, le cimetière est sis au même endroit et a les mêmes dimensions. Selon les aînés, les dimensions du cimetière doivent rester telles quelles, car un agrandissement pourrait provoquer des malheurs, des morts, des incendies, etc. Ils n'osent pas trop l'entretenir, puisque qu’il est sacré ; ils ne font qu'enlever les mauvaises herbes, sans couper le gazon.
La croyance autochtone veut que, celui qui a reçu une pierre tombale au lieu d'une croix de bois lors de son inhumation devra la traîner dans l'au-delà. Ainsi, même si les croix de bois s'abîment, se dégradent ou disparaissent, elles sont préférées aux pierres. L'usage de pierres tombales ait été emprunté aux Blancs selon Denis Chilton pour symboliser la volonté de rendre un hommage, plus durable, à la personne décédée.
En 2007, le terrain du cimetière a été la proie des flammes, mais les croix, même en bois, sont restées debout selon Denis Chilton. Le cimetière n'est pas clôturé. Pour Denis Chilton, cela impose le respect pour cet espace sacré, notamment pour les jeunes.
Avant que le cimetière ne soit établi, les personnes qui mourraient sur le territoire, à la chasse par exemple, étaient enterrées sur place. Autrefois, souvent par ignorance, des sites de sépultures ont été profanés lors des opérations forestières. Il existe aujourd'hui un répertoire des lieux de sépultures. Depuis près de cinq ans, les gens du milieu revendiquent le droit d'être consultés afin que soient respectées leurs sépultures. Ces lieux sont importants et significatifs pour la culture autochtone et le culte des ancêtres.
Croix du cimetière
© Soumis à copyright, IPIR 2009
Les grands-parents de M. Denis Chilton, Victorine et Willy Chilton, lui ont enseigné que la spiritualité se trouvait dans toutes choses et dans tous les événements de la vie. Élevé par sa grand-mère, Hélène Chilton, David Chilton a hérité d'une spiritualité et de connaissances du territoire particulières. Sa grand-mère habitait en forêt et évitait les contacts avec les Blancs. Monsieur Chilton transmet la spiritualité et la connaissance du territoire à ses sept enfants, ainsi qu’à ses douze petits enfants, et ce, en tenant compte de la différence entre la vie traditionnelle et la vie actuelle.
Municipalité: Wemotaci
Région administrative: 04 Mauricie
MRC: Hors MRC (autochtones)
Lieu:
Conseil des Attikameks de Wemotaci, Case postale 221, Wemotaci (Québec) , G0X 3R0
Téléphone: 819 666‑2237
Télécopieur: 819 666-2209
Denis Chilton
Titre, rôle et fonction : Il est charpentier-menuisier et a construit les installations du site traditionnel sur lequel se trouve aussi le cimetière.
Enquêteur : Valérie Roussel
Date d'entrevue : 6 septembre 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: