Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Soeurs de la Charité, Soeurs Grises, de Montréal
Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).
Sr Véronique Cayer
© IPIR 2009, soumis à copyright
C'est grâce à la contribution des Sœurs Grises de Montréal et de Monsieur Benjamin-Victor Rousselot, Sulpicien arrivé au Canada en 1854, que l’Asile Nazareth a été fondé en 1861, sur la rue Sainte-Catherine à Montréal. Ayant lui-même un handicap visuel, le père Rousselot a rapidement constaté qu’il n’existait rien au Canada pour venir en aide aux personnes aveugles. Il n’est pas possible de déterminer à quel moment l’Institut Nazareth a pris ce nom définitivement. Quoi qu’il en soit, l’Institut s’est inspiré à plus d’un égard de l’Institut national des jeunes aveugles de Paris, en ce qui concerne l’introduction de l’enseignement du braille, la création de la bibliothèque et l’éducation musicale.
L’École de musique Nazareth a été fondée en 1875 par Rosalie Euvrard de l’Institut national des jeunes aveugles de Paris, elle-même aveugle. Le musicien renommé Paul Letondal, ancien élève de Louis Braille, viendra y enseigner la musique. L’Institut Nazareth est vite devenu un lieu important pour la musique à Montréal. En 1890, il adopte le programme de la Commission scolaire de Montréal et, en 1917, l’École de musique de l’Institut Nazareth se voit affiliée à l’Université Laval « en guise de reconnaissance de la qualité de l'enseignement qu'on y dispense ». Le prestige de l'École de musique, la renommée de ses élèves et la qualité de ses concerts en font, selon les journaux de l'époque, le « véritable conservatoire de Montréal ».
Au fil des ans, le développement de l’Institut se complexifie et se spécialise. En effet, l’Institut, qui a dû déménager en 1940 sur le boulevard Crémazie Est, cesse d’accueillir les aveugles plus âgés et de gérer l’orphelinat pour les garçons. Dès lors, l’éducation dispensée à l’Institut Nazareth est restreinte aux garçons jusqu’à l’âge de 12 ans et aux filles, jusqu’à la fin de leur cours. C’est ainsi que la fondation de l’Institut Rousselot pour personnes âgées et que l’Institut Louis-Braille pour garçons voient le jour en 1952. L’Institut Louis-Braille déménage à Longueuil en 1960 et l'Institut Nazareth déménagera dans la même localité en 1975 lors de la fusion. Le ministère de l’Éducation a pris en charge l’éducation de tous les enfants handicapés en 1974, provoquant ainsi la fusion entre l’Institut Nazareth et l’Institut Louis-Braille à Longueuil. L’éducation relève alors de la Commission scolaire de Chambly, alors que l’hébergement dépend du ministère des Affaires sociales. De plus, l’Institut a pu bénéficier de différents programmes d’aide pour se procurer de l’équipement électronique. À cause des problèmes administratifs que causait la fusion des deux instituts, l’école Nazareth-Louis-Braille est devenue l'école Jacques-Ouellette. Elle offre toujours une éducation aux aveugles, alors que l’Institut Nazareth et Louis-Braille est aujourd’hui un centre spécialisé visant le développement de l’autonomie des personnes ayant des déficiences visuelles. À partir de fusions et de divisions, certaines sœurs sont restées fidèles à l’une ou l’autre des institutions.
La dernière sœur en fonction a quitté l'Institut Nazareth et Louis-Braille en 1997. À l’école Jacques-Ouellette, les deux dernières religieuses ont quitté en 1995.
Formation musicale à l'Institut Nazareth
© Archives Soeurs Grises, soumis à copyright
Tout en s'occupant de l'Institut Nazareth, les Soeurs Grises menaient la mission que leur avait léguée Marguerite Dufrost de Lajemmerais d'Youville, en prenant soin des aveugles et en leur apportant support, encouragement, solidarité et amour.
La volonté de faire évoluer l’œuvre durant toute la période où les sœurs ont été présentes est typique de l’action des Sœurs Grises. L’Institut Nazareth a été une institution où les jeunes aveugles recevaient une éducation spécialisée et adaptée à leurs besoins. Ils y étaient souvent admis dès l’âge de 6 ans, le but étant de leur offrir une éducation semblable à celle que recevaient les autres enfants et de développer leur autonomie afin qu’ils puissent se débrouiller dans les diverses situations de la vie quotidienne tout en gagnant leur vie.
L'institut possédait en outre une importante bibliothèque braille. Pendant longtemps, l’Institut était très peu connu, même auprès des médecins. Les curés de paroisse recommandaient souvent l’Institut aux parents d'enfants handicapés visuels. L’Institut recevait aussi les personnes plus âgées désirant acquérir une formation et il dirigeait entre autres une école de musique de grande réputation, d’où sont sortis plusieurs grands musiciens. Les élèves ont donné beaucoup de concerts, dans plusieurs salles de Montréal. L'Institut offrait une formation technique et intellectuelle. L'éducation des élèves comprenait l'apprentissage en braille de la lecture, de l'écriture, des mathématiques, de la géographie et de la musique. À cette éducation formelle s'ajoutaient des travaux manuels, comme le tricot, le tissage, la couture, la vannerie et la fabrication d'objets usuels (balais, chaises, etc.). Les élèves pouvaient aussi s'adonner au scoutisme et à diverses activités et sorties.
Outre les grandes fêtes religieuses, on célébrait le 24 octobre la fête de saint Raphaël, archange envoyé par Dieu pour guérir la cécité du père de Tobie (Le livre de Tobie est un livre deutérocanonique de l'Ancien Testament) . Ce jour-là, les élèves allaient réveiller les sœurs au son de leur musique. Ensuite, venaient les congés pour commémorer sainte Cécile, patronne des musiciens. Au mois de janvier, la fête de Monsieur Rousselot, fondateur de l'Institut, était célébrée.
Alphabet en braille
© IPIR 2009, soumis à copyright
L’apprentissage se faisait beaucoup sur place, car les sœurs qui y travaillaient offraient des formations adaptées aux handicapés visuels. Les anciens élèves de l'Institut y travaillaient parfois, comme enseignant, aide à la bibliothèque ou à la production de livres braille car, à l'époque, tout le braille se produisait au poinçon, point par point. Les soeurs devaient donc apprendre les matières à enseigner et les diffuser par la suite avec l’aide et la participation de tous les élèves.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Hors MRC
Lieu:
Maison mère des Soeurs grises de Montréal, 1190, rue Guy, Montréal, H3H 2L4
Téléphone: 514 937-9501
Site Web: http://www.sgm.qc.ca/sgm/francais/frameset.html
Soeur Véronique Cayer
Titre, rôle et fonction : Soeur Cayer a été enseignante à l'Institut Nazareth et elle a travaillé à la bibliothèque de l'école Jacques-Ouellette.
Lien avec la pratique : Puisque Véronique Cayer est handicapée visuelle et elle a été amenée dès l’âge de dix ans à fréquenter l’Institut Nazareth. Elle y a fait sa formation scolaire jusqu'à ce qu'elle soit en mesure d'enseigner à l’Institut Nazareth. C’est le don de soi auprès des autres qui a amené sœur Véronique Cayer à entrer chez les Sœurs grises. Elle a travaillé à l’Institut Nazareth puis à l’école Jacques-Ouellette jusqu’en 1995.
Enquêteurs : Stéphanie Teasdale, Maude Redmond
Date d'entrevue : 10 juin 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: