Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Soeurs de la Charité, Soeurs Grises, de Montréal
Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262)
et sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique coutumière (9242).
La Crèche d'Youville, 1920
© Archives Soeurs Grises, soumis à copyright
Au début de la colonie, en Nouvelle-France, les enfants orphelins étaient à la charge des seigneurs et des Sulpiciens. En 1693, le roi leur retire le privilège de percevoir les amendes et prend sous sa responsabilité les enfants abandonnés. Il charge une sage-femme de les recueillir, de leur procurer des nourrices et de veiller à leurs bons soins.
En 1747, Marguerite d’Youville est mise au courant des abus dont les enfants sont victimes. Elle tente alors, mais sans succès, d’obtenir du roi la charge des enfants abandonnés. En 1754, après avoir trouvé des bébés assassinés, elle décide malgré les oppositions et le manque de moyens de recueillir dès cette année-là les enfants abandonnés. Elle élabore un projet de crèche permanente qui sera approuvé en 1760. L’évolution de la Crèche d’Youville a suivi celle de la société, jusqu’à sa fermeture en 1972. En 1992, la Crèche fut démolie.
Religieuse à la Crèche d'Youville, 1920
© Archives Soeurs Grises, soumis à copyright
La mission de la Crèche d’Youville est demeuré la même depuis sa création par mère Marguerite d’Youville jusqu’à sa fermeture : « Que ces petits rejetés du monde trouvent chez [elle] un berceau, des soins maternels, les douceurs du foyer. Qu’ils grandissent sous les regards du Père Éternel et par les soins de la Providence. La charité les nourrira, les instruira, et par une éducation toute chrétienne, s’appliquera à en faire des sujets honnêtes, laborieux, dévoués à l’Église et utiles à la société. » (OLIVIER, Suzanne, s.g.m., Crèche d’Youville (1754-1972), L090, Montréal, 1997, p. 2). De sa fondation en 1754 au début des années 1950, la Crèche recevra environ 54 000 enfants.
Les sœurs ont toujours misé sur l’éducation et le développement des aptitudes des enfants afin de les rendre autonomes et capables de gagner et de vivre leur vie honnêtement. Pour les Soeurs Grises, l’amour pour les enfants était un élément indispensable à leur éducation et il ne fallait pas le « ménager ». La crèche recueillait des enfants abandonnés qui provenaient de familles en difficultés financières ou familiales. Certains retournaient dans leur famille, d’autres étaient adoptés ou alors placés dans une pension ou un foyer nourricier.
Les enfants arrivaient généralement très peu de temps après leur naissance et ils y passaient le moins de temps possible, le but des Sœurs Grises étant de recréer un environnement familial tout en espérant, autant que possible, leur trouver une famille d’accueil ou d’adoption. Le travail des sœurs à la Crèche était de s’occuper des besoins tant au plan physique, matériel, affectif qu’éducationnel des enfants, en plus du travail administratif que cela demandait. Elles donnaient une éducation complète aux enfants. Il existait une collaboration étroite avec les scouts et avec l’aumônier afin de favoriser une présence masculine pour un développement équilibré de l'enfant.
La Crèche a d’abord été localisée à l’Hôpital général de la maison mère des Sœurs Grises, à Pointe-à-Callière, entre 1754 et 1871. Puis elle est déménagée à la maison mère sur la rue Guy après sa construction, de 1871 à 1925. Enfin, elle a emménagé jusqu’à sa fermeture sur Côte-de-Liesse, entre 1925 et 1972.
Les activités et les soins à la Crèche d’Youville se sont continuellement actualisés afin de répondre aux nouveaux besoins, de réduire la mortalité infantile et de favoriser l’adoption. À titre d’exemples, dès 1902, un pédiatre est engagé et dès 1919 un cours de puéricultrice est donné aux sœurs et à des femmes laïques afin de leur apprendre à soigner les enfants. À partir de 1925, la Crèche se dote de services médicaux spécialisés. Parallèlement, les Sœurs Grises travaillent à améliorer la loi sur l’adoption pour faciliter le placement des enfants. Lors de sa fermeture, la Crèche avait réussi à faire adopter un grand nombre d'enfants et a placer les autres dans une autre crèche.
Crèche d'Youville, 1920
© Archives Soeurs Grises, soumis à copyright
L’apprentissage et la transmission des savoir-faire à la crèche se faisaient par les formations en puériculture, développées et offertes par les Sœurs Grises. Des stages à la Crèche étaient possibles, pour apprendre sur place, en présence des autres sœurs et des préposées laïques.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Hors MRC
Lieu:
Maison mère des Soeurs Grises de Montréal, 1190, rue Guy, Montréal, H3H 2L4
Téléphone: 514 937-9501
Site Web: http://www.sgm.qc.ca/sgm/francais/frameset.htm
Ressources:
Suzanne OLIVIER, s.g.m., Crèche d’Youville (1754-1972), L090, Montréal, 1997
Soeur Marguerite Laliberté
Lien avec la pratique : Sœur Laliberté a travaillé à la Crèche d'Youville avant d'entrer en communauté et c'est en côtoyant les Sœurs Grises qu'elle a eu le désir de se joindre à elles. Après avoir complété sa formation et prononcé ses vœux, elle est retournée à la Crèche d’Youville jusqu’en 1965, pour ensuite faire un stage de perfectionnement en pédiatrie. Parallèlement, on lui a demandé d’aller en mission en Afrique. Après y avoir séjourné pendant dix-huit ans, elle a travaillé à l’Accueil Bonneau durant plus de 25 ans.
Enquêteurs : Stéphanie Teasdale, Maude Redmond
Date d'entrevue : 9 juin 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: