Récit de pratique liée à un savoir-faire
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Chicoutimi
Communauté religieuse: Augustines de la Miséricorde de Jésus
Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique technique et artistique (9245).
Atelier de couture
© IPIR 2009, soumis à copyright
Le 24 mai 1884, cinq Augustines de l'Hôpital-Général de Québec viennent prendre en charge l'Hôpital de Marine de Chicoutimi, construit entre 1882 et 1883, à la suite de pourparlers entre Mgr Dominique Racine et les gouvernements fédéral et provincial. Mère Saint-Gabriel, Mère Marie-des-Anges, Mère Saint-Elzéar, Mère Saint-Léandre et Mère Saint-André-Bobola reçoivent ainsi le titre de fondatrices du monastère des Augustines de Chicoutimi. Dès ses débuts, la petite communauté des Augustines de Chicoutimi organise des activités économiques capables d'assurer la vie quotidienne des religieuses membres de la communauté. Pour ce faire, les soeurs mettent sur pied de nombreuses petites industries intra-communautaires, qui assuraient leurs besoins quotidiens et leur apportaient aussi des revenus de l'extérieur. L'ampleur de ces petites industries fut plus accentuée avant 1970, car c'est en 1970 que les Augustines décident de céder au gouvernement du Québec l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier, qui jusque-là avait été sous leur responsabilité.
Fabrication des chaussures des Augustines de Chicoutimi
© IPIR 2009, soumis à copyright
La vie quotidienne des religieuses nécessitait, dès le début, des stratégies économiques exceptionnelles, afin que la petite communauté installée à Chicoutimi puisse se développer en tant que communauté hospitalière capable d'assurer à la fois ses besoins et ceux des malades. C’est par la création de nombreuses petites industries que les Augustines ont réussi à surmonter les difficultés économiques des premiers temps. On a ouvert une boulangerie, qui assurait chaque jour le pain nécessaire aux religieuses et aux malades et qui produisait même du pain à vendre aux laïques de la ville. Pendant quelques années, on a aussi fabriqué les hosties nécessaires aux services religieux, en préparant la pâte à la main, en la faisant sécher dans une armoire spéciale munie de plusieurs tiroirs, en la coupant à la machine, pour produire environ 800 hosties par jour. Les sœurs recevaient aussi des commandes hebdomadaires pour des clients venant de l’extérieur, entre autres la paroisse du Christ-Roi, du diocèse de Chicoutimi (5000 hosties commandées), et la paroisse de Saint-Antoine, du diocèse de Chicoutimi (4000 hosties commandées), et de nombreuses autres commandes plus petites pour d’autres communautés.
Pendant un demi-siècle, un service de typographie et d'imprimerie a été assuré afin d’éditer des ouvrages destinés à la communauté et à l'hôpital. En plus de cultiver des fleurs en serre, la communauté possédait une grande ferme qui lui fournissait des légumes, des fruits, du lait, du fromage, des œufs et de la viande. Tout était dirigé vers la communauté et l'hôpital et le surplus vendu à l'extérieur. Associées à la ferme, d'autres petites industries informelles se sont développées, soit la fabrication de beurre et de fromages, au moyen d’outils et de techniques spécifiques, la préparation de conserves pour l'hiver à la « cannerie », où les soeurs travaillaient surtout le soir jusqu'à minuit, pour mettre en conserve des légumes et des fruits (tomates, petits pois, gourganes, pêches, poires, abricots, etc.).
Il y avait aussi des ateliers spécialisés: comme la cordonnerie, où l’on fabriquait des ceintures et des souliers en cuir qui faisaient partie du costume religieux d'avant les années 1960 et la salle de couture, où l’on fabriquait l’habit des sœurs, dans leurs diverses variantes au fil du temps. Les matériaux utilisés pour fabriquer les souliers venaient de l'extérieur, mais on disposait sur place d'une machine à coudre le cuir, de même que de formes en bois et en fer, de compas, de couteaux spéciaux, de marteaux, de poinçons et de pinces. Une buanderie assurait l'entretien de la lingerie, y compris les robes des sœurs et les tabliers nécessaires au travail à l'hôpital. Les sœurs possédaient une presse spéciale et une calandre pour repasser la lingerie. Au fond du jardin du monastère, un atelier de fabrication de savon du pays a fonctionné pendant de nombreuses années. Les restes de graisses animales de la cuisine de l'hôpital étaient alors récupérés pour être mélangés à de l'arcanson (résine), du sel, de la caustique et de l'eau. Ces matières étaient bouillies durant environ une heure et refroidies pendant un jour ou deux dans des moules.
Toutes ces petites activités économiques internes étaient assurées par les sœurs converses et elles ont soutenu de manière stratégique le bon fonctionnement de cette communauté de sœurs hospitalières.
Fabrication des chaussures
© IPIR 2009, soumis à copyright
Pour chaque savoir-faire impliqué dans la vie économique interne de la communauté des Augustines de Chicoutimi, la principale forme de transmission s’est faite de façon directe et orale, d'une responsable et d'une spécialiste à l'autre. Certaines sœurs ont appris tel ou tel savoir-faire dans leur famille même ou pendant leurs obédiences en tant que postulantes ou novices. Exceptionnellement, elles ont suivi des cours spécifiques de courte durée.
Municipalité: Saguenay
Région administrative: 02 Saguenay-Lac-Saint-Jean
MRC: Hors MRC
Lieu:
Monastère des Augustines de Chicoutimi, 225, rue Saint-Vallier, Chicoutimi, G7H 5H6
Téléphone: (418) 549-7750
Site Web: http://www.augustines.ca/fr
Soeur Hortense Côté
Lien avec la pratique : Soeur Hortense Côté a été cuisinière pendant 44 ans à l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier et à la communauté des Augustines de Chicoutimi.
Enquêteurs : Alina Nogradi, Maude Redmond Morissette
Date d'entrevue : 25 mars 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: