Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Québec
Communauté religieuse: Soeurs servantes du Saint-Coeur de Marie
Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Prosélytisme (9263).
Sr Marguerite-Marie Hébert
© IPIR 2010, soumis à copyright
Ce sont les Prêtres des missions étrangères, par l'entremise de Mgr Larochelle, qui sont venus frapper à la porte des Sœurs Servantes du Saint-Coeur de Marie pour demander leur aide. Ils désiraient recevoir des sœurs québécoises pour venir donner l'instruction aux enfants des campagnes cubaines. À cette époque, aucune religieuse n’était présente dans les campagnes cubaines. Ayant reçu l'approbation du Conseil général, quatre fondatrices (Sr Marguerite-Marie Hébert, Sr Éva Béland, Sr Candide Labonté et Sr Lucienne Caron) se préparent pour cette mission à Cuba, notamment en s'initiant à la langue espagnole.
Le 8 mai 1950, elles quittent la maison provinciale. Dans un premier temps, elles voyagent par train jusqu'en Floride. Puis, elles arrivent finalement à Cuba par voie maritime. Elles sont alors attendues par les Prêtres des missions étrangères et des sœurs espagnoles. Les quatre missionnaires sont rapidement amenées dans le village de Caraballo, lieu de leur apostolat, où elles sont accueillies avec enthousiasme par la population locale. L'enseignement auprès des jeunes Cubains se déroule dans les villages de Caraballo et de San Antonio. En 1952, quelques religieuses viennent apporter leur aide à la mission, l'apostolat des Soeurs Servantes du Saint-Coeur de Marie s'étend alors à d'autres villages.
À partir de la deuxième moitié des années 1950, la Révolution commence à gronder dans les montagnes cubaines. En 1959, la Révolution atteint son objectif et Fidel Castro prend le pouvoir du pays. Les Soeurs Servantes du Saint-Coeur de Marie ne ressentiront les effets véritables de la Révolution qu'à partir de 1961, au moment où les militaires prennent le contrôle des écoles. Alors que dix religieuses retournent au Québec, six Servantes du Saint-Coeur de Marie décident de rester au pays, avec la bénédiction de Sa Sainteté Jean XXIII. Avec l'introduction de la doctrine communiste dans les programmes scolaires, les sœurs délaissent l'enseignement afin de se consacrer à un nouvel apostolat : donner des cours de catéchèse. Au fil des ans, de nombreuses sœurs de la Congrégation ont été missionnaires à Cuba et elles ont réussi, malgré les conditions difficiles, à mettre sur pied des maisons sur l'ensemble de l'île de Cuba.
Quatre fondatrices - 8 mai 1950
© Archives S.S.C.M., soumis à copyright
Si une dizaine de religieuses des Soeurs Servantes du Saint-Coeur de Marie ont quitté Cuba au moment de la Révolution, six missionnaires sont restées sur place afin de poursuivre la mission et apporter de l’aide au peuple cubain. Par ce choix, elles acceptaient par le fait même de vivre dans les mêmes conditions que la population. Après le départ de nombreuses religieuses québécoises, les Sœurs Servantes du Saint-Coeur de Marie et les Sœurs du Bon-Conseil de Montréal toujours sur place décident de former une seule communauté pour affronter en groupe les difficiles conditions de vie à Cuba, qu'il s'agisse du rationnement des aliments ou de la présence de militaires postés devant la porte de leurs demeures.
En arrivant à Cuba, les sœurs avaient pour apostolat l'enseignement dans les écoles de campagne. Mais avec la Révolution, l’apostolat est devenu celui de maintenir l'enseignement de la catéchèse dans les populations locales. Parce que les Cubains avaient peur d'être signalés comme catholiques après la Révolution, il était difficile de les faire participer à la catéchèse. Les sœurs partaient alors directement à la rencontre des familles pour les soutenir dans leur foi et les accompagner dans la prière. Étant profondément religieux, le peuple cubain est revenu vers l'Église avec le temps. En plus des cours de catéchèse, la Congrégation a aussi mis sur pied la salle à manger Caridad, qui venait en aide aux personnes âgées. Trois fois par semaine, les bénévoles de la Caridad offraient le dîner aux démunis. À un certain moment, plus de 140 personnes âgées profitaient de ce service. Les Sœurs Servantes du Saint-Coeur de Marie ont toujours eu pour seule mission d'aider les Cubains de quelque façon que ce soit.
Collège de Caraballo - 1954
© Archives S.S.C.M., soumis à copyright
À la demande de jeunes Cubaines, les Sœurs Servantes du Saint-Coeur de Marie ont ouvert un noviciat à la Havane dans les années 1965-1966. Encore ouvert aujourd'hui (2009), le noviciat a permis de former à la vie religieuse sept Cubaines. Toutefois, comme partout ailleurs dans le monde, il est de plus en plus difficile de trouver des femmes ayant la vocation religieuse. La supérieure régionale du District de Cuba est actuellement d'origine cubaine. En plus des religieuses cubaines, six religieuses québécoises des Sœurs Servantes du Saint-Coeur de Marie sont toujours présentes à Cuba.
Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
MRC: Communauté métropolitaine de Québec
Lieu:
Maison de Beauport, 37, avenue des Cascades, Québec, G1E 2K1
Site Web: http://www.soeurs-sscm.org
Soeur Marguerite-Marie Hébert
Lien avec la pratique : Lors de ses vœux perpétuels, sœur Hébert mentionne à ses supérieures son intérêt pour la vie de missionnaire. En 1950, son vœu est exaucé, puisqu'elle devient une des quatre fondatrices de la mission à Cuba. Sœur Marguerite a été missionnaire à Cuba pendant 52 ans, entre 1950 et 2002. Lors de son retour au Québec, elle était la missionnaire qui avait résidé le plus longtemps à Cuba.
Enquêteurs : Maude Redmond Morissette, Daniela Moisa
Date d'entrevue : 16 octobre 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: