Récit de pratique cérémonielle ou cultuelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Orthodoxie (chalcédonienne)
Groupe: Église Orthodoxe d'Amérique / Orthodox Church in America
Diocèse, association ou regroupement: The Romanian Episcopate of America (Diocese) /Épiscopat Orthodoxe Roumain d'Amérique
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saints Apôtres Pierre et Paul (Mission) (Québec)
Classé sous Pratique religieuse (9300), Cérémonie (9310), Office (9311).
Le pain avant la proscomidie
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La proscomidie, dans la liturgie orthodoxe, constitue une pratique cultuelle préliminaire à la liturgie divine. Elle assure la préparation des dons consacrés (le pain et le vin consacrés) avant la liturgie du matin (utrenia) de chaque messe. Cette pratique cultuelle est très ancienne dans le rite orthodoxe, puisqu'elle est attestée dès les premiers siècles du christianisme, alors que les premiers fidèles orthodoxes apportaient, avant chaque messe, des dons sous forme de pain et de vin.
Au cours des siècles, plusieurs changements ont été effectués à la proscomidie en fonction des nombreuses étapes de la canonisation officielle du culte orthodoxe. Selon certains, avant le VIIe siècle la proscomidie était célébrée après la liturgie des « catehumeni », tandis qu'à partir du VIIe siècle elle a été déplacée avant cette liturgie. À partir du IXe siècle, le symbolisme du sacrifice fut renforcé par l'ajout des mots du prophète Isaïe au sujet du sacrifice de l'agneau divin. Au fil des ans, la proscomidie est devenue de plus en plus complexe et sacrée en raison de l'ajout de nombreux gestes canoniques nouveaux, tels le découpage des « miride » (petits morceaux triangulaires de pain consacré, destinés à diverses figures du panthéon orthodoxe).
Au XIVe siècle, le patriarche Filotei de Constantinople rédige un nouveau règlement canonique de la proscomidie, règlement valide pour les églises orthodoxes roumaine, serbe, bulgare et russe afin de limiter les variations de plus en plus accentuées du rituel. À partir du XVIIe siècle, le diacre n'a plus le droit de pratiquer la proscomidie ni de préparer les dons; la proscomidie étant considérée de plus en plus sacrée, le sacrifice des dons étant exclusivement réservé au prêtre.
La disposition des parcelles sur la sainte patène
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Le terme « proscomidia » d’origine grecque signifie mettre en avant, offrir, donner. Dans le rituel orthodoxe, la proscomidie est devenue, au fil des siècles, une pratique préliminaire fondamentale à toute liturgie, symbolisant un rite sacrificiel. À l’époque, le diacre était responsable de la préparation du pain et du vin consacrés, ces dons étant apportés par les fidèles, avant la messe, dans un petit bâtiment situé à côté de l’église. Après le XVIIe siècle et jusqu’à nos jours, c’est le prêtre qui prépare ces dons, à l’intérieur de l’église, dans une « firide » spécifique située du côté sud de l’autel. Sur une petite table, on apporte les objets consacrés nécessaires à la proscomidie : « sfântul potir » (le calice consacré), « sfântul disc » (la patène consacrée), « steluta » (la petite étoile des rois mages), « copia » (le couteau spécifique en forme de lance), deux couvertures et le « aerul » (le linge qui couvre le calice et la patène durant la liturgie). On apporte aussi du pain, habituellement en forme de croix ou marqué par une croix, du vin et de l’eau. Des petits morceaux de pain en forme de triangle, nommés « miride », sont découpés : la plus importante et la première des « miride » est le saint « agnet » (du latin agnus), dédiée à Jésus; s’ensuit la « mirida » de la Sainte Vierge; neuf autres « miride » sont découpées pour les neuf groupes célestes des anges; d’autres « miride » sont destinées à de nombreux saints célébrés par l’Église orthodoxe. Enfin, des « miride » spécifiques pour les défunts et pour les vivants sont découpées et mises du côté gauche, et respectivement du côté droit du saint « agnet » sur la patène. Toutes les « miride » sont couvertes par la petite étoile des rois mages et par le linge consacré, étant encensées trois fois. Ces gestes sont accompagnés de prières et de paroles spécifiques.
Avant la liturgie divine, le diacre apporte les dons ainsi préparés sur une petite table située à droite de l’autel. Les dons (pain et vin) revêtent un rôle fondamental dans le développement de la messe orthodoxe qui, au niveau symbolique, rappelle la vie de Jésus, en commençant par sa naissance même, durant la proscomidie, sous la protection de l’étoile des rois mages et, durant la liturgie, en intervenant dans des moments clé, tels la « sortie des dons », symbole du début des miracles faits par Jésus, la mise sur le saint « antimis » (l'antimension, nappe contenant des reliques et consacrée par l'évêque, est un autel portatif sur laquelle est représentée l'ensevelissement du Christ) symbole de la mise au tombeau de Jésus, la sainte eucharistie, symbole de la résurrection du Christ.
La messe orthodoxe
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Le rituel de la proscomidie est, depuis le XIVe siècle, régit par la patriarchie orthodoxe de Constantinople (aujourd'hui Istanbul, en Turquie). Ces canons sont enseignés de manière officielle dans les écoles et les séminaires théologiques des divers pays orthodoxes de l'Europe.
Municipalité: Québec
Région administrative: 03 Capitale-Nationale
MRC: Communauté métropolitaine de Québec
Lieu:
Église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, 160, rue Saint-Joseph Est, Québec, G1K 3B8
Téléphone: 418 575-9611
Site Web: http://petrusipavel.homeip.net/
Daniel Postolache
Lien avec la pratique : Daniel Postolache est prêtre orthodoxe de la Mission « Saints Apôtres Pierre et Paul » de Québec depuis l'automne 2004. Il a été formé au Séminaire théologique de Bucarest et il a été curé de campagne pendant plusieurs années avant d’immigrer au Canada. À son arrivée au Québec, il a vécu quelques années à Montréal, puis il s’est établi à Québec avec sa famille. Il a alors eu la possibilité de reprendre son ministère et d’assurer le service dominical en roumain pour les fidèles orthodoxes roumains vivant à Québec.
Enquêteurs : Isabelle Becuywe, Imre Nogradi
Date d'entrevue : 18 octobre 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: