Récit d'objet
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saint-Jacques (Montréal)
Classé sous Pratique religieuse (9300), Pratique de communication religieuse (9350), Musique sacrée (9353).
Orgue Casavant
© IPIR 2008, soumis à copyright
L'Opus 1 de Casavant & Frères est la première commande d'orgue que reçoivent les frères Samuel et Claver Casavant en 1879. Avant cette date, le nom Casavant était déjà connu dans la facture d'orgues au Québec. C'est Joseph Casavant (père) qui fabriquait les orgues. Il existe encore aujourd'hui quelques orgues de Joseph Casavant. Ses deux fils, Samuel et Claver, travaillaient avec leur père et se passionnaient pour la facture d'orgues. Après un perfectionnement à Paris offert par la maison Cavaillé-Coll (la plus grande maison de fabrication d'orgues à Paris au 19e siècle), ils reviennent au Québec et fondent la maison Casavant & Frères en 1879. Les frères Casavant ont été très prolifiques. Casavant a meublé une bonne partie des églises du Québec en orgues. C'est une maison qui a acquis une renommée et qui possède toujours une grande expertise internationale après plus de 100 ans. La première commande d'orgue de la jeune compagnie vient donc des Prêtres de Saint-Sulpice. L'orgue est destiné à la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes. L'Opus 1 est installé à la chapelle en 1880, avant son ouverture au culte en 1881, fait qui est très rare. C'est que Napoléon Bourassa, l'architecte de la chapelle, a également dessiné le buffet de l'orgue qui est en proportion et en relation avec l'édifice. Généralement, pour des raisons financières, les orgues sont installés plusieurs années après la construction du bâtiment.
Organiste Laurent Martin
© IPIR 2008, soumis à copyright
Cet orgue a été fabriqué à Saint-Hyacinthe (Québec) par la maison Casavant & Frères. L'Opus 1 de Casavant est un orgue de petite dimension; il dispose de 15 jeux. Comme tous les orgues, il est composé de deux éléments principaux. D'abord, il y a la console, là où se trouvent les claviers, les tirants des jeux et le pédalier. La console contrôle tout l'instrument; c'est l'endroit où l'organiste s'installe pour jouer. Ensuite, il y a le buffet, partie qui comprend tous les tuyaux. Sous le buffet prennent place les réservoirs, le moteur, les sommiers et, au-dessus, la tuyauterie (élément en façade visible par le public). Étant donné que le buffet de l'Opus 1 est composé de plusieurs essences de bois, il possède donc plusieurs teintes différentes. L'orgue prend toute la place disponible au jubé de la chapelle.
Les Prêtres de Saint-Sulpice voyaient en Notre-Dame-de-Lourdes un petit sanctuaire d'adoration, car la paroisse possédait déjà une église paroissiale importante juste en face (église Saint-Jacques). Ainsi, la chapelle a été construite pour servir de sanctuaire dédié à la Vierge avec lieu d'adoration du saint-sacrement, comme cela se fait encore aujourd'hui. L'orgue commandé et installé était donc un orgue de chapelle. C'est un petit orgue qui devait jouer pour les offices des communautés religieuses. Dès le départ, il n'était pas question d'installer un orgue flamboyant pour les grandes processions et les grandes fêtes, qui se déroulaient plutôt à l'église Saint-Jacques. L'orgue devait simplement accompagner les célébrations et n'avait pas été conçu pour interpréter du répertoire organistique. Il devait alors accompagner les hymnes liturgiques. L'Opus 1 répond parfaitement à cette mission.
L'orgue est utilisé durant tous les offices de la fin de semaine. Sur semaine, l'orgue joue pour les grandes fêtes. Lors des fêtes de la Vierge, l'orgue joue pour les trois messes de la journée (7h30; 12h; 17h) et parfois même lors d'une messe ajoutée à 15h. Lors des fêtes du Christ ou du calendrier liturgique, l'orgue joue durant deux offices (12h et 17h). Lors des fêtes secondaires pour honorer un saint, il existe une procédure : lorsqu'il s'agit d'une sainte, l'orgue joue à la messe de 12h. S'il s'agit d'un saint, l'orgue joue à la messe de 17h. L'avant-midi, lorsqu'il n'y a pas d'exposition du saint-sacrement, l'organiste peut répéter. Autrement, il peut répéter le soir après la fermeture à partir de 18h. Ainsi, l'orgue est en usage presque tous les jours. À cela s'ajoutent, à l'intérieur des temps liturgiques importants, des concerts de musique sacrée.
Pour la fabrication de ses premières orgues, la maison Casavant & Frères ne possédait pas encore l'expertise des jeux d'anches. Ceux-ci étaient donc commandés chez Cavaillé-Coll à Paris. En effet, à l'époque, Casavant a commandé à la maison parisienne deux jeux (trompette et hautbois). L'Opus 1 ne possède pas de jeux de mutation (jeux servant à donner plus de brillance et de prestance à l'orgue). Mais étant donné la mission de l'orgue à la chapelle, cela n'est pas un problème. Le buffet de l'orgue est composé de plusieurs essences de bois. Les tuyaux sont des amalgames de métaux. Plusieurs types de métaux entrent dans la fabrication d'un tuyau. Les amalgames sont gardés secrets par les fabricants, car ils ont un impact direct sur la sonorité de l'orgue (on utilise du plomb, du zinc, du cuivre, etc.). Les recettes varient selon le cas et les fabricants. Chaque orgue est donc unique en soi.
Cet orgue est un joyau à l'intérieur de l'église. Il possède une très grande valeur en tant qu'instrument de musique, en tant qu'objet architectural lié à l'édifice et en tant qu'objet « machine » qui fonctionne encore très bien. L'Opus 1 de Casavant est très reconnu tant à l'échelle nationale qu'internationale. Malheureusement, très peu d'information nous est parvenue sur les premiers orgues de la maison Casavant. Pour un instrument de cet âge qui n'a pas subi de restaurations importantes, les jeux d'origine possèdent encore de très belles sonorités franches et claires.
L'organiste précise que son utilisation quotidienne permet de bonifier sa résonance, car un orgue qui ne joue pas subit une détérioration de son esthétique sonore avec le temps. Il y a eu un nettoyage de l'instrument à la fin des années 1970 ou au début des années 1980, année où la chapelle a été entièrement nettoyée. La chapelle maintient le plus possible une température stable à longueur d'année (22-23 °C) à l'aide d'une thermopompe. La stabilité de la température est essentielle pour l'orgue. Si le froid et le gel ne sont pas bons pour l'instrument, la chaleur et l'humidité excessives sont encore pires. L'accord de l'orgue est un entretien essentiel. Cela se fait environ quatre fois par année, à chaque changement de saison. Cet entretien régulier assure la conservation de l'instrument.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Hors MRC
Lieu:
Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, 430, rue Sainte-Catherine Est , Montréal, H2L 2C5
Téléphone: 514 845-8278 poste 233
Télécopieur: 514 845-8279
Site Web: http://www.cndlm.org/cndlm_qdn.php
Laurent Martin
Titre, rôle et fonction : Il est organiste titulaire de la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes depuis mars 2000.
Lien avec la pratique : Laurent Martin joue de l'orgue quotidiennement dans le cadre de ses fonctions.
Enquêteur : Mathieu Tremblay
Date d'entrevue : 14 mars 2008
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: