Récit de pratique liée à un savoir-faire

La colybe : plat rituel (coliva) dans l'Église orthodoxe

Tradition: Christianisme
Appartenance: Orthodoxie (chalcédonienne)
Groupe: Église Orthodoxe d'Amérique / Orthodox Church in America
Diocèse, association ou regroupement: Archevêché du Canada / Archdiocese of Canada
Paroisse, congrégation ou équivalent: Saints Peter & St. Paul Sobor / Cathédrale des Saints Pierre et Paul (Montréal)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Aliment (préparation) (9291).

Historique général


Colybe préparée pour la fête des morts
© IPIR 2012, soumis à copyright

La colybe est un plat funéraire et liturgique présent dans l’Église orthodoxe et gréco-catholique. Coliva (roumain), Kolivo (bulgare), coliva (en russe) est préparée aux funérailles, à l’occasion du parastas (grec) ou de la panikhida (slavon), des cérémonies de commémoration des morts ou aux fêtes des morts qui ont lieu chaque année. Durant les célébrations, les chandelles des colybes restent allumées. Après la liturgie, la colybe est partagée aux croyants présents à l'église que ce soit les membres de la famille, les amis ou les étrangers. Lorsque les fidèles reçoivent un morceau, ils disent : " Que Dieu pardonne… " (le nom de la personne qui est décédée).

Symbole de la Résurrection, la colybe est faite de grains de blé qui représentent le corps même du défunt. Elle est l'expression matérielle de la croyance orthodoxe dans l'immortalité et dans la Résurrection. Comme le grain de blé pour germer et donner du fruit doit d'abord être enterré et se décomposer, de même le corps humain doit d'abord être enterré et se décomposer pour ressusciter inaltéré (Voir Jean, XII, 24; et I Cor. XV, 36).


Les sucreries et les ingrédients qui entrent dans la composition des colybes représentent les vertus des saints ou des défunts, mais également la douceur de la vie éternelle que l'on espère que le défunt goûtera.

Description


Ingrédiens de la colybe
© IPIR 2011, soumis à copyright

La colybe est faite à la maison par les membres de la famille du défunt. Elle se prépare en deux temps. La cuisson du blé est faite le soir et la préparation de la colybe a lieu le lendemain, jour d'offrandes à l'église ou pannikhide. Le soir, le blé est d'abord trié et nettoyé de ses impuretés. Par la suite, on lave le blé neuf fois dans l'eau, prise d'une source aux premiers rayons du soleil. Le nettoyage rituel est accompagné du "Notre père", récité neuf fois ce qui correspond aux neuf puissances angéliques. Après l'usage, l'eau n'est pas jetée mais utilisée pour arroser les fleurs et les plantes de la maison.


Par la suite, on fait bouillir le blé. Quand l'eau est presque complètement absorbé, on ajoute le sucre et une pincée de sel et on remue avec une cuillère en bois. On laisse encore mijoter sur le feu le temps qu'il n'y ait plus d'eau et que le grain de blé soit « ouvert ». On met le blé dans un récipient et on le couvre avec un torchon humide pour éviter qu'il ne sèche et fasse une croûte épaisse. Le matin, on ajoute les morceaux de noix coupés et environ un quart des noix en miette. On parfume la colybe en y ajoutant des zestes de citron et d'orange, du rhum et de la cannelle. On pétrit la composition à la main. Ensuite, on la répartit sur un plateau, en nivelant bien à la main. On y ajoute le reste de noix râpées ou des petits bonbons, de façon à former une couche assez épaisse. On ajoute les cerneaux de noix ou le cacao pour former une croix sur la colybe.


Tout au long de la pannikhide et du repas, une chandelle reste allumée au centre de la colybe. La chandelle symbolise le sacrifice du Christ pour le pardon des péchés du défunt. La colybe est consommée seulement à l'occasion des pannikhides ou des célébrations des morts. Elle est partagée par les membres de la famille du défunt et par leurs invités. La colybe est placée devant la croix du calvaire qui se trouve dans la nef, à gauche. Il s'agit d'une table pourvue d'une grosse croix portant l'image de Notre Seigneur crucifié ayant la Mère de Dieu à sa droite et saint Jean à gauche. Habituellement, la famille apporte aussi une bouteille de vin. La colybe est bénite par le prêtre. En la bénissant, il prie pour l'âme du défunt. Après la bénédiction de la colybe, le prêtre et la famille chantent le De profundis. À la fin de la pannikhide, la chandelle est éteinte et la famille va au cimetière, puis à la maison. À la maison, la colybe occupe le centre de la table, à côté d'autres plats qu'on prépare pour les fêtes. Après une courte prière, les membres de la famille et ceux qui sont présents partagent le plat en disant : « Que Dieu me pardonne mes péché! » La recette de la colybe ne varie pas beaucoup. Parfois, on ajoute des bonbons, parfois des cerneaux de noix ou du cacao pour former une croix sur la colybe. Donc, les variations sont d'ordre esthétique.

Apprentissage et transmission


Les graines de blé sont lavées neuf fois avec de l'eau de source
© IPIR 2011, soumis à copyright

La préparation et l'utilisation de la colybe dans les rites funéraires se transmettent oralement et surtout dans le cadre familial. Elle est préparée uniquemetn par les femmes, à la maison, assitées souvent par leurs filles. Parfois, le prêtre peut indiquer aux femmes comment préparer la colybe. Dans les communautés orthodoxes du Canada et d'ailleurs, la colybe continue d'être préparée afin de commémorer les morts de la famille inhumés dans le pays d'origine ou d'accueil.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Cathédrale des Saints Pierre et Paul, 1175, rue de Champlain, Montréal, H2L 2R7
Téléphone: 514 522-2801
Télécopieur: 514 523-1011
Site Web: http://www.peterpaul.sobor.ca

Source

Anatoly Melnik
Titre, rôle et fonction : Anatoly Melnik est archiprêtre de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul de Montréal.

Enquêteurs : Iurie Stamati, Daniela Moisa
Date d'entrevue : 5 janvier 2008

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