Récit de pratique liée à un savoir-faire
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Chicoutimi
Communauté religieuse: Soeurs Antoniennes de Marie
Classé sous Organisation religieuse (9200), Communauté (9240), Pratique technique et artistique (9245)
et sous Organisation religieuse (9200), Fabrication d’objets religieux (9290), Objet (9293).
Jésus de cire fabriqué par soeur Gisèle Simard
© IPIR 2009, soumis à copyright
La cire est une matière employée par les sculpteurs depuis l'Antiquité. Elle offre plusieurs avantages. En plus d’être économique et malléable, elle nécessite des instruments assez rudimentaires. De plus, la cire offre des caractéristiques se rapprochant de l'aspect de la chair par sa couleur, sa transparence et une certaine luminosité qui sied bien à l'Enfant Jésus. La fabrication de petits jésus de cire date d’aussi loin que les dévotions à l’Enfant Jésus, mais cette tradition arrive en Nouvelle-France avec les premières communautés religieuses qui possèdent encore à ce jour des collections d’Enfants Jésus en cire. Les petits Enfants Jésus des Antoniennes sont très recherchés et bien connus dans la région de Chicoutimi. Les gens viennent de loin pour se procurer un petit jésus de cire fabriqué selon la tradition.
Chez les Antoniennes, Sr Gisèle Simard est la dernière religieuse à avoir fabriqué des « petits jésus de cire ». Depuis ses débuts en 1953, Sr Simard travaillera à améliorer sa technique et inventera des méthodes qui resteront la marque des Antoniennes. Son premier modèle qui servira à faire son premier moule vient de Rome. C’est à sa demande que son cousin, l’abbé Jean-Paul Simard, lui apporte le précieux Enfant Jésus qui reste encore à ce jour le modèle qu’utilise l’héritière du savoir-faire. Sr Gisèle Simard est décédée en octobre 2008 en ayant pris soin toutefois de transmettre son précieux savoir-faire à l’une de ses nièces. Pascale Plourde fabrique encore aujourd’hui selon les modèles et techniques de sa tante des petits Enfants Jésus en cire.
Les étapes de fabrication des jésus de cire
© IPIR 2009, soumis à copyright
Pascale Plourde fabrique des petits jésus de cire depuis le 19 mai 1978, date où sa grand-tante, soeur Gisèle Simard, antonienne de Marie, entreprend officiellement de transmettre ses connaissances à ses deux nièces. Des deux soeurs, Pascale est la seule à avoir continuer à fabriquer des petits jésus de cire. Mme Plourde organise sa production en fonction de ses temps libres qui s'étend du mois de septembre au mois de mars. Il est très difficile de fabriquer des Enfants Jésus en cire en été en raison de la température. Le moment fort des ventes se fait entre octobre et décembre, soit avant Noël, mais il arrive que des parents en visite dans la région viennent lui en acheter pendant l'été. Il arrive aussi que Pascale Plourde répare des vieux jésus de cire abîmés puisque la réparation demande de connaître les étapes de fabrication : il est impossible de coller des morceaux de cire avec de la colle.
La fabrication se fait dans la cuisine de la résidence de Mme Plourde et aucune installation particulière n'est nécessaire. Les petits Enfants Jésus en cire sont des représentations miniatures de l'Enfant Jésus le soir de sa naissance; il est souvent représenté dans une étable et installé dans une mangeoire, entouré de Marie, de Joseph et des animaux de l'étable. Cet ensemble (la crèche) est ensuite installé sous l'arbre de Noël pour évoquer la naissance du Christ. Les petits Enfants Jésus en cire ne pourraient être considérés comme une simple marchandise. Soeur Gisèle avait l’habitude de dire que « lorsqu’on vend un petit jésus de cire, on ne le vend pas vraiment, c’est plutôt un petit Jésus qui entre dans une maison ».
Comme sa tante avant elle, Pascale Plourde fabrique plusieurs modèles qui varient selon les dimensions des moules : 3 po, 3 ½ po, 4 po, 5 po, 6 po, 8 po, 10 po, 15 po et 20 po. Plusieurs étapes sont nécessaires dans la confection des Enfants Jésus. D'abord, il faut fabriquer un moule en plâtre qui durera plusieurs années ou décennies. Selon un rituel instauré par Sr Gisèle, les nouveaux moules sont baptisés et marqués d’une petite croix. Chaque partie du corps possède son propre moule qui, selon la complexité de la pièce à mouler, peut contenir plusieurs pièces. Un moule est toujours fabriqué avec le premier Enfant Jésus qu'aura produit le moule précédent pour s'assurer de conserver les traits originaux du modèle de base. La cire d'abeille qui servira au moulage provient de vieux cierges récupérés dans des églises de la région. On prendra soin de gratter les saletés ou motifs incrustés dans la cire des cierges avant de la faire fondre. La cire fondue est versée dans de grandes tôles de façon à faire des carrés qui seront par la suite fondus de nouveau. Lors de cette deuxième fonte, Mme Plourde ajoute trois produits : un pour la couleur, un deuxième pour augmenter l’opacité de la cire et finalement un dernier pour augmenter la résistance de la cire à la chaleur. L'étape suivante consiste à verser la cire fondue dans le moule froid et à attendre quelques minutes avant de vider le surplus de cire dans le chaudron.
Le démoulage pourra se faire lorsque la cire aura suffisamment durci. Cette étape demande beaucoup de délicatesse et de doigté. Ensuite, les imperfections seront corrigées avec des petites quantités de cire ajoutée ou enlevée, selon le besoin. Les morceaux de corps sont alors classés dans des boîtes selon les dimensions des pièces. Les différentes parties du corps sont soudées ensemble à l’aide de petites gouttes de cire fondue. Aucune colle n’entre dans la fabrication des Enfants Jésus, tous les ajouts sont faits selon cette technique du « goutte à goutte » . Ensuite, il faut polir l’Enfant Jésus avec un linge de flanelle, installer les dents et les yeux de verre. Pour installer les yeux, il faut ouvrir la tête en deux et aller les positionner délicatement par l’intérieur pour ensuite recoller la tête, toujours selon la technique du « goutte à goutte ». Les cheveux, « toujours des vrais », sont enroulés mèche par mèche autour d’un bâtonnet de bois puis mouillés et recouverts d’un papier de soie jusqu’à ce que la mèche soit sèche et bouclée. La dernière étape est la confection de la petite robe blanche finie avec une bande de dentelle et le maquillage.
La production des petits Enfants Jésus en cire reste essentiellement artisanale. Elle peut atteindre jusqu’à 200 statuettes par année. Les prix varient selon la grosseur. Selon Mme Plourde, il serait impensable de rentabiliser et de vivre de ce savoir-faire en raison du temps que cela demande : « C’est sûr qu’il faut y croire pour en fabriquer…», affirme-t-elle.
Depuis quelques années, Pascale Plourde fabrique sur demande des mangeoires faites de petites branches de bois dans lesquelles elle dépose l’Enfant Jésus.
Étape de fabrication des jésus de cire: les yeux et les dents
© IPIR 2009, soumis à copyright
Pascale Plourde a appris de sa grande tante qui était une antonienne de Marie, aujourd'hui décédée. Mme Plourde est très consciente de la richesse de son savoir-faire et envisage de transmettre ses connaissances à sa fille Léonie.
Municipalité: Saguenay
Région administrative: 02 Saguenay-Lac-Saint-Jean
MRC: Le Fjord-du-Saguenay
Lieu:
Maison mère des Soeurs Antoniennes de Marie, 927, rue Jacques-Cartier , Chicoutimi, G7H 2A3
Téléphone: 418 549-1055
Télécopieur: 418 549-1322
Site Web: http://www.soeursantoniennes.org
Pascale Plourde
Titre, rôle et fonction : Nièce de Sr Gisèle Simard (aujourd'hui décédée)
Lien avec la pratique : Soeur Gisèle Simard, seule religieuse antonienne à fabriquer des petits jésus de cire, a transmis ses connaissances à sa nièce Pascale.
Enquêteurs : Catherine Gaumond, et Roseline Bouchard
Date d'entrevue : 22 mars 2009
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: