Récit de lieu

La chapelle conventuelle des Sulpiciens de Montréal

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice au Canada (Sulpiciens)

Classé sous Organisation religieuse (9200), Espace religieux (9270), Lieu de culte (9271).

Historique général


La chapelle conventuelle
© IPIR 2007, soumis à copyright

L'année 2007 marque non seulement le 350e anniversaire de l'arrivée des Sulpiciens à Montréal, mais également le 150e anniversaire de l'édifice du Grand Séminaire de Montréal et le 100e anniversaire de sa chapelle. La chapelle actuelle date de 1907.  La première chapelle du Grand Séminaire, moins longue et moins haute, occupait le même emplacement dès 1864. Les plans du Grand Séminaire sont de l'architecte John Ostell. Les plans de la première chapelle sont de John Ostell et de Victor Bourgeau.


À l'aube du 20e siècle, avec l'accroissement continu du nombre de séminaristes au Grand Séminaire, les Sulpiciens décident d'agrandir leur chapelle. Les plans de la nouvelle chapelle sont alors confiés à l'architecte Jean-Omer Marchand, premier Canadien diplômé de l'École des beaux-arts de Paris. Pour cette nouvelle construction, Saint-Sulpice exige qu’un lien existe avec l'architecture italienne et que les murs extérieurs de la chapelle conservent leur style propre, ce qui fut respecté. Les modifications sont importantes et s'inspirent des basiliques Santa Croce et San Miniato (Florence). Le style épuré, la beauté et la grande harmonie interne de l'oeuvre font la fierté de l'architecte Marchand et des sulpiciens qui disposent d'une chapelle parfaitement adaptée à leur mission de formation du clergé. 


Selon Raymonde Marchand-Paré aujourd'hui âgée de 86 ans, fille unique de l'architecte Jean-Omer Marchand, cette chapelle était la plus belle oeuvre de son père, comme l'affirmait ce dernier à l'époque. Cette nouvelle chapelle est inaugurée le Jeudi saint, 28 mars 1907. Dans les années 1960, le concile Vatican II amène les Sulpiciens à procéder à certaines adaptations, surtout en ce qui a trait au mobilier. À cet effet, le maître-autel devient l'autel de la réserve eucharistique tandis qu'un autel, de facture très simple, s'ajoute au centre à proximité des fidèles. Il s'agit désormais de l'autel de concélébration. En 1990, la chapelle subit une restauration devenue nécessaire avec le temps. Cette restauration est dirigée par les architectes Beaulieu et Lavigueur. À cette occasion, l'éclairage est modifié et amélioré. La pierre, le chemin de croix et les boiseries sont nettoyés. Les verrières sont refaites et les dorures sont rafraîchies.

Description


La voûte en bois polychromé
© IPIR 2007, soumis à copyright

Un narthex (vestibule couvert qui précède l'entrée de certaines églises) doit être traversé pour pénétrer dans la chapelle. Les Sulpiciens nomment communément ce lieu « oratoire de la Sainte Vierge », référence à l'autel dédié à Notre-Dame des Victoires à cet endroit. Sous l'autel figure un gisant, une représentation de saint Vital, martyr des premiers temps de l'Église acheté à Rome par un sulpicien en 1870 avec l'urne contenant ses reliques. Deux chandeliers italiens en bois sculpté prennent place de chaque côté de l'autel. Sur le mur opposé figure un grand tableau de Napoléon Bourassa représentant une préparation de la mise au tombeau. Deux angelots en bronze sont disposés de part et d'autre de la porte de la chapelle. Ces portes monumentales sont en fer forgé et ont été fabriquées dans une forge au Grand Séminaire, au début du 20e siècle par Henri Regaudie, frère d'un sulpicien. 


La nef de la chapelle est profonde et haute. Cet effet de prolongement est amplifié par la disposition des stalles (bancs) en chêne massif vernissé qui se font face comme dans les abbayes, le long des murs latéraux. Ces stalles peuvent accueillir 300 personnes. Le plancher est une mosaïque, fruit de l'agencement de cubes rouges, jaunes, noirs et verts formant des motifs de croix dans des cercles. La voûte dégagée est en bois polychromé avec présence de dorures. Il s'agit de pin venu de la Colombie-Britannique. Les murs de la chapelle sont en pierre de Caen (France), matériau de prédilection de l'architecte Marchand. Cette pierre est de couleur beige crème. 


Le chemin de croix est l'oeuvre de Henri Bouriché, Angers (France). Les verrières sont de Dagrant, Bordeaux (France). À l'entrée de la chapelle et à proximité du choeur, on note la présence de colonnes corinthiennes en marbre « vert de mer » de Bordeaux. Les marches menant à l'autel de la réserve eucharistique sont en marbre et ornées de deux candélabres. Dans la voûte plein-cintre en demi cercle figure une fresque en trois étapes (la Présentation de Marie au Temple). Le monogramme de Saint-Sulpice « AM » figure au sommet de la voûte. C'est l'endroit précis d'où descend la lampe de sanctuaire. 


À l'arrière (côté opposé du choeur) prend place la tribune de l'orgue. Cet orgue à deux buffets a été installé pour les célébrations de 1990, 150e anniversaire de la fondation du Grand Séminaire (1840). Les facteurs d'orgue sont Guilbault et Thérien de Saint-Hyacinthe. Différentes statues polychromes ornent les buffets de l'orgue. 


Différentes pratiques cultuelles sont associées à cette chapelle. D'une part, il y a les célébrations de l'eucharistie. D'autre part, il y a la formation liturgique des séminaristes. Depuis environ 2002, il n'y a plus de messe dominicale. La messe (ouverte au public) a duré une douzaine d'années seulement. Entre 1957 et 1961, lorsque le père Lussier était séminariste, la messe du dimanche télévisée en direct par Radio-Canada provenait de la chapelle du Grand Séminaire. La fête de la présentation de Marie ou fête patronale de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice est célébrée à la chapelle chaque année le 21 novembre ou les jours entourant cette date. Il s'agit du plus grand événement de l'année à la chapelle. Suivant le calendrier liturgique, d'autres célébrations plus réduites peuvent s'y tenir. Étant donné que les effectifs des Sulpiciens sont en décroissance et que les séminaristes peu nombreux sont amenés à exercer leur stage ou leur ministère dans les paroisses, les célébrations religieuses à la chapelle sont plutôt limitées. Occasionnellement, lorsque les circonstances l'exigent, des funérailles de sulpiciens peuvent se dérouler à la chapelle. Normalement, les funérailles ont lieu à la Basilique Notre-Dame. La chapelle est aussi fréquentée quotidiennement par certains confrères sulpiciens qui viennent s'y recueillir et prier. La dévotion, bien que présente, demeure discrète et personnelle.


Une tradition importante à Saint-Sulpice est l'adoration du Saint-Sacrement. Aujourd'hui, d'une manière plus souple, l'exposition ou l'adoration du Saint-Sacrement se fait une fois par semaine le jeudi soir et concerne autant les sulpiciens que les séminaristes désireux d'y participer. Du côté culturel, notons la tenue de certains concerts à l'orgue durant l'année. La chapelle abrite les reliques de plusieurs personnages importants de l'Église, et plus particulièrement celles du Canada rassemblées dans un reliquaire situé sous l'autel de concélébration. Bien qu'elles soient importantes de par leur symbolique, il n'y a pas présentement de culte des reliques à Saint-Sulpice, si ce n’est sous forme de dévotion personnelle. 


La chapelle du Grand Séminaire de Montréal jouit d'une grande renommée dans le milieu de l'architecture religieuse montréalaise, malgré le fait qu'elle ne soit pas très connue du grand public. Son apparence extérieure, qui se fond au reste du bâtiment du Grand Séminaire, et le fait qu'elle ne soit plus ouverte au culte public, expliquent en grande partie cette méconnaissance populaire. La chapelle faisait en 1907 la fierté de l'architecte J.-O. Marchand, son concepteur. Elle fait également la fierté des Sulpiciens. La chapelle se veut donc pour eux un éveil à la beauté et un exemple à suivre en matière d'apprentissage de la liturgie. La chapelle du Grand Séminaire de Montréal est un lieu primordial pour les prêtres de Saint-Sulpice, autant pour le culte que pour la formation liturgique des séminaristes, les prêtres de demain. Par conséquent, c'est un lieu très bien entretenu et préservé. C'est un endroit toujours vivant et signifiant, et cela, autant pour les Sulpiciens que pour les séminaristes.

Apprentissage et transmission


Le gisant de saint Vital
© IPIR 2007, soumis à copyright

L'enseignement de la liturgie (ensemble du culte public rendu à Dieu par l'Église) est fait dans cette chapelle aux séminaristes par des professeurs sulpiciens.

Localisation

Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu: Chapelle du Grand Séminaire de Montréal, 2065, rue Sherbrooke Ouest, Montréal, H3H 1G6
Téléphone: (514) 935-1169

Source

Père Jean-Pierre Lussier
Titre, rôle et fonction : Le père Jean-Pierre Lussier, p.s.s., a été bibliothécaire dans plusieurs établissements d'enseignement sulpiciens. Retraité depuis 2006, il est présentement président de la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice qui comprend trois départements (archives, biens mobiliers et livres rares). Il est également responsable du département des livres rares.
Lien avec la pratique : En tant que président de l'Univers culturel de Saint-Sulpice, M. Lussier connaît bien la valeur patrimoniale de la chapelle du Grand Séminaire de Montréal. De plus, il fréquente depuis plusieurs années ce lieu de façon individuelle ou collective (lors des célébrations).

Enquêteur : Mathieu Tremblay
Date d'entrevue : 18 décembre 2007

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