Récit de vie
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Montréal
Communauté religieuse: Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice au Canada (Sulpiciens)
Classé sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Forme d'apprentissage (9233)
et sous Organisation religieuse (9200), Personnel religieux (9230), Vocation/forme d'élection (9232).
La promotion dont faisait partie le père Dorris, 1944
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Roland Dorris est le deuxième enfant d'une famille qui en compte cinq. À l'image de plusieurs familles québécoises de cette époque, la famille Dorris pratique la religion catholique. La famille ne compte pas d'autres religieux ou religieuses.
Dès sa jeunesse, Roland Dorris sert la messe à l'église paroissiale. Un prêtre remarque tout le potentiel de ce garçon et suggère à sa mère d'envisager des études classiques pour son fils. Une fois son cours primaire complété, Roland Dorris entre au Collège de Montréal à l'âge de 12 ans pour entamer un cours classique d'une durée de six ans. L'idée du sacerdoce n'est pas encore présente au départ mais prend forme progressivement lors du cours classique. L'influence positive des formateurs sulpiciens a été déterminante dans le choix de Roland Dorris de devenir sulpicien. Rigueur, respect de la personne et encouragement sont des valeurs que M. Dorris admirait chez ses professeurs. Celui-ci est ordonné prêtre en 1944, condition d'admissibilité à son entrée à Saint-Sulpice.
Après avoir été vicaire à Montréal pendant deux années (1945-1946), il fait sa solitude (1946-47), année de préparation pour devenir sulpicien. La solitude est propre aux sulpiciens. Il s'agit d'une retraite prolongée et adaptée à la vie de prêtre, d'une réflexion visant à se situer et à se préparer à devenir à son tour un directeur spirituel habile à discerner les vocations chez les séminaristes. Il s'agit également d'un temps approprié pour accroître les connaissances fondamentales au sujet des grands auteurs de la spiritualité de Saint-Sulpice comme Bérulle, Condren, saint Vincent de Paul et Olier.
C'est véritablement lors de son passage au Séminaire de philosophie pour un cours de deux ans que se précise l'orientation sacerdotale de Roland Dorris. Son directeur spirituel de l'époque le fait sérieusement réfléchir à cette possibilité. Au collège, M. Dorris obtient le prix Colin en rhétorique et termine sa philosophie avec de très bons résultats, ceux d'un premier de classe. Inévitablement, cela attire l'attention des prêtres qui voient en lui un candidat idéal pour le sacerdoce. Alors âgé de 20 ans, il doit choisir entre les deux options que sont la médecine et la carrière religieuse. Faute de moyens financiers suffisants, Roland Dorris laisse de côté la première option. Au mois de septembre, il est affligé d'une maladie qui le force à prendre une année complète de repos. C'est durant cette année qu'il envisage plus sérieusement de faire une carrière religieuse, après différentes démarches personnelles. Lors d'une demande à la Vierge à la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, tout devient limpide pour M. Dorris. Sa décision d'entrer en religion est irrévocable. Au Grand Séminaire de Montréal, il fait sa première année de théologie. Sa deuxième année est écourtée par une rechute de tuberculose : il doit quitter malgré ses bons résultats scolaires. Lors de son retour au Grand Séminaire en 3e année, il assiste aux cours et prend du repos, de façon à récupérer adéquatement. Après la 4e année (1944), âgé de 25 ans, il obtient sa licence en théologie avec d'excellents résultats. En cette même année, son directeur spirituel lui indique qu'il ferait un bon sulpicien, car cela exige de bonnes aptitudes et qualités intellectuelles afin d'enseigner aux futurs prêtres. Ses études supérieures se poursuivent en 1947-48, quelques années après son ordination et son entrée chez les sulpiciens. Il complète à Rome un doctorat en théologie. À Rome, il suit un cours avec nul autre que le futur pape Jean-Paul II.
La vie professionnelle de Roland Dorris a été bien remplie. À la suite de son ordination en 1944, il est nommé vicaire à Notre-Dame durant deux ans. En tant que vicaire, il employait son temps à la visite des malades, la visite paroissiale, les confessions, les préparations au mariage et les messes. Il avait à sa charge le quartier délimité par la rue Sherbrooke et la rue des Pins. Pour lui, cette expérience de vicaire a été formidable, car cela lui a permis de prendre de l'expérience dans le ministère en paroisse.
Après ses études doctorales à Rome en théologie, il revient à Montréal en 1949. À sa grande déception, il est nommé professeur de philosophie, malgré le fait qu'il soit formé en théologie. Acceptant cette décision, M. Dorris décide de se rendre à Washington, question de parfaire ses connaissances en sociologie et en histoire dans le but avoué de se préparer à enseigner la philosophie. Cependant le supérieur revient sur sa décision et nomme M. Dorris professeur de théologie au Grand Séminaire en 1949.
L'expérience en paroisse donnait une coloration plus pragmatique à son enseignement. Sa carrière se déroule essentiellement au Grand Séminaire. Dans les années 1960, comme la théologie est transférée à l'Université de Montréal, Roland Dorris est nommé professeur de théologie. L’année 1968 est une période trouble au Grand Séminaire et ailleurs dans le monde avec comme toile de fond les nombreuses revendications étudiantes. Dans ce contexte, le supérieur provincial demande à M. Dorris de devenir supérieur du Grand Séminaire. Il entre en fonction en septembre de la même année. M. Dorris assume le rôle de supérieur du Grand Séminaire dans un contexte d’ébullition sociale et de diminution des effectifs étudiants. Il réussit avec brio à maintenir l'ordre et la discipline dans l'institution. En 1970 se tient la première assemblée pour l'élection d'un provincial à Montréal et non pas à Paris comme le voulait la coutume. Roland Dorris est alors élu provincial de Saint-Sulpice pour la province canadienne qui comprend le Canada, la Colombie et le Japon. M. Dorris est supérieur provincial de 1970 à 1982. Il s'agit de deux mandats de six ans. Le premier mandat est plus difficile, étant donné les troubles et les revendications qui se déploient en Colombie et qui nécessitent son intervention directe. Durant ces deux mandats, l'enseignement est réduit au maximum, car les fonctions sont prenantes. M. Dorris conserve alors un seul cours en théologie.
Le supérieur provincial doit visiter les provinces, consulter les évêques pour les nominations et rencontrer les confrères. C'est un travail d'organisation et d'administration. Le conseil, au fonctionnement très démocratique, se réunit chaque semaine. Comme M. Dorris est entré à Saint-Sulpice par amour de l'enseignement, il ne voulait pas perdre cette habitude. À la suite de son deuxième mandat en 1982, il prend une année sabbatique qu'il passe à Rome pour suivre certains cours, question de garder la main. À son retour de Rome, Roland Dorris renouvelle son enseignement pour s'adapter à la situation. Il dispense le cours de synthèse qui prépare les séminaristes pour le baccalauréat en théologie. En 1999, un problème de santé important force M. Dorris à démissionner et à mettre un terme à sa longue carrière d'enseignant.
Pour les prêtres de Saint-Sulpice, la prière est d'une importance capitale. Le contact personnel avec Jésus dans l'eucharistie est encouragé dès les débuts de la vie sulpicienne. En plus de son travail de confesseur à la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, Roland Dorris participe aux différentes manifestations religieuses qui parsèment le calendrier liturgique. De façon individuelle, il se rend à la chapelle tous les jours pour prier et réciter le chapelet. Pour lui, il s'agit d'une discipline de vie. En raison des nombreuses festivités entourant le 350e anniversaire de la présence sulpicienne à Montréal, l'année 2007 a été particulièrement riche en célébrations. La fête patronale et la prière à la crypte pour les confrères défunts constituaient des moments forts de cette année spéciale.
En 1999, M. Dorris célébrait ses 50 ans d'enseignement. Depuis sa retraite en 1999, Roland Dorris continue, par des petites actions, à faire rayonner l'Église catholique et Saint-Sulpice dans le monde qui l'entoure. Malgré son handicap visuel, M. Dorris reste actif dans la communauté en continuant son ministère de confesseur et de directeur spirituel auprès des prêtres. Il assume aussi un autre ministère en confessant à la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes.
Il a été un témoin privilégié des transformations instituées par le concile Vatican II, au début des années 1960. Avec Vatican II, c'est une nouvelle vision de l'Église qui est mise de l'avant. Certains points majeurs du changement se rapportent en particulier à l'enseignement de la théologie et à la formation pastorale des futurs prêtres. L'enseignement n'est pas renouvelé dans son contenu, mais les méthodes changent (les manuels, l'abandon du latin, la façon de présenter la doctrine, les nouveaux cours). On insiste davantage sur la formation à la parole de Dieu (bible, exégèse). Au plan de la formation pastorale, les séminaristes sont appelés à aller en paroisse. Tout en conservant les grands maîtres (Augustin et Thomas d'Aquin), on fait appel à de nouveaux auteurs de théologie. Pour M. Dorris, la réforme liturgique s'imposait dans un nouveau contexte social. Cependant, dans l'application qu'on en a faite, il est d'avis qu'on a voulu aller trop vite et on a parfois heurté certains pratiquants.
Municipalité: Montréal
Région administrative: 06 Montréal
MRC: Communauté métropolitaine de Montréal
Lieu:
Grand Séminaire de Montréal, 2065, rue Sherbrooke Ouest, Montréal, H3H 1G6
Téléphone: (514) 935-1169
Site Web: http://www.sulpc.org
Père Roland Dorris
Titre, rôle et fonction : Roland Dorris est prêtre et enseignant sulpicien retraité.
Enquêteur : Mathieu Tremblay
Date d'entrevue : 28 novembre 2007
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: