Récit de pratique culturelle
Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Gaspé
Communauté religieuse: Soeurs de Saint-Paul de Chartres
Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).
Hôpital Sainte-Anne, 1932
© Archives des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, soumis à copyright
L’implication des Sœurs de Saint-Paul de Chartres dans le milieu hospitalier gaspésien est intimement liée à la Fondation canadienne de la congrégation. Arrivées à Québec le 10 mai 1930, Mère Louise-Amélie et Sœur Angèle de Saint-Pierre rencontrent, à l’initiative de l’archevêque de Québec, Monseigneur Rouleau, l’évêque de Gaspé en visite dans la ville, Monseigneur François-Xavier Ross. Ce dernier leur fait part que l’abbé Veilleux, curé de Sainte-Anne-des-Monts, cherche une communauté religieuse pour prendre en charge un hôpital dans sa paroisse.
Sœur Angèle de Saint-Pierre et les sœurs Paul-Léon et Marie-Timothée accueillent ainsi à Sainte-Anne-des-Monts, le 3 octobre 1930, les premiers malades dans un dispensaire provisoire, installé dans la maison de monsieur Octave Langlois. Ne disposant que de « dix lits de vieillards », l’hospice ne peut toutefois admettre qu’un nombre restreint de patients. Au printemps suivant, l’abbé Veilleux entreprend des démarches pour la construction d’un hôpital, lequel sera ouvert le 25 novembre 1931 et inauguré le 7 décembre de la même année. L’hôpital Sainte-Anne, attenant au noviciat, est situé à proximité de l’église paroissiale.
Dès lors, les Sœurs de Saint-Paul de Chartres participent activement à la fondation d’un petit hôpital à Maria, en 1948, de l’hôpital de Charny, en 1954, de l’hôpital Notre-Dame de Chartres à Maria, en 1955, et d’un premier hospice Saint-Joseph à Maria, remplacé en 1962 par la Résidence Saint-Joseph.
Parallèlement, sœur Agnès Fournier entreprend son travail à l’hôpital de Sainte-Anne-des-Monts en 1943. Elle travaillera une cinquantaine d’années dans le milieu hospitalier. Sœur Rita Savoie, pour sa part, travaille près de 40 ans comme infirmière, de 1949 à 1987, notamment à l’hôpital Sainte-Anne et à l’hôpital des Monts, à Sainte-Anne-des-Monts. Sœur Brigitte Fournier se consacre une quarantaine d’années au milieu hospitalier, exerçant comme infirmière à Charny, Maria et Sainte-Anne-des-Monts.
À l’heure de la Révolution tranquille, de profondes transformations s’effectuent dans le secteur de la santé et des services sociaux. Alors assurée par les communautés religieuses, l’administration des hôpitaux devient une responsabilité publique, laïque. À la fin des années 1960, les Sœurs de Saint-Paul de Chartres cèdent tous leurs hôpitaux à l’État. Le 22 septembre 1972, Monseigneur Gilles Ouellet, évêque du diocèse de Gaspé, procède à la bénédiction et à l'inauguration du nouvel Hôpital des Monts.
Enfin, le dispensaire provisoire des Sœurs de Saint-Paul de Chartres, l’Hôpital Sainte-Anne et l’Hôpital des Monts apparaissent comme trois moments de l’implication en milieu hospitalier de la congrégation en Gaspésie.
École des infirmières auxiliaires fondée en 1958 à l'hôpital de Maria
© Archives des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, soumis à copyright
Travaillant comme infirmière dès 1943, sœur Agnès Fournier a occupé plusieurs fonctions. Elle travaillera une cinquantaine d’années dans le milieu hospitalier, à Sainte-Anne-des-Monts, Charny, Maria, Rimouski, Montréal et en France. À Sainte-Anne-des-Monts, où elle a travaillé plusieurs années, elle était responsable d’une salle comptant 24 patients, parfois davantage. Elle a de plus travaillé auprès des tuberculeux et assisté les médecins en salles d’opération. Sœur Agnès Fournier est détentrice de formations en gérontologie et gériatrie. L’exercice de la profession d’infirmière et les connaissances transmises par les religieuses et le personnel médical ont forgé l’apprentissage du métier. Ayant tôt le désir de soigner les malades, sœur Agnès Fournier choisit de joindre les Sœurs de Saint-Paul de Chartres, une congrégation réunissant hospitalières, enseignantes et missionnaires. Sœur Agnès Fournier se dit heureuse des années consacrées au milieu hospitalier et a apprécié son expérience. Elle considère d’ailleurs le métier d’hospitalière comme « une vocation, une mission ».
Sœur Rita Savoie, qui s’est consacré près de 40 ans au milieu hospitalier, s’est initiée à la profession d’infirmière lors d’un stage, à l’initiative de Mère Valérie, supérieure de la communauté. Suscitant dès lors son intérêt, elle complète sa scolarité et poursuit une formation à l’Hôtel-Dieu de Québec, auprès des Augustines, de 1946 à 1949. Elle obtiendra, ultérieurement, un certificat en nursing du Collège de Sainte-Anne-des-Monts. Elle travaille, de 1946 à 1954, à l’Hôpital Sainte-Anne en obstétrique, dans les pouponnières, avant d’exercer auprès des hommes et des femmes opérés à Maria, de 1954 à 1961. Elle travaille à nouveau à la pouponnière de l’Hôpital Sainte-Anne de 1961 à 1972, puis à celle de l’Hôpital des Monts de 1972 à 1987, suite à son inauguration. Elle a enfin travaillé 10 ans au Centre de santé de la Maison provinciale de Sainte-Anne-des-Monts. Pour sœur Rita Savoie, travailler auprès des jeunes mères et des nouveau-nés apportait fraicheur et jeunesse au quotidien.
Sœur Brigitte Fournier, pour sa part, travaille à l’hôpital de Charny avant de compléter un cours d’infirmière, de 1952 à 1955. Elle travaille ensuite 8 ans à l’hôpital de Charny puis une trentaine d’années à Maria, où on lui confie l’animation pastorale et la responsabilité d’un pavillon de personnes âgées et handicapées. Après une quarantaine d’années dans le milieu hospitalier, elle est responsable, depuis 2010, de la communauté du Centre de santé de la Maison provinciale. Sœur Brigitte Fournier se dit satisfaite de ses expériences. Elle ne regrette en rien sa vie d’hospitalière, laquelle a répondu à ses aspirations.
Sœur Agnès Fournier, sœur Rita Savoie et sœur Brigitte Fournier ont toutes trois été témoins d’importants changements dans le secteur de la santé et des services sociaux. Bien que le travail à accomplir était considérable, elles gardent de bons souvenirs du climat familial de l’Hôpital Sainte-Anne. Vingt-quatre sœurs de Saint-Paul de Chartres y travaillaient et teintaient l’ambiance de leur jeunesse, leur plaisir et leur motivation. Les dortoirs des religieuses occupant l’un des étages de l’hôpital, elles étaient sollicitées jour et nuit. Bien que résidant sur leur lieu de travail, les religieuses vivaient leur spiritualité quotidiennement, partageant avec la communauté et priant.
À l’heure de la Révolution tranquille, les hôpitaux embauchent davantage d’employés laïcs, diminuant la charge de travail des religieuses. Malgré qu’ils modifient leur façon de travailler, ces changements assurent de meilleures conditions de travail aux religieuses. Les sœurs demeurant désormais à l'extérieur de l'hôpital, elles travaillent des heures régulières et participent davantage à la vie communautaire. Pour sœur Brigitte Fournier, les transformations engendrées ont été bénéfiques pour les religieuses et les laïcs.
Sœur Agnès Fournier, sœur Rita Savoie et sœur Brigitte Fournier retiennent de leurs expériences l’importance de l’écoute, la compassion, l’amour et l’encouragement dans le traitement des patients. Le charisme de la congrégation, lequel consiste à élever le niveau humain et spirituel, de même que le discours d’entraide délivré dans la Bible —« Ce que vous ferez au plus petit des miens, c’est à moi que vous le faites » ; « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »— participent d’ailleurs à cette volonté d’implication et d’actions pratiques des Sœurs de Saint-Paul de Chartres. Pour Sœur Agnès Fournier, sœur Rita Savoie et sœur Brigitte Fournier, le travail d’infirmière apparaît davantage comme une vocation, un désir de soigner les plus démunis. Toutes trois se montrent fières et heureuses du travail accompli. Elles évoquent d’ailleurs ces années avec plaisir et nostalgie.
Soeur pharmacienne, 1940
© Archives des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, soumis à copyright
Dès la fondation de la Province canadienne, en 1930, les Sœurs de Saint-Paul de Chartres se sont attachées à répondre aux besoins du milieu, affirmant leur charisme et offrant leur compétence et leur expérience dans le soin des malades et la fondation d’hôpitaux. Bien qu’aujourd’hui laïcs, la santé et les services sociaux ont bénéficié de l’expérience et du dévouement des religieuses. Des femmes telles sœur Agnès Fournier, sœur Rita Savoie et sœur Brigitte Fournier ont su transmettre leurs connaissances aux laïcs. Enfin, la congrégation des Sœurs de Saint-Paul de Chartres est toujours impliquée dans les milieux hospitaliers de la Gaspésie, via l’animation pastorale et l’accompagnement en soins spirituel et religieux.
Municipalité: Sainte-Anne-des-Monts
Région administrative: 11 Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Lieu:
Maison provinciale des Soeurs Saint-Paul de Chartres (Notre-Dame-de-la-Paix), 255, rue du Domaine-Saint-Paul, Sainte-Anne-des-Monts, G4V 2G3
Téléphone: 418-763-2231
Site Web: http://www.stpaulrome.com/fr-canada.html
Sœur Agnès Fournier, sœur Rita Savoie et sœur Brigitte Fournier
Lien avec la pratique : Sœur Agnès Fournier a travaillé une cinquantaine d’années comme infirmière, à Sainte-Anne-des-Monts, Charny, Maria, Rimouski, Montréal et en France. S’étant consacrée une quarantaine d’années au milieu hospitalier, sœur Rita Savoie a, quant à elle, travaillé comme infirmière à Sainte-Anne-des-Monts et à Maria. Détentrice d’une quarantaine d’années d’expérience, sœur Brigitte Fournier a enfin exercé sa profession d’infirmière à Charny, Maria et Sainte-Anne-des-Monts. Toutes trois témoignent avec fierté et satisfaction de leurs vies d’hospitalières.
Enquêteurs : Marjolaine Boutin, Valérie Vachon-Bellavance
Date d'entrevue : 24 janvier 2012
La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: