Récit de pratique culturelle

La promotion de la femme chez les Soeurs de la Charité

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Communauté religieuse: Soeurs de la Charité d'Ottawa

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).

Historique général


Des étudiantes en sciences infirmières et leurs enseignantes
© Archives des Soeurs de la Charité d'Ottawa

Mère Élisabeth Bruyère assure sa mission caritative en privilégiant les pauvres, en s’adaptant aux besoins du milieu en continuité avec l’œuvre de sainte Marguerite d’Youville. Parmi toutes les formes de pauvretés, il en est une à laquelle Mère Bruyère est particulièrement sensible,  la situation de la femme, puisqu’elle a dû développer son autonomie dès son jeune âge, au décès de son père. Elle décide d'y remédier en intervenant auprès des femmes de tous âges. Pour ce faire, la Congrégation fonde la première école bilingue destinée aux filles. De plus, dès 1845, elle offre gratuitement des cours du soir aux femmes de la classe ouvrière de Bytown. Elle favorise la création de regroupements de femmes dans les missions de la Congrégation. En se rassemblant, les femmes pouvaient développer leur autonomie et s’entraider. 


Mère Bruyère a également favorisé le développement de la culture générale des femmes en fondant des écoles d'éducation supérieure et en instaurant des cours de sciences alors généralement réservés aux garçons, des cours d'art culinaire, de comptabilité et des programmes de formation artistique (musique, chant et dessin). 


Le désir de promouvoir la femme se manifeste à l’intérieur de la Congrégation. En effet, Mère Bruyère défend les intérêts de sa famille religieuse (son statut, ses œuvres et ses biens). Elle tient à ce que les soeurs aient une formation adéquate dans les différentes matières du programme. « Rendez-vous toutes capables par l'étude. » écrit la fondatrice en 1868. Certaines reçoivent une formation à Montréal sur les connaissances pharmaceutiques élémentaires de l’époque et sur les soins à donner aux malades. De plus, chaque soeur participe à l'entretien de la maison.


Des femmes laïques collaborent avec les sœurs au sein de l’association nommée Les Dames de Charité, qui devient la Société Sainte-Elisabeth et survit jusqu'en 1961. Ainsi, religieuses et laïques oeuvrent en équipe de deux pour visiter les pauvres et soigner les malades à domicile. Les Sœurs de la Charité ont éveillé la conscience sociale des mieux nantis: « Nos moyens sont très petits mais nous informons les riches de la misère des pauvres qui se meurent à leurs portes sans qu’ils y pensent. » affirme Mère Bruyère en 1845.

Description


Activités agropastorales avec des Camerounaises
© Archives des Soeurs de la Charité d'Ottawa

Les Sœurs de la Charité d’Ottawa poursuivent le même objectif depuis plus de 150 ans, soit promouvoir le rôle de la femme dans la société. Il s’agit de former des femmes afin qu’elles puissent prendre la place qui leur est due, en tant que citoyenne à part entière. Cet enseignement développe leurs aptitudes et leurs goûts personnels, leur permettant de jouer un rôle plus efficace dans leur famille, la société et l'Église. 


Depuis sa fondation, la Congrégation donne aux femmes une bonne culture générale afin de développer leur sens des responsabilités et les amener à relever les défis propres à leur temps et à leur milieu. Tout en développant leur sens d'appartenance, leur fierté linguistique et patriotique, la formation les sensibilise aux situations d'injustice et de pauvreté.


Leur moyen privilégié était la multiplication des écoles primaires, secondaires et spécialisées. Les sœurs avaient la conviction inébranlable que lire, écrire et compter étaient aussi nécessaires à la femme qu'à l'homme. De plus, les soeurs se sont engagées dans la défense des intérêts des écoles francophones et catholiques, en Ontario et en Alberta. Elles ont mené leur lutte en solidarité avec les parents réclamant pour leurs enfants le droit à une instruction dans leur langue et l'enseignement de leur religion. Ces institutions d’enseignement ont favorisé l'épanouissement de la femme au foyer, l'admission des femmes dans les universités et sur le marché de l’emploi. Les frais d’inscription des établissements d’enseignement étaient généralement moins élevés afin de favoriser l’accessibilité aux études des enfants de familles ouvrières.


Les Sœurs de la Charité d’Ottawa sont solidaires avec les femmes, surtout les moins bien nanties, les moins aptes à défendre leurs intérêts et ceux de leurs enfants. Cette solidarité prévaut également à l’intérieur même de la Congrégation. Les sœurs sont encouragés à étudier et se perfectionner afin mieux former les jeunes. Elles se transmettent même entre elles les connaissances académiques acquises. De plus, il n’y a ni sélection, ni discrimination entre les sœurs de la Congrégation. La gestion des biens et des finances de la Congrégation est assurée par des sœurs, des administratrices compétentes. Les religieuses apprennent à trouver des moyens d’assurer la subsistance de leur communauté et de soutenir leurs œuvres. 


Les sœurs sont solidaires des femmes en difficultés. Elles visitent les prisonnières. Elles hébergent temporairement dans leurs couvents des femmes seules, malades et sans assistance, des victimes du sida ou des membres de leur famille ayant besoin d'un repos de courte durée. Elles soutiennent les femmes pauvres et les aident à gérer leurs faibles revenus. Elles accueillent les femmes âgées, seules au foyer, sous leurs toits et s'efforcent de leur procurer un milieu à la fois sécuritaire et familial.


Elles collaborent de plus en plus aux mouvements de sensibilisation et d'intervention concernant les injustices dont souffrent les femmes monoparentales, violentées, harcelées ou blessées dans leur dignité. La Congrégation donne aux femmes des occasions de s’exprimer entre elles et devant des groupes, de même que des moyens pour le faire. Cet engagement, elles le vivent non seulement au Canada, mais dans tous les pays où elles sont en mission. 


C'est ainsi que depuis l'arrivée de Mère Elisabeth Bruyère et de ses compagnes à Ottawa, en 1845, s'est poursuivie une tradition bien implantée dans la Congrégation, la promotion de la femme.


 

Localisation

Municipalité: Ottawa
Lieu: Maison mère des Soeurs de la Charité d'Ottawa, 9, rue Bruyère, Ottawa, K1N 5C9
Téléphone: 613-241-2710
Télécopieur: 613-241-5509
Site Web: http://www.soeursdelachariteottawa.com/Francais/home-francais.html

Source

Soeur Germaine Julien
Titre, rôle et fonction : Adjointe à la secrétaire générale
Lien avec la pratique : Elle a exercé diverses fonctions dans le domaine de l'enseignement.

Enquêteurs : Francesca Désilets , Anne-Florence Bisson
Date d'entrevue : 8 décembre 2011


Partenaires

La réalisation de l’Inventaire du patrimoine immatériel religieux a été rendue possible grâce à l’appui de six partenaires: