Récit de pratique culturelle

Les Sœurs de Saint-Paul de Chartres et le travail social

Tradition: Christianisme
Appartenance: Catholicisme (rite latin)
Diocèse, association ou regroupement: Diocèse de Gaspé
Communauté religieuse: Soeurs de Saint-Paul de Chartres

Classé sous Organisation religieuse (9200), Mission (9260), Oeuvre (9262).

Historique général


Soeur Armance Billaud
© IPIR 2012, soumis à copyright

L’apostolat, l’assistance sociale ou caritative et les structures d’entraide étant à l’origine du travail social, il apparaît cohérent que les communautés religieuses aient constitué un noyau organisé et stable du travail social. Les enseignements de la Bible —« Ce que vous ferez au plus petit des miens, c’est à moi que vous le faites » ; « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »—, de même que le charisme des Sœurs de Saint-Paul de Chartres, lequel consiste à élever le niveau humain et spirituel, participent d’ailleurs de cette volonté d’implication et d’actions pratiques des religieuses.

L’histoire du travail social au Québec reflète ainsi celle des bouleversements démographiques, économiques, politiques et sociaux du XIXe siècle. De ces préoccupations d’assistance et d’intervention émergent une nouvelle profession, au Québec et en Amérique du Nord, celle de travailleuse sociale. Deux figures, celles de Bella Hall Gould et Marie Gérin-Lajoie, l’une anglophone et l’autre francophone, y font leurs armes. La seconde, fille de la féministe du même nom, fonde, en 1923, l’Institut des Sœurs Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Montréal afin de se consacrer aux œuvres d’assistance et d’organiser le travail social dans la métropole. L’itinéraire de Marie Gérin-Lajoie évoque la difficulté, pour les femmes francophones, d’exercer une profession dans le champ de l’assistance sociale à l’extérieur des cadres des communautés religieuses.

D'origine française, Sœur Armance Billaud travaillait en France comme infirmière avant de rejoindre le Québec à l'âge de 31 ans, en 1949. Elle prend, dès son arrivée, la direction de l'hôpital de Sainte-Anne-des-Monts et plus tard, en 1954, celle de l'hôpital de Charny. Suite aux besoins des localités où elle est implantée et à la nécessité de former des professionnels, la Congrégation des Sœurs de Saint-Paul de Chartres sollicite sœur Armance Billaud dans les années 1960, lui demandant si elle accepterait de compléter une formation en travail social. L’offre répondant à ses aspirations personnelles et relationnelles, elle s’engage en conséquence en complétant une formation à l'École de travail social de l'Université de Montréal, fondée en 1931. Sœur Armance Billaud travaillera en plusieurs endroits et milieux, notamment à Montréal, en Gaspésie et en Côte-Nord. Aujourd’hui âgée de 93 ans, elle est la première religieuse des Sœurs de Saint-Paul de Chartres à s’être consacrée au travail social dans la province canadienne.

Description

Pour Sœur Armance Billaud, le travail social en est un de relation, d’échange, d’équipe, où l’humain représente le principal instrument. L’exercice implique également d’accueillir l’individu tel qu’il est, de l’accepter sans jugement ni idées préconçues. Le travail social vise par ailleurs à favoriser l’adaptation des individus ou des groupes dans leur milieu social afin de leur permettre de faire face aux besoins et de résoudre leurs problèmes dans un contexte social en évolution. Il importe également, selon sœur Armance Billaud, d’établir une relation de confiance entre l’intervenant et l’individu.

À Gaspé, sœur Armance Billaud s’est vu confier la direction du programme « Famille, Enfance » et du service des adoptions. Son travail consistait principalement à étudier tous les cas relevant de ces services, puis de les attribuer aux intervenants concernés. Après la visite du travailleur social dans le milieu, dans la famille présentant un problème immédiat, il convenait de réfléchir à la situation des enfants, à savoir si les parents étaient aptes à en avoir la charge ou si les enfants devaient être placés en foyer. Dans tous les cas, les intervenants devaient évaluer la situation, assurer un suivi et visiter les enfants, dans la famille ou en foyer. Sœur Armance Billaud a également consacré temps et énergie dans le service des adoptions, puisqu’elle avait à coeur cette cause. Elle a de plus travaillé auprès des jeunes mères célibataires, leur assurant un soutien de la grossesse à l’accouchement.

Le Centre de services sociaux de Gaspé couvrant un secteur s’étendant de Grande-Vallée à Chandler jusque dans les années 1960, sœur Armance Billaud a dû faire preuve d’organisation dans l’orientation des intervenants. Elle s’est par exemple employée à la formation du personnel, puis a accueilli des stagiaires de l’École de travail social de Trois-Rivières afin de répondre aux besoins de la population. De plus, à l’époque où sœur Armance Billaud travaillait en Gaspésie, de 1963 à 1970, aucun organisme constitué ou service extérieur ne pouvaient offrir aide et soutien aux familles. Par ailleurs, à son arrivée, le service social de Gaspé relevait du diocèse, donc était sous la coupe ecclésiastique. Sœur Armance Billaud a ainsi été témoin de transformations profondes dans le secteur des services sociaux à l’heure des années 1960 et de la Révolution tranquille. L’assistance et le travail social, alors considérés comme l’œuvre des communautés religieuses, deviennent une responsabilité de l’État. Suite à cette transformation du rôle des principaux acteurs sociaux, le travail social se professionnalise et les institutions gérées par l’Église sont remplacées.

Apprentissage et transmission

Sœur Armance Billaud se dit heureuse et satisfaite de son expérience en travail social. Elle a entretenu de bonnes relations, notamment avec les intervenants, de nature généreuse et toujours prêts à aider autrui. Riche de son rapport à l’individu, de ses échanges et de ses relations de confiance, l’exercice du travail social lui a beaucoup apporté. Elle considère effectivement qu’elle a davantage reçu que donné et n’a jamais regretté sa venue au Québec. La vie de sœur Armance Billaud apparaît à l’image de la communauté, en toute simplicité et au service d’autrui. Au fil de ses rencontres et interventions, elle a partagé et transmis les valeurs de la communauté, en élevant le niveau humain et spirituel.

Première religieuse des Sœurs de Saint-Paul de Chartres à s’être consacrée au travail social dans la province canadienne, sœur Armance Billaud a contribué à la formation d’intervenants, dans le cadre de ses expériences à Montréal, en Gaspésie et en Côte-Nord, mais aussi lors de la professionnalisation du travail social, dans les années 1960.

Localisation

Municipalité: Sainte-Anne-des-Monts
Région administrative: 11 Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Lieu: Maison provinciale des Soeurs de Saint-Paul de Chartres (Notre-Dame-de-la-Paix), 255, rue du Domaine-Saint-Paul, Saint-Anne-des-Monts, G4V 2G3
Téléphone: 418-763-2231
Site Web: http://www.stpaulrome.com/fr-canada.html

Source

Sœur Armance Billaud
Titre, rôle et fonction : D’abord infirmière, sœur Armance Billaud complète une formation à l’École de travail social de l’Université de Montréal dans les années 1960. Elle se consacre ensuite au travail social, puis à l’accompagnement humain et spirituel. Dans le cadre de son exercice, elle travaille comme directrice du programme « Famille, Enfance » et du service des adoptions.
Lien avec la pratique : Sœur Armance Billaud s’établit au Québec en 1949 et se voue au travail social pendant près de 20 ans. Grâce à sa formation, elle travaille à Montréal, en Gaspésie et en Côte-Nord, où elle intervient auprès des familles, des enfants et des mères célibataires.

Enquêteurs : Marjolaine Boutin, Valérie Vachon-Bellavance
Date d'entrevue : 24 janvier 2012


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