Historique général

Des novices, vers 1960
© Archives des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, soumis à copyright

Établie depuis 1930 en Gaspésie, la  communauté des Sœurs de Saint-Paul de Chartres procède à l’ouverture, le 25 janvier 1932, du noviciat canadien des des Sœurs de Saint-Paul de Chartres. Monseigneur Ross, évêque de Gaspé, érige canoniquement le noviciat par un décret en date du 12 mars de la même année, autorisé lui-même par un rescrit de la Sacrée Congrégation des Religieux, daté du 16 décembre 1931. Un document de 1932 explique l’établissement d’un noviciat à Sainte-Anne-des-Monts :

« Notre noviciat se fonde en Gaspésie :
1° Parce que la population particulièrement neuve et bien conservée de la péninsule offrira toujours les meilleures chances de recrutement religieux ;
2° Parce que le nombre des noviciats établis dans cette région est encore très restreint. Les vocations qui surgissent sont donc moins attirées vers des communautés différentes ;
3° Parce que les archevêques et évêques des grands centres de la province de Québec [n'ont pu] accueillir les Sœurs de Saint-Paul en 1930 ;
4° Parce que l’honneur et la reconnaissance s’opposent à ce que la Communauté oublie l’accueil paternel et généreux reçu de la part de M. le curé Veilleux, à Sainte-Anne, et de Mgr Ross, évêque de Gaspé ;
5° Parce que les autorités civiles et politiques canadiennes se plaignent du trop grand nombre de communautés et de leur accaparement matériel dans les grandes villes… »

Ainsi, le 25 janvier 1932, deux premières gaspésiennes, Berthe Pelletier et Annette Poitras, originaires de Sainte-Anne-des-Monts, se présentent comme postulantes au noviciat. Six postulantes se présentent à nouveau à l’été 1932, dont la sœur d’une des premières novices, Laurette Poitras, aujourd’hui âgée de 100 ans et vivant toujours à Sainte-Anne-des-Monts. Le 25 août 1932, les deux premières novices revêtent la livrée de Saint-Paul. À la fin de la même année, douze novices ou postulantes — dont quatre enseignantes et hospitalières —  forment le groupe des Sœurs de Saint-Paul de Chartres en Gaspésie. Appelée de la Suisse par les autorités de la Congrégation, Mère Marie-Valérie occupe parallèlement les postes de supérieure principale et de maîtresse des novices, à partir respectivement d'avril 1931 et janvier 1932.

Dès 1946, Mère Marie-Valérie expose aux autorités les besoins de la communauté et sollicite l’autorisation d’acheter un terrain afin d’ériger de nouveaux bâtiments. Il faut, dès lors « hâter le moment où le noviciat […] trouvera enfin un certain isolement, un certain silence extérieur qui fait partie de sa définition ». Ainsi, à l’été 1956, le noviciat, de même que la direction provinciale, emménagent dans la Maison Notre-Dame-de-la-Paix.

Puis, à l’heure de la Révolution tranquille et de la crise religieuse au Québec dans les années 1960, la relève diminue dans les congrégations. Les entrées devenant de moins en moins nombreuses, les Sœurs de Saint-Paul de Chartres se voient contraintes à la fermeture du noviciat vers 1995.

En 2010, la communauté des Sœurs de Saint-Paul de Chartres accueille du Vietnam quatre jeunes postulantes, quatre sœurs étudiantes et leur formatrice. Quatre postulantes vietnamiennes feront leur arrivée à Sainte-Anne-des-Monts l’année suivante. Alors que la communauté canadienne célèbre ses 80 ans de fondation en juin 2010, elle procède à la réouverture du noviciat.

Description

Les novices et leur maîtresse, 2012
© IPIR 2012, soumis à copyright

Outre le nombre de novices et leurs âges, des différences existent entre le noviciat d’autrefois et celui d’aujourd’hui. Accueillant davantage de jeunes femmes jusqu’à la fin des années 1960, le noviciat de Sainte-Anne-des-Monts forme aujourd’hui quatre novices. Alors qu’elles étaient âgées d’environ 18 ou 20 ans à l’époque à leur entrée au noviciat, les novices des Sœurs de Saint-Paul-de-Chartres sont âgées de 26, 27, 29 et 30 ans.

Étape essentiellement de formation, le noviciat s’inscrit dans un processus d’entrée dans la vie religieuse composé de plusieurs étapes : le postulat, le noviciat, la profession temporaire et le juniorat, la profession perpétuelle et les vœux. Il désigne une période de découverte et de réflexion, période nécessaire à la prise de décision personnelle d’entrer en communauté. Le droit canonique le définit ainsi : « Le noviciat, par lequel commence la vie dans l'institut, est ordonné à ce que les novices aient une meilleure connaissance de la vocation divine telle qu'elle est propre à l'institut (religieux), qu'ils fassent l'expérience du genre de vie de l'institut, qu'ils imprègnent de son esprit leur pensée et leur cœur, et que soient éprouvés leur propos et leur idonéité » (Canon 646, Code de Droit canonique). 

Le noviciat dure deux ans, l’année canonique et l'année pastorale, et peut être prolongé de six mois, tout au plus. Le noviciat étant consacré à la formation, les novices ne s’engagent pas à des études ou tâches n’y contribuant pas directement. La première année implique ainsi différentes activités et expériences faisant participer les novices à la vie et à la mission de la communauté. Elle représente, selon sœur Jean Berchmans, maîtresse des novices à Sainte-Anne-des-Monts, la clé de la vie religieuse. Les novices y suivent des cours dans un cadre particulier, propice à la réflexion et à l’assimilation des notions apprises. La seconde année se veut pour sa part une occasion pour les novices d’effectuer un stage de 2 ou 3 mois dans une paroisse. Pour la novice Marthe-Isabelle Nguyễn Thi Hoa, l’expérience s’est révélée intéressante et offre un aperçu de la vie en communauté et de la vie apostolique.

Les novices bénéficient d’une formation intégrante, laquelle se veut à la fois humaine, biblique, théologique et professionnelle. La formation religieuse offre des cours sur la prière, la vie consacrée, les vœux, la liturgie, l’Ancien et le Nouveau Testament. Les novices s’initient également aux sacrements, à l’histoire de la Congrégation et au Livre de vie (les constitutions). La formation intègre par ailleurs la spiritualité, la maturité affective, la croissance personnelle. Marquant davantage l’entrée dans la vie religieuse, ces cours côtoient néanmoins ceux de tricot, de danse et de musique. Outre cette formation au noviciat, sœur Jean Berchmans s’attache à transmettre aux jeunes femmes le charisme de la communauté, de même que des valeurs telles la liberté, la vérité, le respect, la confiance, l’accueil, la charité, la fraternité. À Sainte-Anne-des-Monts, les novices, d’origine vietnamienne, bénéficient aussi de cours de français.

Apprentissage et transmission

Nouvel an vietnamien célébré à la maison provinciale
© IPIR 2012, soumis à copyright

Localisation

Municipalité: Sainte-Anne-des-Monts
Région administrative: 11 Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Lieu: Maison provinciale des Soeurs de Saint-Paul de Chartres, 255, rue du Domaine-Saint-Paul, Saint-Anne-des-Monts, G4V 2G3
Téléphone: 418-763-2231
Site Web: http://www.stpaulrome.com/fr-canada.html

Source

Marthe-Isabelle Nguyễn Thi Hoa, soeur Jean Berchmans et soeur Albertine Johnson
Lien avec la pratique : Suite à l’appel de Mère Myriam, supérieure générale de la congrégation, Marthe-Isabelle Nguyễn Thi Hoa s’établit au Québec en janvier 2010 afin de compléter son noviciat. À l’arrivée de quatre novices vietnamiennes, les Sœurs de Saint-Paul de Chartres procéderont à la réouverture du noviciat de Sainte-Anne-des-Monts en juin 2010. Marthe-Isabelle Nguyễn Thi Hoa termine présentement la deuxième année du noviciat et souhaite, éventuellement, travailler en pastorale. Suite à la complétion d’un noviciat international et des étapes d’entrée à la vie religieuse, sœur Jean Berchmans se consacre à l’enseignement et à la catéchèse. D’origine vietnamienne, elle arrive au Québec en janvier 2010, accompagnée de quatre novices. Depuis juin 2010, elle les guide en remplissant son rôle de maîtresse des novices. Sœur Albertine Johnson, quant à elle, connaît bien le premier noviciat de Sainte-Anne-des Monts, situé près de l’Hôpital Sainte-Anne. Elle est y formée, de 1942 à 1944, avant d’y travailler comme sous-maîtresse des novices de 1949 à 1957, accompagnant au quotidien les jeunes femmes.

Enquêteurs : Marjolaine Boutin, Valérie Vachon-Bellavance
Date d'entrevue : 24 janvier 2012, 26 janvier 2012